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Retour sur la vague belge par Bertrand Méheust
Ven 11 Jan 2008, 22:47
Retour sur la vague belge et sur la coïncidence science-fiction/soucoupes volantes
par Bertrand Méheust
Pourquoi la vague belge? A cause d'un ensemble de traits spécifiques qui rendent cette vague atypique et exceptionnelle.
S'il n'y avait pas eu la vague belge, j'aurais peut-être fini par me désintéresser de la question, la supposant plus ou moins réglée, ou, du moins j'aurais fini par me décourager, à force de ne pas pouvoir déboucher sur quelque chose de tangible. La vague belge m'a remis en face d'une hypothèse qui me semblait s'éloigner dans le passé, l'hypothèse selon laquelle des phénomènes non identifiés, ayant l'apparence d'objets solides, et même d'artefacts, se promèneraient dans le ciel de la planète.
Le milieu dans lequel j'évolue, en France, je le pense, m'avait conduit à intérioriser une sorte de scepticisme de rigueur dont la vague belge m'a soudain réveillé. Je la trouve plus dense, plus intrigante, plus convaincante, que tous les précédents soucoupiques connus. Or, pour cette vague, je vous le dis franchement, les hypothèses sociologiques classiques me paraissent inadéquates; il faut les torturer, les étirer dans tous les sens, pour parvenir à expliquer ce qui a été vu en Belgique. Je les ai envisagées dans mon petit livre (Retour sur l'«Anomalie belge» - Le Livre Bleu Éditeur) pour ne rien négliger, j'ai placé les tenants de cette hypothèse devant les complications qu'il faudrait donner à leur modèle pour qu'il rende compte de la vague, mais, je vous l'avoue, c'était là, en partie, de ma part, une démonstration a contrario, et, au fond de moi, je n'y crois guère; et la seule hypothèse réductionniste qui me paraît tenir vraiment la route, compte tenu des témoignages qui ont été recueillis en Belgique, c'est celle des engins expérimentaux humains, c'est-à-dire, les choses étant ce qu'elles sont, américains.
Dans mon livre sur la vague, j'ai présenté les arguments qui me paraissent conduire à rejeter l'hypothèse américaine; rien, pour le moment, n'est venu me faire changer d'avis, bien au contraire; mais, pour autant, je n'en mettrais pas ma tête à couper. Aussi la question du rapport à la SF me paraît-elle pour le moment secondaire; il faut la mettre dans un coin en réserve, il sera toujours temps d'y réfléchir si l'hypothèque américaine pouvait être définitivement levée. Avant tout, il faut continuer de la creuser, pour la confirmer ou l'infirmer.
Mais alors, que faire, dès lors que la réponse est couverte par le secret militaire? Le temps permettra de répondre à cette question. Aujourd'hui, on sait qu'aucun dirigeable ne volait dans le ciel américain pendant la vague de 1897, et je pense qu'il ne faudra pas attendre un siècle pour savoir si, oui ou non, les Américains possédaient en 1989 des prototypes capables des performances alléguées, et, si c'est le cas, quelles obscures raisons ont bien pu les amener à les expérimenter en Belgique.
Mais, en attendant, que faire? Je n'ose guère discuter ce point, car les chercheurs belges y sont confrontés depuis dix ans, et ils ne m'ont certainement pas attendu pour y réfléchir. Il me semble toutefois que nous serions bien inspirés de ne pas trop prendre au pied de la lettre les affirmations de nos dirigeants. Depuis Tchernobyl, les Français n'ont plus confiance, ils suspectent qu'on ne leur dit pas la vérité, dès lors que la raison d'Etat est menacée, et ce ne sont sans doute pas les Belges qui nous contrediront sur ce point. Les affirmations officielles, selon lesquelles il n'y a pas eu d'essais américains en Belgique à la source des observations, doivent être considérées, certes, comme des pièces importantes du dossier, mais pas comme la solution de l'énigme; tout ce que dit un colonel ou un général, tout ce que disent un ministre de la Défense, un ambassadeur, etc., bref des gens sous contrôle, doit être pris cum grano salis.
