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L'aérolithe d'Ensisheim (68) tombé du ciel en 1492
Sam 18 Aoû 2012, 17:34
Puisque l'on relate dans ces pages le cas historique d'une météorite tombée à proximité de Paris, j'évoque ici le cas d'un aérolithe tombé au XVème siècle dont la chute avec grand bruit ce fit entendre en Allemagne et Suisse centrale toutes proches, en Bourgogne ainsi qu'en Lorraine, ne m'accusez pas de faire dans le régionalisme...
Vous verrez plus loin et dans le contexte de l'époque que ce que l'on y évoque est interressant...
"Le 7 novembre 1492, entre onze heures et midi, on entendit un coup de tonnerre terrifiant, suivi d'un bruit prolongé, ressemblant assez à celui que produiraient des milliers de coups de fusil retentissant au loin. Les chroniqueurs ajoutent que ce grand coup de tonnerre fut entendu en écho jusqu'en Suisse centrale, en Lorraine et en Bourgogne.
Dans le voisinage d'Ensisheim, un aérolithe venait de s'abattre au pied d'un verger dans le lieu-dit appelé "Oberfeld" (sur la route de Battenheim), où elle s'enfonçait d'un mètre, non loin de l'entrée supérieure des Zollhaüser (octrois). Et seul un mouton fut blessé !
La proie des curieux...
Un grand nombre de curieux y accoururent et la météorite pierreuse (avoisinant les 130 kg) fut déterrée. Ils se jetèrent dessus et la mutilèrent fortement, croyances en vertus divines obligeaient ! Il fallu l'intervention énergique d’un haut notable pour mettre fin à ce véritable acte de vandalisme. Il fit transporter ce gros bloc de pierre au château des Habsbourg en attendant l'arrivée de Maximilien 1er (1459 – 1519), archiduc d'Autriche et futur empereur des Romains (1508).
Un signe du ciel ?
Une quinzaine de jours plus tard (23 novembre 1492), Maximilien et toute sa cour était à Ensisheim. Il s'en fit donner deux morceaux, puis il fit cadeau de l'aérolithe à la ville et ordonna au magistrat de le suspendre dans l'église paroissiale, en interdisant de la toucher.
Une vieille inscription qu'on y avait attachée portait : "De hoc lapide multi multa, omnes aliquid, nema satis" (beaucoup ont parlé de cette pierre, tous ont dit quelque chose, personne n'en a dit assez).
Puis, plus tard, une autre inscription en latin, français et allemand. La traduction française disait ceci : "En deux mois, on a vu deux prodiges divers : dans l'un tomba du ciel cette pierre effroyable. Et l'on vit au suivant, trois soleils dans les airs. C'est ainsi que le ciel, aux mortels, par un penchant secret, dans sa juste fureur, se plaît à nous montrer des traits de sa douceur. Cette pierre tomba du ciel le 7 novembre 1492" !
Quant à l'archiduc, en conflit avec la France pour la possession des pays antérieurs, à partir de la chute de la pierre céleste, le sort des armes semblait le favoriser. Maximilien 1er vit ouvrir les portes bourguignonnes avant de signer la paix de Senlis.
Lors de la guerre de Hollande (1672 – 1678), les troupes impériales envahirent l'Alsace. Fin 1674, le vicomte de Turenne passa la veille de la bataille de Turckheim à Ensisheim (5 janvier 1675). Il semblerait que lui aussi ait allégé quelque peu la météorite. Afin de conjurer le sort ou simple prémonition ? Toujours est-il qu'il bat les troupes de l'empereur après une longue bataille. Après avoir forcé les ennemis à repasser le Rhin, et après plusieurs habiles manœuvres, le combat allait s'engager en terre allemande, quand il fut tué par un boulet de canon près de Sasbach, dans le Grand Duché de Bade, en juillet suivant.
"La Pierre du Tonnerre".
Concernant cette première météorite à avoir été recueillie et conservée dans le monde occidental, Jean-Daniel Schoepflin (1694 – 1771), professeur d'histoire et d'éloquence, rapportait dans son Histoire par ordre de seigneuries, des villes et villages et hameaux de la Haute Alsace que la "substance de cette "Pierre du Tonnerre" est insipide, inodore, tirant sur le noir, écailleuse, veinée de blanc et parsemée de grains blancs resplendissants, de nature minérale. Sa dureté est telle qu'en la frappant avec de l'acier, il en jaillit des étincelles. Sa matière rougit au feu et, éteinte dans l'eau, tombe facilement en poudre. En y répandant de l'huile de vitriol, il ne se manifeste ni ébullition, ni solution, mais une odeur de souffre. La raison résiste à croire qu'une telle masse ait pu être produite et portée dans l'air, elle ne peut être attribuée à la foudre, car elle contient une argile qui résiste à toute chaleur, et ne porte d'ailleurs aucune empreinte de fusion. Les chimistes n'y trouvent qu'une substance fossile pareille à celle de toutes les glèbes métalliques qui s'engendrent sous terre" …
Une analyse chimique avait été faite et présentait le résultat suivant :
silice : 42
alumine : 17
chaux : 2
magnésie : 14
fer : 20
souffre : 2
Les 3 parties manquantes avaient été absorbées par l'action de l'analyse.
