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- CorsairF4UParticipation exceptionnelle
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Vos lectures ufologiques du moment presentation et discussions
Mer 04 Avr 2007, 19:44
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Betty et Barney Hill
Mer 04 Avr 2007, 19:56
Bonjour,
Un étude sur ce premier cas "d'abduction"
comme quoi l'ufologie ne peut être que pluridisciplinaire !
Cet ouvrage se lit comme un roman de la série noire !
Il y a bien longtemps qu'il est dans ma bibliothèque... à lire et à relire...
A lire (pour les débutants) avant J. Mack, MT Debrosse, Bud Hopkins...
Bonne lecture
Un étude sur ce premier cas "d'abduction"
comme quoi l'ufologie ne peut être que pluridisciplinaire !
Cet ouvrage se lit comme un roman de la série noire !
Il y a bien longtemps qu'il est dans ma bibliothèque... à lire et à relire...
A lire (pour les débutants) avant J. Mack, MT Debrosse, Bud Hopkins...
Bonne lecture
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Vos livres ufologiques
Jeu 05 Avr 2007, 16:09
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Un classique incontournable
Jeu 05 Avr 2007, 16:17
_______________________________________
"Ce que je sais sur les Ovnis, tiendrait sur un timbre poste..."
Aimé Michel
Cordialement CorsairF4U
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Une autre rareté
Jeu 05 Avr 2007, 16:32
Bonjour,
Je connais au moins une reédition.
L'original :
Il a écrit des textes intéressants... dont une analyse irréprochable du cas Thomas Mantel...
Sur Cergy, il a fondu les plombs...!
Mais dans les débuts.. un bon ufologue avec la revue Ouranos...
Même si je l'ai descendu en flamme lors d'une conférence...il y a de cela 25ans...
Il a quand même fait du bon travail !
En son temps...
@+
Je connais au moins une reédition.
L'original :
Il a écrit des textes intéressants... dont une analyse irréprochable du cas Thomas Mantel...
Sur Cergy, il a fondu les plombs...!
Mais dans les débuts.. un bon ufologue avec la revue Ouranos...
Même si je l'ai descendu en flamme lors d'une conférence...il y a de cela 25ans...
Il a quand même fait du bon travail !
En son temps...
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Cordialement CorsairF4U
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Et maintenant...une BD !
Jeu 05 Avr 2007, 16:41
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Cordialement CorsairF4U
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Re: Vos lectures ufologiques du moment presentation et discussions
Sam 22 Déc 2007, 19:01
c'est une photo de soleil couchant. Ce qui est un peu paradoxal vu le titre.
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Re: Vos lectures ufologiques du moment presentation et discussions
Mar 25 Déc 2007, 07:39
Oui, c'est épatant. Grand scénariste de BD et grand dessinateur. il y a 3 autres volumes édités par Dargaud et le plus intéressant est que, au moins pour les cas français, ils ne se sont pas contentés de compiler les récits des autres. Ils sont allés sur le terrain et ont rencontré les témoins. Mais ils datent des années 70 et sont malheureusement introuvables aujourd'hui.
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Deux ouvrages pour un enquêteur
Mar 08 Jan 2008, 18:07
Deux ouvrages pour un enquêteur
Observer le phénomène ovni avec méthode, c’est possible.
dimanche 19 juin 2005, par Jérôme Beau
Les « vrais » enquêteurs, ceux qui n’hésitent pas à se salir les chaussures sur le terrain, se font rares ; les "anciens" de l’ufologie, qui ont connu l’âge d’or des années 1970, le déplorent. S’il est sûrement justifié de reprocher aux "webufologues" d’aujourd’hui de manquer de cette expérience indispensable du contact direct avec les témoins [1], on ne peut certainement pas généraliser la critique à l’ensemble des ufologues les plus réputés de l’histoire, encore courte, de l’étude des ovnis. Un certain nombre de ces derniers ont intégré, souligné, et parfois même initié l’intérêt pour l’ufologue d’une connaissance approfondie de mécanismes aussi divers que ceux de la perception, de l’astronomie, de l’optique ou de la psychologie nécessaires à toute enquête digne de ce nom. Ceux-ci ont laissé un héritage ; en voici deux précieux exemples.
Observing UFOs
Richard Haines est ingénieur en aéronautique, doublé d’un psychologue diplômé. Il a travaillé pour la NASA, en tant que spécialiste des études sur les capacités visuelles, puis comme enquêteur pour l’Administration Fédérale de l’Aviation (FAA) aux Etats-Unis, officiant dans de nombreuses enquêtes sur des crashes d’avions, et comme conseiller sur plusieurs projets de modernisation des standards aéronautiques.
Il a mis ses compétences au service d’organisations (APRO), d’enquêtes (Costa Rica en 1971, Vancouver en 1981) et d’études ufologiques (Pocantico en 1997) avec une rigueur et un sérieux qui ont fait sa réputation. Il est actuellement directeur scientifique du NARCAP, une organisation visant à répertorier les phénomènes non identifiés dans le domaine de l’aviation.
Lorsque Haines entreprend d’écrire Observing UFOs à la fin des années 1970, une époque charnière de l’ufologie, il part d’un principe simple : on peut en apprendre beaucoup plus sur les ovnis si l’on comprend mieux les capacités et les limitations de notre propre perception. Les témoignages, qui constituent la principale source de données de toutes recherches en la matière, ne doivent évidemment pas être admis sous leur forme brute, mais à travers la connaissance de l’instrument subtil et complexe que nous sommes [2]. Un astronome, un physicien ni aucun autre scientifique faisant de la science observationnelle ne ferait pas plus l’économie de la connaissance des limitations et déformations de ses instruments, ni de la manière dont il faut les inclure dans leurs interprétations. En l’occurrence, Haines, fort de sa triple expérience en perception, aéronautique et ufologie, semble particulièrement bien placé pour nous guider dans cette exploration.
Les données du problème
Parmi les nombreux défis à relever, arrive en premier lieu la variabilité de la perception visuelle chez chacun. Il est rare que deux témoins observant le même phénomène décrivent exactement la même chose [3], pour une multitude de raisons, des capacités visuelles du témoin jusqu’à la nature du phénomène lui-même (sa fugacité par exemple), sans oublier les conditions d’observation.