Mais alors, que faire? Attendre que le Pentagone veuille bien, dans 20 ans, nous révéler ses secrets? Il me semble que l'on pourrait constituer un dossier condensé des meilleurs cas, et aller consulter des historiens de l'aéronautique, des spécialistes de la technologie militaire, des agents des services secrets, et des spécialistes de la géopolitique. Une telle enquête ne permettrait sans doute pas de lever définitivement les doutes dans un sens ou dans un autre; mais, en tout cas, elle y contribuerait fortement.
L'année dernière, deux chercheurs français, spécialisés dans l'aéronautique, ont publié un livre qui traite de ces questions. Ils y avouaient leur scepticisme à l'égard de l'hypothèse des prototypes américains, et ils m'ont confirmé par écrit leur sentiment à cet égard.
Plus récemment, j'ai assisté à Paris à un colloque en Sorbonne, qui portait sur un sujet d'actualité, les risques technologiques. Parmi les intervenants, il y avait Robert Bell, un universitaire américain qui fait autorité sur ces questions, et dont le dernier livre vient d'être traduit au Seuil sous le titre Les huit pêchés capitaux de la technologie. Ce dernier nous a montré que, depuis la deuxième guerre mondiale, les projets militaires américains, et, dans une moindre mesure européens, particulièrement français, ont été délibérément conçus par leurs promoteurs pour être irréalisables, ou à la limite du réalisable, leur but fondamental étant de générer de l'activité et de déplacer des sommes colossales de dollars. L'archétype de ce genre de situations est la "Guerre des Étoiles" de Reagan, mais Robert Bell a aussi inclus dans son analyse les fameux prototypes des "programmes noirs". Selon lui, beaucoup de ces prototypes sont des échecs ou des demi-échecs. Ils volent mal ou pas du tout, ou, en tout cas, sont fragiles, capricieux, difficilement utilisables pour des actions de guerre réelle, ils coûtent des sommes absolument colossales, nécessitent une maintenance considérable. Les fameux B2, par exemple, ne peuvent voler que sous certaines conditions; par exemple, il ne faut pas que la température descende sous 10 degrés... Le cas du porte-avions Charles de Gaulle, qui fait rire (jaune) les Français, n'est donc pas une spécialité hexagonale.
Après l'exposé, je suis allé discuter avec Bell, pour lui demander son opinion sur l'hypothèse des prototypes américains concernant la vague belge, dont il n'avait jamais entendu parler. Il m'a d'abord affirmé ne pas croire aux ovnis. Mais quand je lui ai décrit les ovnis belges et leurs performances supposées, il a éclaté de rire à l'idée que les Américains possèdent de tels engins, et qu'ils aient été capables, il y a dix ans, de les utiliser dans les conditions décrites, de nuit, au ras des toits. Ils sont trop chers, trop fragiles, trop capricieux, ils nécessitent une logistique trop lourde, pour être essayés dans ces conditions risquées, sans parler des performances alléguées, qui sont hors de leur portée.
*****
J'en viens maintenant à cette irritante question de la SF. Cela fait vingt-cinq ans que je la tourne dans tous les sens sans arriver vraiment à une conviction claire, mais, pourtant, je me dis que c'est une donnée que l'on doit nécessairement intégrer quand on réfléchit au problème des ovnis.
L'on dit que j'ai contribué à l'éclosion du courant psychosociologique; c'est peut-être vrai, mais c'est involontairement. Lorsque j'ai écrit Science -fiction et soucoupes volantes (en 1976, pour l'essentiel), je n'avais aucun doute, comme la plupart des ufologues de l'époque, sur la réalité matérielle des ovnis. J'ai donc cherché tant bien que mal à concilier cette réalité matérielle, et les données que je découvrais, ce qui m'a conduit à des hypothèses baroques avec lesquelles j'ai pris depuis longtemps mes distances. Mais, en même temps, je persiste à penser que j'ai soulevé un lièvre qui n'a pas vraiment été poursuivi.