Mutilée par les hôtes d'Ensisheim.
La réputation de la pierre étrange était si grande qu'il ne passait pas un grand personnage dans la région sans qu'on lui offrit une parcelle de cette pierre tombée du ciel. Et ce depuis Charles Quint, petit-fils de Maximilien 1er, jusqu'aux chefs des armées alliées lors de l'invasion de 1814 et 1815.
De plus, de nombreux fragments ont été dispersés dans le monde entier, entre autres : 8 kg à Paris (Muséum d'Histoire Naturelle), Londres (British Muséum), Vienne, St-Petersbourg …
Pendant la grande révolution, la météorite fut transportée en l'An III (1795) à Colmar, mais peu de temps après (1805) restituée à Ensisheim et reprit sa place jusqu'en octobre 1881 avant d'être transférée dans le bel Hôtel de Ville, après un voyage à Guebwiller au congrès des géographes Haut-Rhinois. La pierre ne pesait alors plus que 55 kg.
A la suite des opérations militaires de la fin du second conflit mondial, on la plaça provisoirement à la mairie actuelle, l'Hôtel de Ville ayant été atteint par des bombardements.
Elle est aujourd’hui conservée au Palais de la Régence à Ensisheim et est gardée par la confrérie St Georges des Gardiens de la Météorite d’Ensisheim. Cette confrérie réunit chaque année, en juin, les passionnés de ces pierres célestes lors d’une bourse d’échanges remarquable. Les collectionneurs et chasseurs de météorites du monde entier s’y retrouvent."
Source: Curiosités d'Alsace, première année, 1861-1862.
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Vous verrez plus loin et dans le contexte de l'époque que ce que l'on y évoque est interressant...
"Le 7 novembre 1492, entre onze heures et midi, on entendit un coup de tonnerre terrifiant, suivi d'un bruit prolongé, ressemblant assez à celui que produiraient des milliers de coups de fusil retentissant au loin. Les chroniqueurs ajoutent que ce grand coup de tonnerre fut entendu en écho jusqu'en Suisse centrale, en Lorraine et en Bourgogne.
Dans le voisinage d'Ensisheim, un aérolithe venait de s'abattre au pied d'un verger dans le lieu-dit appelé "Oberfeld" (sur la route de Battenheim), où elle s'enfonçait d'un mètre, non loin de l'entrée supérieure des Zollhaüser (octrois). Et seul un mouton fut blessé !
La proie des curieux...
Un grand nombre de curieux y accoururent et la météorite pierreuse (avoisinant les 130 kg) fut déterrée. Ils se jetèrent dessus et la mutilèrent fortement, croyances en vertus divines obligeaient ! Il fallu l'intervention énergique d’un haut notable pour mettre fin à ce véritable acte de vandalisme. Il fit transporter ce gros bloc de pierre au château des Habsbourg en attendant l'arrivée de Maximilien 1er (1459 – 1519), archiduc d'Autriche et futur empereur des Romains (1508).
Un signe du ciel ?
Une quinzaine de jours plus tard (23 novembre 1492), Maximilien et toute sa cour était à Ensisheim. Il s'en fit donner deux morceaux, puis il fit cadeau de l'aérolithe à la ville et ordonna au magistrat de le suspendre dans l'église paroissiale, en interdisant de la toucher.
Une vieille inscription qu'on y avait attachée portait : "De hoc lapide multi multa, omnes aliquid, nema satis" (beaucoup ont parlé de cette pierre, tous ont dit quelque chose, personne n'en a dit assez).
Puis, plus tard, une autre inscription en latin, français et allemand. La traduction française disait ceci : "En deux mois, on a vu deux prodiges divers : dans l'un tomba du ciel cette pierre effroyable. Et l'on vit au suivant, trois soleils dans les airs. C'est ainsi que le ciel, aux mortels, par un penchant secret, dans sa juste fureur, se plaît à nous montrer des traits de sa douceur. Cette pierre tomba du ciel le 7 novembre 1492" !
Quant à l'archiduc, en conflit avec la France pour la possession des pays antérieurs, à partir de la chute de la pierre céleste, le sort des armes semblait le favoriser. Maximilien 1er vit ouvrir les portes bourguignonnes avant de signer la paix de Senlis.