La mémoire ensuite, joue elle aussi un rôle prépondérant dans l’observation, dans la mesure où c’est elle qui va fournir au témoin ses points de repère pour une première analyse. « A quoi cela ressemble-t-il ? » est sans doute la première question inconsciente que se pose tout témoin. Le fait que l’interprétation d’un stimulus visuel se fasse toujours par comparaison, et jamais dans l’absolu - « Ce qui est absolument incomparable est entièrement incompréhensible » disait Buffon [4] - est loin d’être neutre, et un argument en faveur de la formation des témoins. Ce n’est cependant pas là le seul biais de la mémoire, qui peut être affectée par une sélectivité (sélectionner ou écarter une interprétation plutôt qu’une autre) ou tout simplement une sensibilité au temps qui passe.
Cependant, le biais le plus gênant reste sans doute celui de la retranscription : non seulement le témoin aura une grande difficulté à exprimer son vécu à travers des mots (d’autant plus si le phénomène est extraordinaire et ne trouve pas de repères adéquats auxquels se comparer), mais il sera encore plus difficile pour un tiers de saisir de manière fidèle l’expérience du témoin [5]. Le problème trouve alors toute sa dimension lorsque ces données recueillies devraient prétendre à une évaluation de la fiabilité du témoin et de son témoignage, filtrées encore et encore à travers les inévitables traductions, interprétations et déformations des enquêtes aux intentions les plus honnêtes, et de leurs exploitations ultérieures [6].
Pour Haines, ces problèmes nous enseignent que l’évaluation d’un témoignage nécessite beaucoup plus de données que l’on en recueille généralement, y compris celles dépassant le cadre de notre intérêt immédiat. Parce que « nous restons confrontés à un phénomène dont nous ne connaissons pratiquement rien, nous ne devons gâcher aucune occasion de recueillir autant d’informations observationnelles fiables que possible ». En un mot, si l’on veut un jour trouver la formule de l’équation des ovnis, n’hésitons pas à relever autant de variables que possibles. On ne peut cependant nier que leur accumulation, si elle est indispensable, représente cependant un risque supplémentaire pour la fiabilité. Elle implique donc une méthode plus rigoureuse, à laquelle sera soumise non seulement le témoin et son témoignage, mais aussi l’enquêteur et son enquête.
Recueillir
Dans sa proposition de réponse aux problèmes posés, Haines élabore un protocole d’interrogation du témoin. On y retrouve des étapes classiques de l’enquête ufologique, tels le recoupement d’un témoignage écrit par un formulaire codifié, mais aussi d’autres techniques plus originales et plus sophistiquées : non seulement le témoin est invité à dessiner librement ce qu’il a vu mais à reconnaître certains aspects de son observation parmi une liste de propositions qui sont autant de nouveaux repères. Haines va cependant plus loin que la grille « d’ovnis typiques » de Shepard (comme un album photo où il faudrait retrouver l’assassin) en proposant une série de caractéristiques visuelles (portions de forme, aspects de surface, etc.) permettant de constituer un véritable « portrait-robot visuel », de ce qui a été observé. Il y joint enfin une codification des éléments permettant de synthétiser la description du phénomène en un code unique (« T1B1 » désigne par exemple un cercle parfait, alors que « T11M10 » désigne une forme plus complexe que peu de gens se risqueraient à décrire objectivement avec leurs seuls mots). L’idée est donc bien, pour obtenir une retranscription plus fidèle du témoignage, de se reportez à la grille de lecture de Haines, qui fait fi des descriptions intermédiaires.
On s’aperçoit donc qu’avec son portrait-robot visuel, non seulement Haines comble un manque (il complète par un « formulaire visuel » le parallèle au techniques textuelles), mais augmente la fiabilité en suscitant les mécanismes de reconnaissance plutôt que de reconstruction à partir du vide. L’aspect formulaire permet en outre, comme pour le textuel, une approche d’interview complémentaire permettant de s’assurer une couverture minimale des informations à recueillir (pas de questions oubliées), une facilitation du traitement automatisé (les statistiques sur les dessins étaient soient impossibles soit trop simplistes) et une réduction de la subjectivité (questions/réponses prédéfinies).
Valider
De fait, « fiable » n’est pas un vain mot chez Haines, qui s’évertue à faire vérification et contre-vérification de tout ce qui peut l’être. Le témoin d’abord qui, contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’est pas susceptible de décrire n’importe quel phénomène. Un être humain est aussi un instrument qui a ses limites, et il faudra se méfier de celui qui vous relatera quelque chose qu’il ne se sait pas incapable d’appréhender (par exemple l’œil humain ne peut pas détecter le déplacement d’un objet lumineux à une vitesse angulaire de 3 à 5 mn d’arc par seconde).
Le portrait-robot visuel, avec son niveau de fidélité - et donc de fiabilité - supérieur constitue bien sûr un moyen supplémentaire de recouper l’info, mais Haines ne jette pas aux orties les déclarations libres pour autant. Pour elles aussi, il propose diverses méthodes d’analyse : par exemple, au contraire de formulaires, qu’ils soient textuels ou visuels, il est normal - et attendu - de trouver dans de telles déclarations des aspects subjectifs. En fait, c’est le contraire qui serait suspect. Les enchaînements dans le récit, son homogénéité, sa relation à la compétence du témoin sont autant de critères que Haines propose d’examiner pour évaluer la fiabilité des récits, exemple à l’appui.
Mais quelle valeur auraient ces éléments directement issus du témoin, si l’enquête elle-même comportait des erreurs ou était biaisée ? Comme le témoignage, elle doit elle aussi faire l’objet d’un contrôle : l’enquêteur doit vérifier la cohérence des données qu’il a recueillies, en recoupant les éléments écrits, dits, observés, dessinés et mesurés.
Corriger
Il s’agit ensuite pour Haines de montrer comment, une fois les données recueillies et fiabilisées, on peut les corriger et les relativiser en fonction de nombre de paramètres, à commencer par l’observateur lui-même : « Après son observation, faites passer des tests au témoin et vous en apprendrez plus sur son observation », dit-il. Les capacités d’observation du témoin vont en effet constituer une partie non négligeable de notre référentiel d’interprétation. A cet effet, Haines répond à nombre de questions pratiques : comment évaluer des mesures angulaires correctes ? Comment relativiser les estimations de vitesse, de taille ? Quelles formes réelles peuvent se cacher derrière des formes apparentes ? Et ainsi de suite. A chaque fois, des explications, émaillées de recommandations : « demandez au témoin combien de temps il est resté dans le noir avant de faire son observation », « évitez des mesures en termes absolus », attention aux observations en périphérie de l’oeil, etc. Un conseil pour chaque erreur potentielle.
Apprendre
S’ensuit alors un considérable panorama des mécanismes de l’observation, et de leurs écueils souvent méconnus. Haines rappelle et montre comment, même sans aucun phénomène extraordinaire, la perception peut sembler extraordinaire. Dans diverses circonstances n’impliquant pas d’ovnis, des objets peuvent sembler disparaître soudainement. Quelles questions faut-il se poser ? Combien de media interviennent-ils dans cette observation ? Quel rôle chacun peut-il jouer dans celle-ci ? N’en a-t-on pas oublié ? [7]
Peut-être la plus grande surprise du livre de Haines réside-t-elle dans le nombre de réponses à ces questions, improbables tant on n’imaginait pas qu’un jour quelqu’un puisse aller chercher la réponse : « A quel point la perception de forme, taille, couleur d’un objet peut-elle être influencée par sa luminosité ? », « Quelle sensibilité lumineuse pour un témoin resté dans le noir 20 mn ? 5 mn ? 1 h ? ». Tout est livré ici, souvent à l’appui de références externes, élaborées hors de tout contexte ufologique (souvent anciennes il est vrai), et graphiques à l’appui. Haines n’en finit par d’enchaîner toutes les pistes qu’il connaît : la vision-même du témoin, le fait que des objets puissent apparaître là où ils ne sont pas (réfraction typiquement), l’activité du témoin avant son observation peut jouer sur sa perception (temps d’adaptation de l’œil à la luminosité), etc.
Observing UFOs est un livre de référence. Il pourrait être le manuel d’un cours de « sciences de l’observation » si un cours d’ufologie existait. Comme devrait l’être un tel cours, il est neutre, se bornant à livrer une connaissance et des méthodes.
Mais Haines serait-il « sceptique » ? Chercherait-il derrière toutes ses précautions, ces cas « aux limites », à montrer que les observations ovnis sont autant d’erreurs probables ou de circonstances exceptionnelles ? Malgré ses nombreux travaux concluant parfois à l’inexplicabilité de certaines photos ou observations, Haines est sûrement le sceptique de quelqu’un - nous le sommes tous. Pour les autres, il sera un scientifique qui se borne à envisager toutes les hypothèses dans l’analyse d’une observation. Il le fait à l’aune de ses connaissances considérables, des outils qu’il choisit de partager.
C’est un livre qui ne se lit pas forcément d’une traite, pas plus qu’on ne lirait un manuel scolaire ou une encyclopédie de la perception. Parfois très technique et d’un niveau élevé, s’il pourra rebuter de prime abord les lecteurs non familiers de la physique ou de l’optique, peu pourront au final se targuer de n’avoir rien appris. L’assimilation des connaissances qu’il contient permet de valider, corriger et comprendre nombre d’observations, et premier lieu que le témoignage brut n’est que la première de l’édifice d’un enquêteur. Observing UFOs loin de résoudre le mystère des ovnis, offre des outils pour l’affronter. Reste un autre mystère : celui de la raison pour laquelle son travail reste toujours, aujourd’hui, si peu exploité.
The UFO Handbook
Allan Hendry a été chef enquêteur pour le CUFOS, une des trois plus grandes organisations ufologiques des Etats-Unis. Il a écrit de nombreux articles pour la revue de ce groupement, l’International UFO Reporter, dont il a été rédacteur en chef. Parmi ses diverses expériences, Hendry a été responsable de la ligne téléphonique gratuite mise en place par le CUFOS pour recevoir les rapports d’ovnis signalés aux forces de l’ordre.
De l’intérêt des OVIs
De la base de données des signalements enregistrés - plus de 1300 cas - Hendry a identifié 88,6 % des cas. Il constate qu’ils partagent nombre de points communs avec les non identifiés : ils émanent des mêmes sources, sont rapportés pour les mêmes raisons. Ces caractéristiques communes et la proportion écrasante des OVI l’amènent à une première réflexion : on n’apprendra pas grand-chose des ovnis si l’on ne s’intéresse qu’aux non identifiés. Il ne s’agit pas de réduire a priori les ovnis aux OVIs, mais de ne pas négliger « l’échantillon témoin » que constituent ces derniers, dont ils s’agit justement de trouver les différences avec les non identifiés.
Le ton et la qualité du discours sont donnés dès les premières pages, notamment à travers la courte mais magistrale synthèse de la question intitulée The total UFO phenomenon. Les faits sont là : les observations d’ovnis existent bel et bien - mais beaucoup sont en fait identifiables - elles sont massives, globales, leur variété - sûrement trop grande pour une solution unique - implique une approche pluridisciplinaire - et exclut au passage d’envisager l’ufologie comme une science. Etudier les rapports sans a priori, c’est aussi ne pas considérer les phénomènes rapportés comme étant forcément des objets, et a fortiori dans le cadre systématique d’un cliché extraterrestre.
Observer le phénomène ovni avec méthode, c’est possible.
dimanche 19 juin 2005, par Jérôme Beau
Les « vrais » enquêteurs, ceux qui n’hésitent pas à se salir les chaussures sur le terrain, se font rares ; les "anciens" de l’ufologie, qui ont connu l’âge d’or des années 1970, le déplorent. S’il est sûrement justifié de reprocher aux "webufologues" d’aujourd’hui de manquer de cette expérience indispensable du contact direct avec les témoins [1], on ne peut certainement pas généraliser la critique à l’ensemble des ufologues les plus réputés de l’histoire, encore courte, de l’étude des ovnis. Un certain nombre de ces derniers ont intégré, souligné, et parfois même initié l’intérêt pour l’ufologue d’une connaissance approfondie de mécanismes aussi divers que ceux de la perception, de l’astronomie, de l’optique ou de la psychologie nécessaires à toute enquête digne de ce nom. Ceux-ci ont laissé un héritage ; en voici deux précieux exemples.