Lors de la guerre de Hollande (1672 – 1678), les troupes impériales envahirent l'Alsace. Fin 1674, le vicomte de Turenne passa la veille de la bataille de Turckheim à Ensisheim (5 janvier 1675). Il semblerait que lui aussi ait allégé quelque peu la météorite. Afin de conjurer le sort ou simple prémonition ? Toujours est-il qu'il bat les troupes de l'empereur après une longue bataille. Après avoir forcé les ennemis à repasser le Rhin, et après plusieurs habiles manœuvres, le combat allait s'engager en terre allemande, quand il fut tué par un boulet de canon près de Sasbach, dans le Grand Duché de Bade, en juillet suivant.
"La Pierre du Tonnerre".
Concernant cette première météorite à avoir été recueillie et conservée dans le monde occidental, Jean-Daniel Schoepflin (1694 – 1771), professeur d'histoire et d'éloquence, rapportait dans son Histoire par ordre de seigneuries, des villes et villages et hameaux de la Haute Alsace que la "substance de cette "Pierre du Tonnerre" est insipide, inodore, tirant sur le noir, écailleuse, veinée de blanc et parsemée de grains blancs resplendissants, de nature minérale. Sa dureté est telle qu'en la frappant avec de l'acier, il en jaillit des étincelles. Sa matière rougit au feu et, éteinte dans l'eau, tombe facilement en poudre. En y répandant de l'huile de vitriol, il ne se manifeste ni ébullition, ni solution, mais une odeur de souffre. La raison résiste à croire qu'une telle masse ait pu être produite et portée dans l'air, elle ne peut être attribuée à la foudre, car elle contient une argile qui résiste à toute chaleur, et ne porte d'ailleurs aucune empreinte de fusion. Les chimistes n'y trouvent qu'une substance fossile pareille à celle de toutes les glèbes métalliques qui s'engendrent sous terre" …
Une analyse chimique avait été faite et présentait le résultat suivant :
silice : 42
alumine : 17
chaux : 2
magnésie : 14
fer : 20
souffre : 2
Les 3 parties manquantes avaient été absorbées par l'action de l'analyse.
Mutilée par les hôtes d'Ensisheim.
La réputation de la pierre étrange était si grande qu'il ne passait pas un grand personnage dans la région sans qu'on lui offrit une parcelle de cette pierre tombée du ciel. Et ce depuis Charles Quint, petit-fils de Maximilien 1er, jusqu'aux chefs des armées alliées lors de l'invasion de 1814 et 1815.
De plus, de nombreux fragments ont été dispersés dans le monde entier, entre autres : 8 kg à Paris (Muséum d'Histoire Naturelle), Londres (British Muséum), Vienne, St-Petersbourg …
Pendant la grande révolution, la météorite fut transportée en l'An III (1795) à Colmar, mais peu de temps après (1805) restituée à Ensisheim et reprit sa place jusqu'en octobre 1881 avant d'être transférée dans le bel Hôtel de Ville, après un voyage à Guebwiller au congrès des géographes Haut-Rhinois. La pierre ne pesait alors plus que 55 kg.
A la suite des opérations militaires de la fin du second conflit mondial, on la plaça provisoirement à la mairie actuelle, l'Hôtel de Ville ayant été atteint par des bombardements.
Elle est aujourd’hui conservée au Palais de la Régence à Ensisheim et est gardée par la confrérie St Georges des Gardiens de la Météorite d’Ensisheim. Cette confrérie réunit chaque année, en juin, les passionnés de ces pierres célestes lors d’une bourse d’échanges remarquable. Les collectionneurs et chasseurs de météorites du monde entier s’y retrouvent."
Source: Curiosités d'Alsace, première année, 1861-1862.
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Re: L'aérolithe d'Ensisheim (68) tombé du ciel en 1492
Dim 19 Aoû 2012, 22:26
Bonsoir et merci de la petite histoire Polyèdre,
Effectivement, c'est une petite visite sympathique à faire pour les gens qui passeraient par Ensisheim (sur la route entre Mulhouse et Colmar).
J'ai quelques souvenirs sympa de cette visite.
Agrandir le plan
Un petite photo pour illustrer ça :
Source : http://www.ville-ensisheim.fr/site/p_patrimoine.html
Cordialement.
Effectivement, c'est une petite visite sympathique à faire pour les gens qui passeraient par Ensisheim (sur la route entre Mulhouse et Colmar).
J'ai quelques souvenirs sympa de cette visite.
Agrandir le plan
Un petite photo pour illustrer ça :
Source : http://www.ville-ensisheim.fr/site/p_patrimoine.html
Cordialement.
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Re: L'aérolithe d'Ensisheim (68) tombé du ciel en 1492
Mar 21 Aoû 2012, 17:27
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