Observing UFOs
Richard Haines est ingénieur en aéronautique, doublé d’un psychologue diplômé. Il a travaillé pour la NASA, en tant que spécialiste des études sur les capacités visuelles, puis comme enquêteur pour l’Administration Fédérale de l’Aviation (FAA) aux Etats-Unis, officiant dans de nombreuses enquêtes sur des crashes d’avions, et comme conseiller sur plusieurs projets de modernisation des standards aéronautiques.
Il a mis ses compétences au service d’organisations (APRO), d’enquêtes (Costa Rica en 1971, Vancouver en 1981) et d’études ufologiques (Pocantico en 1997) avec une rigueur et un sérieux qui ont fait sa réputation. Il est actuellement directeur scientifique du NARCAP, une organisation visant à répertorier les phénomènes non identifiés dans le domaine de l’aviation.
Lorsque Haines entreprend d’écrire Observing UFOs à la fin des années 1970, une époque charnière de l’ufologie, il part d’un principe simple : on peut en apprendre beaucoup plus sur les ovnis si l’on comprend mieux les capacités et les limitations de notre propre perception. Les témoignages, qui constituent la principale source de données de toutes recherches en la matière, ne doivent évidemment pas être admis sous leur forme brute, mais à travers la connaissance de l’instrument subtil et complexe que nous sommes [2]. Un astronome, un physicien ni aucun autre scientifique faisant de la science observationnelle ne ferait pas plus l’économie de la connaissance des limitations et déformations de ses instruments, ni de la manière dont il faut les inclure dans leurs interprétations. En l’occurrence, Haines, fort de sa triple expérience en perception, aéronautique et ufologie, semble particulièrement bien placé pour nous guider dans cette exploration.
Les données du problème
Parmi les nombreux défis à relever, arrive en premier lieu la variabilité de la perception visuelle chez chacun. Il est rare que deux témoins observant le même phénomène décrivent exactement la même chose [3], pour une multitude de raisons, des capacités visuelles du témoin jusqu’à la nature du phénomène lui-même (sa fugacité par exemple), sans oublier les conditions d’observation.
La mémoire ensuite, joue elle aussi un rôle prépondérant dans l’observation, dans la mesure où c’est elle qui va fournir au témoin ses points de repère pour une première analyse. « A quoi cela ressemble-t-il ? » est sans doute la première question inconsciente que se pose tout témoin. Le fait que l’interprétation d’un stimulus visuel se fasse toujours par comparaison, et jamais dans l’absolu - « Ce qui est absolument incomparable est entièrement incompréhensible » disait Buffon [4] - est loin d’être neutre, et un argument en faveur de la formation des témoins. Ce n’est cependant pas là le seul biais de la mémoire, qui peut être affectée par une sélectivité (sélectionner ou écarter une interprétation plutôt qu’une autre) ou tout simplement une sensibilité au temps qui passe.
Cependant, le biais le plus gênant reste sans doute celui de la retranscription : non seulement le témoin aura une grande difficulté à exprimer son vécu à travers des mots (d’autant plus si le phénomène est extraordinaire et ne trouve pas de repères adéquats auxquels se comparer), mais il sera encore plus difficile pour un tiers de saisir de manière fidèle l’expérience du témoin [5]. Le problème trouve alors toute sa dimension lorsque ces données recueillies devraient prétendre à une évaluation de la fiabilité du témoin et de son témoignage, filtrées encore et encore à travers les inévitables traductions, interprétations et déformations des enquêtes aux intentions les plus honnêtes, et de leurs exploitations ultérieures [6].
Pour Haines, ces problèmes nous enseignent que l’évaluation d’un témoignage nécessite beaucoup plus de données que l’on en recueille généralement, y compris celles dépassant le cadre de notre intérêt immédiat. Parce que « nous restons confrontés à un phénomène dont nous ne connaissons pratiquement rien, nous ne devons gâcher aucune occasion de recueillir autant d’informations observationnelles fiables que possible ». En un mot, si l’on veut un jour trouver la formule de l’équation des ovnis, n’hésitons pas à relever autant de variables que possibles. On ne peut cependant nier que leur accumulation, si elle est indispensable, représente cependant un risque supplémentaire pour la fiabilité. Elle implique donc une méthode plus rigoureuse, à laquelle sera soumise non seulement le témoin et son témoignage, mais aussi l’enquêteur et son enquête.
Recueillir
Dans sa proposition de réponse aux problèmes posés, Haines élabore un protocole d’interrogation du témoin. On y retrouve des étapes classiques de l’enquête ufologique, tels le recoupement d’un témoignage écrit par un formulaire codifié, mais aussi d’autres techniques plus originales et plus sophistiquées : non seulement le témoin est invité à dessiner librement ce qu’il a vu mais à reconnaître certains aspects de son observation parmi une liste de propositions qui sont autant de nouveaux repères. Haines va cependant plus loin que la grille « d’ovnis typiques » de Shepard (comme un album photo où il faudrait retrouver l’assassin) en proposant une série de caractéristiques visuelles (portions de forme, aspects de surface, etc.) permettant de constituer un véritable « portrait-robot visuel », de ce qui a été observé. Il y joint enfin une codification des éléments permettant de synthétiser la description du phénomène en un code unique (« T1B1 » désigne par exemple un cercle parfait, alors que « T11M10 » désigne une forme plus complexe que peu de gens se risqueraient à décrire objectivement avec leurs seuls mots). L’idée est donc bien, pour obtenir une retranscription plus fidèle du témoignage, de se reportez à la grille de lecture de Haines, qui fait fi des descriptions intermédiaires.
On s’aperçoit donc qu’avec son portrait-robot visuel, non seulement Haines comble un manque (il complète par un « formulaire visuel » le parallèle au techniques textuelles), mais augmente la fiabilité en suscitant les mécanismes de reconnaissance plutôt que de reconstruction à partir du vide. L’aspect formulaire permet en outre, comme pour le textuel, une approche d’interview complémentaire permettant de s’assurer une couverture minimale des informations à recueillir (pas de questions oubliées), une facilitation du traitement automatisé (les statistiques sur les dessins étaient soient impossibles soit trop simplistes) et une réduction de la subjectivité (questions/réponses prédéfinies).
Valider
De fait, « fiable » n’est pas un vain mot chez Haines, qui s’évertue à faire vérification et contre-vérification de tout ce qui peut l’être. Le témoin d’abord qui, contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’est pas susceptible de décrire n’importe quel phénomène. Un être humain est aussi un instrument qui a ses limites, et il faudra se méfier de celui qui vous relatera quelque chose qu’il ne se sait pas incapable d’appréhender (par exemple l’œil humain ne peut pas détecter le déplacement d’un objet lumineux à une vitesse angulaire de 3 à 5 mn d’arc par seconde).
Le portrait-robot visuel, avec son niveau de fidélité - et donc de fiabilité - supérieur constitue bien sûr un moyen supplémentaire de recouper l’info, mais Haines ne jette pas aux orties les déclarations libres pour autant. Pour elles aussi, il propose diverses méthodes d’analyse : par exemple, au contraire de formulaires, qu’ils soient textuels ou visuels, il est normal - et attendu - de trouver dans de telles déclarations des aspects subjectifs. En fait, c’est le contraire qui serait suspect. Les enchaînements dans le récit, son homogénéité, sa relation à la compétence du témoin sont autant de critères que Haines propose d’examiner pour évaluer la fiabilité des récits, exemple à l’appui.
Mais quelle valeur auraient ces éléments directement issus du témoin, si l’enquête elle-même comportait des erreurs ou était biaisée ? Comme le témoignage, elle doit elle aussi faire l’objet d’un contrôle : l’enquêteur doit vérifier la cohérence des données qu’il a recueillies, en recoupant les éléments écrits, dits, observés, dessinés et mesurés.
Corriger
Il s’agit ensuite pour Haines de montrer comment, une fois les données recueillies et fiabilisées, on peut les corriger et les relativiser en fonction de nombre de paramètres, à commencer par l’observateur lui-même : « Après son observation, faites passer des tests au témoin et vous en apprendrez plus sur son observation », dit-il. Les capacités d’observation du témoin vont en effet constituer une partie non négligeable de notre référentiel d’interprétation. A cet effet, Haines répond à nombre de questions pratiques : comment évaluer des mesures angulaires correctes ? Comment relativiser les estimations de vitesse, de taille ? Quelles formes réelles peuvent se cacher derrière des formes apparentes ? Et ainsi de suite. A chaque fois, des explications, émaillées de recommandations : « demandez au témoin combien de temps il est resté dans le noir avant de faire son observation », « évitez des mesures en termes absolus », attention aux observations en périphérie de l’oeil, etc. Un conseil pour chaque erreur potentielle.
Apprendre
S’ensuit alors un considérable panorama des mécanismes de l’observation, et de leurs écueils souvent méconnus. Haines rappelle et montre comment, même sans aucun phénomène extraordinaire, la perception peut sembler extraordinaire. Dans diverses circonstances n’impliquant pas d’ovnis, des objets peuvent sembler disparaître soudainement. Quelles questions faut-il se poser ? Combien de media interviennent-ils dans cette observation ? Quel rôle chacun peut-il jouer dans celle-ci ? N’en a-t-on pas oublié ? [7]
Peut-être la plus grande surprise du livre de Haines réside-t-elle dans le nombre de réponses à ces questions, improbables tant on n’imaginait pas qu’un jour quelqu’un puisse aller chercher la réponse : « A quel point la perception de forme, taille, couleur d’un objet peut-elle être influencée par sa luminosité ? », « Quelle sensibilité lumineuse pour un témoin resté dans le noir 20 mn ? 5 mn ? 1 h ? ». Tout est livré ici, souvent à l’appui de références externes, élaborées hors de tout contexte ufologique (souvent anciennes il est vrai), et graphiques à l’appui. Haines n’en finit par d’enchaîner toutes les pistes qu’il connaît : la vision-même du témoin, le fait que des objets puissent apparaître là où ils ne sont pas (réfraction typiquement), l’activité du témoin avant son observation peut jouer sur sa perception (temps d’adaptation de l’œil à la luminosité), etc.
Observing UFOs est un livre de référence. Il pourrait être le manuel d’un cours de « sciences de l’observation » si un cours d’ufologie existait. Comme devrait l’être un tel cours, il est neutre, se bornant à livrer une connaissance et des méthodes.
Mais Haines serait-il « sceptique » ? Chercherait-il derrière toutes ses précautions, ces cas « aux limites », à montrer que les observations ovnis sont autant d’erreurs probables ou de circonstances exceptionnelles ? Malgré ses nombreux travaux concluant parfois à l’inexplicabilité de certaines photos ou observations, Haines est sûrement le sceptique de quelqu’un - nous le sommes tous. Pour les autres, il sera un scientifique qui se borne à envisager toutes les hypothèses dans l’analyse d’une observation. Il le fait à l’aune de ses connaissances considérables, des outils qu’il choisit de partager.
C’est un livre qui ne se lit pas forcément d’une traite, pas plus qu’on ne lirait un manuel scolaire ou une encyclopédie de la perception. Parfois très technique et d’un niveau élevé, s’il pourra rebuter de prime abord les lecteurs non familiers de la physique ou de l’optique, peu pourront au final se targuer de n’avoir rien appris. L’assimilation des connaissances qu’il contient permet de valider, corriger et comprendre nombre d’observations, et premier lieu que le témoignage brut n’est que la première de l’édifice d’un enquêteur. Observing UFOs loin de résoudre le mystère des ovnis, offre des outils pour l’affronter. Reste un autre mystère : celui de la raison pour laquelle son travail reste toujours, aujourd’hui, si peu exploité.
The UFO Handbook
Allan Hendry a été chef enquêteur pour le CUFOS, une des trois plus grandes organisations ufologiques des Etats-Unis. Il a écrit de nombreux articles pour la revue de ce groupement, l’International UFO Reporter, dont il a été rédacteur en chef. Parmi ses diverses expériences, Hendry a été responsable de la ligne téléphonique gratuite mise en place par le CUFOS pour recevoir les rapports d’ovnis signalés aux forces de l’ordre.
De l’intérêt des OVIs
De la base de données des signalements enregistrés - plus de 1300 cas - Hendry a identifié 88,6 % des cas. Il constate qu’ils partagent nombre de points communs avec les non identifiés : ils émanent des mêmes sources, sont rapportés pour les mêmes raisons. Ces caractéristiques communes et la proportion écrasante des OVI l’amènent à une première réflexion : on n’apprendra pas grand-chose des ovnis si l’on ne s’intéresse qu’aux non identifiés. Il ne s’agit pas de réduire a priori les ovnis aux OVIs, mais de ne pas négliger « l’échantillon témoin » que constituent ces derniers, dont ils s’agit justement de trouver les différences avec les non identifiés.
Le ton et la qualité du discours sont donnés dès les premières pages, notamment à travers la courte mais magistrale synthèse de la question intitulée The total UFO phenomenon. Les faits sont là : les observations d’ovnis existent bel et bien - mais beaucoup sont en fait identifiables - elles sont massives, globales, leur variété - sûrement trop grande pour une solution unique - implique une approche pluridisciplinaire - et exclut au passage d’envisager l’ufologie comme une science. Etudier les rapports sans a priori, c’est aussi ne pas considérer les phénomènes rapportés comme étant forcément des objets, et a fortiori dans le cadre systématique d’un cliché extraterrestre.
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Re: Vos lectures ufologiques du moment presentation et discussions
Mar 08 Jan 2008, 18:08
Enfin, comme Haines, Hendry rappelle le problème de base : sans outils, sans connaissance des mécanismes parfois subtils et méconnus de l’astronomie, de la physique ou des témoins eux-mêmes, nous sommes à la merci de quiconque à une bonne histoire à raconter.
L’auteur entreprend alors une étude en deux temps : avant d’évaluer la performance des témoins à les reconnaître comme tels, il présente un exposé détaillé de OVIs typiques, déclinés selon la classification de Hynek (lumières nocturnes, disque diurnes, cas radar-visuels, rencontres rapprochées). Pour chaque catégorie (y compris quelques RR2 ou RR3), Hendry donne des exemples d’identifications issus du catalogue des appels sur la ligne permanente du CUFOS. Il explique comment ils ont pu être expliqués, et la fréquence de leur signalement dans les OVIs.
Les non identifiables
Fort de son analyse des identifiés, Hendry revient ensuite au cœur du mystère : 8,6 % [8] de cas qu’il a classés lui-même comme non identifiables. Il propose une « méthode non révolutionnaire » pour s’y attaquer :
1) Considérer l’ensemble des données (ne pas jeter les 90 % d’OVIs) ;
2) Tirer les enseignement des OVIs, initialement considérés comme ovnis.
3) Catégoriser les ovnis afin d’éviter d’essayer de construire une explication à un phénomène à l’évidence trop large.
Il égrène alors chaque catégorie, lumière nocturne, disque diurne, radar-visuels, rencontres rapprochées... mais rien à faire, il n’arrive pas à distinguer ces non identifiés, faute d’informations supplémentaires, de potentiels identifiables. Pour Hendry, il n’existe que des PAN C (phénomènes non identifiables faute de données suffisantes, selon la classification du GEPAN). Il n’affirme pas qu’il doivent être réduits aux OVIs, mais simplement qu’il n’arrive pas à trouver de caractéristique (hormis l’identification) qui permette de distinguer clairement les deux catégories.
Des outils
Mais peut-être ce diagnostic est-il trop subjectif. Hendry se demande alors si, face à la la subjectivité des témoignages, des outils peuvent être de quelque secours. Que peut-on espérer de l’hypnose, de détecteurs de mensonge ? Quels sont les biais du radar ? Des statistiques [9] ?
Toutes les questions sur les outils disponibles du moment sont abordées, en profondeur, et d’autres trouvent des réponses, souvent détaillées, émaillées d’avis d’experts et d’exemples concrets. Cependant, là aussi, Hendry ne peut trancher. Chaque outil à ses biais, ou ne peut à lui seul mettre en évidence un preuve concluante d’extraordinaire.
The UFO Handbook est considéré comme l’un des meilleurs ouvrages ayant été écrit sur les ovnis. Tenants comme sceptiques s’accordent à reconnaître les qualités de son auteur. C’est un manuel nécessaire à toute personne intéressée par le sujet : enquêteurs, analystes, mais aussi témoins potentiels, dont « l’éducation observationnelle » ne pourra qu’augmenter la qualité des données futures.
Fondé sur une prise en compte du phénomène dans sa globalité, sans en faire un phénomène unique, il est en outre un moyen de faire un point objectif sur l’ensemble des approches et techniques employées à l’époque de sa parution (1979) pour appréhender ce mystère. Ses enseignements sont toujours frappés du bon sens, et quelle que soit l’opinion que l’on ait sur les ovnis, on se doit d’avoir lu cet ouvrage. Les conclusions découragées de Hendry pourront être qualifiées de sceptiques, encore une fois à tort. D’abord Hendry n’a pas de conclusion sceptique, il ne fait que dresser un constat d’échec, et le testament d’un chercheur découragé d’essayer de caractériser un phénomène qui lui échappe : « Je ne peux qu’affirmer mon sentiment qui est que certains signalements d’ovnis représentent des phénomènes vraiment remarquables... et bien que la science puisse être initiée par des sentiments, elle ne peut se fonder dessus. ».
L’investigation ufologique ne s’improvise pas
De ces deux ouvrages, on retient que l’investigation ufologique ne s’improvise pas. Il s’agit d’un travail complexe, parfois fastidieux, nécessitant souvent une formation dans des domaines connexes (astronomie, optique, statistiques, physique, etc.). Cette approche pluridisciplinaire indispensable de l’ufologie « fait de nous tous des amateurs » comme le dit Hendry, tant les compétences requises sont multiples. D’un autre côté, Haines n’hésitera pas à dire combien il aura appris en science, ingénierie, optique et comportement humain en étudiant les témoignages d’ovnis.
Une bonne enquête ne requiert pas qu’un bon enquêteur, mais nombre de bons spécialistes, et en tout cas un travail considérable. Peut-être les progrès de la technologie, l’informatique en particulier, aideront-ils à tendre vers cet idéal d’investigation en promouvant la collaboration, l’échange, et déchargeant l’homme des travaux fastidieux et prompts à l’erreur [10], lui permettant ainsi de se focaliser sur les tâches d’enquête de terrain, réflexion et d’analyse, où réside sa véritable valeur ajoutée.
Si ces ouvrages parviennent à apporter des réponses à neuf observations sur dix, aucun de leurs auteurs n’est pour autant un sceptique dans sa démarche. Ils se sont simplement efforcés de connaître et faire connaître les biais et les limites d’un témoignage, de telle ou telle technique, afin d’en sélectionner le meilleur. La rigueur de leurs deux livres, au contraire, renforce l’idée de la possibilité d’une étude sérieuse, mais difficile, du phénomène. Encore faut-il avoir lu ces livres. On peut en effet regretter qu’une large portion des ufologues francophones n’ait pas eu l’occasion d’y accéder, car s’il existe des lettres de noblesse dans l’ufologie, c’est certainement là, chez ceux qui cherchent avant d’avoir trouvé, entre les militants du zéro et de l’infini, qu’on peut les acquérir. Ce fut aussi la démarche de J. Allen Hynek, qui recommanda avec le même enthousiasme les deux ouvrages. Hynek qui, jusqu’à la fin de sa vie, resta persuadé, si ce n’est d’une origine extraterrestre, au moins de l’existence d’un phénomène inconnu, méritant l’intérêt de la science, comme de la société tout entière.
Haines, Richard F., Observing UFOs - An investigative Handbook, Nelson-Hall Publishers, Chicago, 1980, ISBN 0-88229-725-2
Hendry, Allan, The UFO Handbook - A guide to investigating, evaluating and reporting UFO sightings, Doubleday, New York, 1979
Notes
[1] La méthode d’évaluation de la qualité d’un récit de témoignage mise en place par Vicente Ballester-Olmos (représentant du MUFON pour l’Espagne) et Miguel Guasp, utilisée dans les enquêtes du MUFON, accorde par exemple plus du double de qualité à une enquête de plus de 2h sur le terrain qu’à une simple déclaration signée.
[2] Morrison, Philip. The nature of scientific evidence : a summary in UFOs : A scientific debate (1972) de Carl Sagan et Thornton Page, pp. 276-290
[3] On en trouve divers exemples dans des cas d’OVI (le passage d’un météore au-dessus de l’Est de la France en ce début d’année) comme d’OVNI (les deux témoins de Cussac par exemple). C’est relativement courant et normal et, en fait, c’est l’inverse qui serait suspect.
[4] Et de fait, un certain nombre de récits d’observations d’ovnis nous paraissent incompréhensibles ou absurdes.
[5] Un problème adressé par Shepard dix ans plus tôt, que Haines va reprendre d’une manière plus sophistiquée encore. Voir Shepard Roger N. "Some psychologically oriented techniques for the scientific investigation of unidentified aerial phenomena", in Symposium sur les Objets Volants Non Identifiés, Auditions devant le Comité sur la Science et l’Astronautique, Chambre des Représentants U.S, 9ème Congrès, 2nde Session, 29 Juillet 1968.
[6] Comme le rappellera Bertrand Méheust dans Science-fiction et soucoupes volantes (1978) : "Les enquêteurs savent bien que le témoignage est passé par 4 filtres successifs : 1) l’esprit du témoin, 2) l’enquêteur, 3) la revue (qui décide de publier ou non le témoignage en fonction de ses options inconscientes, 4) le lecteur du témoignage, qui reconstruit inévitablement le récit dans sa tête".
[7] Haines rejoint ici la démarche de Morrison pour qui la caractérisation d’une preuve réside dans la "chaîne d’indices", qui doivent être reliés les uns aux autres.
[8] Il y a 2,8 % d’informations non exploitables
[9] On assiste au passage à une critique des statistiques horaires comme celles de Poher ou de Battelle
[10] Calcul de ciel d’observation, simulations, archivage, recherches de similitudes, recoupements, recherches, etc.
http://www.cielinsolite.fr/spip.php?article29
L’auteur entreprend alors une étude en deux temps : avant d’évaluer la performance des témoins à les reconnaître comme tels, il présente un exposé détaillé de OVIs typiques, déclinés selon la classification de Hynek (lumières nocturnes, disque diurnes, cas radar-visuels, rencontres rapprochées). Pour chaque catégorie (y compris quelques RR2 ou RR3), Hendry donne des exemples d’identifications issus du catalogue des appels sur la ligne permanente du CUFOS. Il explique comment ils ont pu être expliqués, et la fréquence de leur signalement dans les OVIs.
Les non identifiables
Fort de son analyse des identifiés, Hendry revient ensuite au cœur du mystère : 8,6 % [8] de cas qu’il a classés lui-même comme non identifiables. Il propose une « méthode non révolutionnaire » pour s’y attaquer :
1) Considérer l’ensemble des données (ne pas jeter les 90 % d’OVIs) ;
2) Tirer les enseignement des OVIs, initialement considérés comme ovnis.
3) Catégoriser les ovnis afin d’éviter d’essayer de construire une explication à un phénomène à l’évidence trop large.
Il égrène alors chaque catégorie, lumière nocturne, disque diurne, radar-visuels, rencontres rapprochées... mais rien à faire, il n’arrive pas à distinguer ces non identifiés, faute d’informations supplémentaires, de potentiels identifiables. Pour Hendry, il n’existe que des PAN C (phénomènes non identifiables faute de données suffisantes, selon la classification du GEPAN). Il n’affirme pas qu’il doivent être réduits aux OVIs, mais simplement qu’il n’arrive pas à trouver de caractéristique (hormis l’identification) qui permette de distinguer clairement les deux catégories.
Des outils
Mais peut-être ce diagnostic est-il trop subjectif. Hendry se demande alors si, face à la la subjectivité des témoignages, des outils peuvent être de quelque secours. Que peut-on espérer de l’hypnose, de détecteurs de mensonge ? Quels sont les biais du radar ? Des statistiques [9] ?
Toutes les questions sur les outils disponibles du moment sont abordées, en profondeur, et d’autres trouvent des réponses, souvent détaillées, émaillées d’avis d’experts et d’exemples concrets. Cependant, là aussi, Hendry ne peut trancher. Chaque outil à ses biais, ou ne peut à lui seul mettre en évidence un preuve concluante d’extraordinaire.
The UFO Handbook est considéré comme l’un des meilleurs ouvrages ayant été écrit sur les ovnis. Tenants comme sceptiques s’accordent à reconnaître les qualités de son auteur. C’est un manuel nécessaire à toute personne intéressée par le sujet : enquêteurs, analystes, mais aussi témoins potentiels, dont « l’éducation observationnelle » ne pourra qu’augmenter la qualité des données futures.
Fondé sur une prise en compte du phénomène dans sa globalité, sans en faire un phénomène unique, il est en outre un moyen de faire un point objectif sur l’ensemble des approches et techniques employées à l’époque de sa parution (1979) pour appréhender ce mystère. Ses enseignements sont toujours frappés du bon sens, et quelle que soit l’opinion que l’on ait sur les ovnis, on se doit d’avoir lu cet ouvrage. Les conclusions découragées de Hendry pourront être qualifiées de sceptiques, encore une fois à tort. D’abord Hendry n’a pas de conclusion sceptique, il ne fait que dresser un constat d’échec, et le testament d’un chercheur découragé d’essayer de caractériser un phénomène qui lui échappe : « Je ne peux qu’affirmer mon sentiment qui est que certains signalements d’ovnis représentent des phénomènes vraiment remarquables... et bien que la science puisse être initiée par des sentiments, elle ne peut se fonder dessus. ».
L’investigation ufologique ne s’improvise pas
De ces deux ouvrages, on retient que l’investigation ufologique ne s’improvise pas. Il s’agit d’un travail complexe, parfois fastidieux, nécessitant souvent une formation dans des domaines connexes (astronomie, optique, statistiques, physique, etc.). Cette approche pluridisciplinaire indispensable de l’ufologie « fait de nous tous des amateurs » comme le dit Hendry, tant les compétences requises sont multiples. D’un autre côté, Haines n’hésitera pas à dire combien il aura appris en science, ingénierie, optique et comportement humain en étudiant les témoignages d’ovnis.
Une bonne enquête ne requiert pas qu’un bon enquêteur, mais nombre de bons spécialistes, et en tout cas un travail considérable. Peut-être les progrès de la technologie, l’informatique en particulier, aideront-ils à tendre vers cet idéal d’investigation en promouvant la collaboration, l’échange, et déchargeant l’homme des travaux fastidieux et prompts à l’erreur [10], lui permettant ainsi de se focaliser sur les tâches d’enquête de terrain, réflexion et d’analyse, où réside sa véritable valeur ajoutée.
Si ces ouvrages parviennent à apporter des réponses à neuf observations sur dix, aucun de leurs auteurs n’est pour autant un sceptique dans sa démarche. Ils se sont simplement efforcés de connaître et faire connaître les biais et les limites d’un témoignage, de telle ou telle technique, afin d’en sélectionner le meilleur. La rigueur de leurs deux livres, au contraire, renforce l’idée de la possibilité d’une étude sérieuse, mais difficile, du phénomène. Encore faut-il avoir lu ces livres. On peut en effet regretter qu’une large portion des ufologues francophones n’ait pas eu l’occasion d’y accéder, car s’il existe des lettres de noblesse dans l’ufologie, c’est certainement là, chez ceux qui cherchent avant d’avoir trouvé, entre les militants du zéro et de l’infini, qu’on peut les acquérir. Ce fut aussi la démarche de J. Allen Hynek, qui recommanda avec le même enthousiasme les deux ouvrages. Hynek qui, jusqu’à la fin de sa vie, resta persuadé, si ce n’est d’une origine extraterrestre, au moins de l’existence d’un phénomène inconnu, méritant l’intérêt de la science, comme de la société tout entière.
Haines, Richard F., Observing UFOs - An investigative Handbook, Nelson-Hall Publishers, Chicago, 1980, ISBN 0-88229-725-2
Hendry, Allan, The UFO Handbook - A guide to investigating, evaluating and reporting UFO sightings, Doubleday, New York, 1979
Notes
[1] La méthode d’évaluation de la qualité d’un récit de témoignage mise en place par Vicente Ballester-Olmos (représentant du MUFON pour l’Espagne) et Miguel Guasp, utilisée dans les enquêtes du MUFON, accorde par exemple plus du double de qualité à une enquête de plus de 2h sur le terrain qu’à une simple déclaration signée.
[2] Morrison, Philip. The nature of scientific evidence : a summary in UFOs : A scientific debate (1972) de Carl Sagan et Thornton Page, pp. 276-290
[3] On en trouve divers exemples dans des cas d’OVI (le passage d’un météore au-dessus de l’Est de la France en ce début d’année) comme d’OVNI (les deux témoins de Cussac par exemple). C’est relativement courant et normal et, en fait, c’est l’inverse qui serait suspect.
[4] Et de fait, un certain nombre de récits d’observations d’ovnis nous paraissent incompréhensibles ou absurdes.
[5] Un problème adressé par Shepard dix ans plus tôt, que Haines va reprendre d’une manière plus sophistiquée encore. Voir Shepard Roger N. "Some psychologically oriented techniques for the scientific investigation of unidentified aerial phenomena", in Symposium sur les Objets Volants Non Identifiés, Auditions devant le Comité sur la Science et l’Astronautique, Chambre des Représentants U.S, 9ème Congrès, 2nde Session, 29 Juillet 1968.
[6] Comme le rappellera Bertrand Méheust dans Science-fiction et soucoupes volantes (1978) : "Les enquêteurs savent bien que le témoignage est passé par 4 filtres successifs : 1) l’esprit du témoin, 2) l’enquêteur, 3) la revue (qui décide de publier ou non le témoignage en fonction de ses options inconscientes, 4) le lecteur du témoignage, qui reconstruit inévitablement le récit dans sa tête".
[7] Haines rejoint ici la démarche de Morrison pour qui la caractérisation d’une preuve réside dans la "chaîne d’indices", qui doivent être reliés les uns aux autres.
[8] Il y a 2,8 % d’informations non exploitables
[9] On assiste au passage à une critique des statistiques horaires comme celles de Poher ou de Battelle
[10] Calcul de ciel d’observation, simulations, archivage, recherches de similitudes, recoupements, recherches, etc.
http://www.cielinsolite.fr/spip.php?article29
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