D'autre part, c'est après coup que l'on a pu en tirer un modèle réductionniste. La coïncidence SF-SV n'implique pas nécessairement la réduction des ovnis: elle débouche sur une hypothèse de travail qui peut aussi bien aboutir à la réduction des ovnis, qu'à la mise à nu d'un phénomène original. Je m'explique: les astres ont d'abord été pensés dans le cadre de la mythologie, ils ont d'abord été assimilés à des dieux, avant d'être étudiés par les astronomes. C'est pourquoi il a fallu dissocier les deux aspects, et les attribuer à des démarches scientifiques très différentes, d'un côté les processus projectifs de l'esprit humain, de l'autre les astres comme objets physiques; il peut se faire qu'il en soit de même avec les ovnis; repérer la teneur mythologique des récits d'ovnis, c'est se mettre en position de repérer ce qu'il y a éventuellement "en dessous" qui ne relèverait pas de la mythologie. Soit il n'y a rien d'objectif et d'original derrière cette mythologie, soit il y a quelque chose, du moins dans certaines classes de phénomènes. La seule façon de le savoir, c'est de repérer la "gangue" mythologique, et de la décaper. Mais, a priori, je ne peux savoir s'il y a quelque chose sous l'"enduit SF", il faut d'abord repérer où il se trouve, et le décaper.
En même temps, quand je parle d'"enduit SF", je me place dans un point de vue, celui du tenant des sciences exactes qui cherche à repérer le signal physique sous ce que l'esprit humain y a ajouté, et pour lequel les dimensions psychologiques et culturelles sont des scories. Mais cette image est trompeuse, car ce que le physicien considère comme une scorie, constitue pour le folkloriste des matériaux de premier choix. Je vais encore prendre un exemple pour me faire comprendre.
L'ethnobotanique est une branche du savoir dont la tâche consiste à étudier les mythes et la culture que l'on a tissés autour des plantes, ainsi que l'interaction de la culture avec les plantes, dans un groupe social déterminé. Il va de soi que pour être ethnobotaniste, il faut connaître les plantes, au moins celles de la culture que l'on étudie; mais, pour autant, l'étude des plantes n'est pas le but de l'ethnobotaniste. D'autre part, ce dernier n'a pas à se demander, si, "sous" les mythes qu'il étudie, les plantes existent: leur réalité, pour lui, va de soi, même si, comme cela a pu être le cas dans les débuts de la botanique, la taxinomie est balbutiante. Or, l'ufologue est dans une position plus délicate, et même inverse; à première vue, il a affaire à un mythe, à des manifestations psychiques et culturelles; c'est là, du moins, ce que les acquis des sciences sociales l'invitent à envisager en priorité; car la réalité physique des phénomènes autour de quoi se constituent ces mythes n'est pas donnée a priori, ni clairement délimitée; et, d'autre part, comme nous sommes dans une science balbutiante, qui n'a pas encore réussi à définir clairement ses objets, les approches et les spécialités ne sont pas non plus clairement définies; ce sont parfois les mêmes qui se livrent aux différentes approches; pour poursuivre ma comparaison, tantôt je me suis livré au travail d'un botaniste, tantôt à celui d'un ethnobotaniste, et cela, en amateur, dans le premier cas comme dans le second; ce qui m'a valu d'être critiqué par les spécialistes d'une discipline quand j'oeuvrais dans l'autre, et réciproquement.
En outre, pour ajouter à la difficulté, les choses n'ont pas toujours été aussi claires dans mon esprit. Ce qui m'a valu le reproche d'être "ambigu": les tenants du modèle psychosociologique m'ont accusé de croire encore aux ovnis, peut-être vont-ils me reprocher maintenant de revenir aux croyances de ma jeunesse; et les soucoupistes m'ont accusé de trahison (voir, hélas, ce qu'écrit de moi Pierre Guérin peu avant sa mort).
*****
Pour clarifier la discussion, je résume ici brièvement ce que j'ai dit dans mon petit livre. La coïncidence SF-SV permet d'envisager une échelle d'hypothèses.
1- Nous n'avons pas affaire à des phénomènes nouveaux et intéressants, mais à une mythologie nourrie essentiellement de SF, qui coagule un ensemble de phénomènes disparates, météorologiques, physiques, perceptifs, culturels, tous également triviaux.
2- Nous avons affaire à une mythologie qui coagule un ensemble de phénomènes triviaux, mais aussi un ou des phénomènes réellement inexpliqués, lesquels peuvent être de trois ordres:
a) des phénomènes naturels encore inexpliqués, mais dont l'apparence se trouve suffisamment proche de représentations mythico-religieuses pour fournir à ces dernières l'occasion de se déployer. Prenons un exemple facile à comprendre, celui des feux follets, sur lesquels les croyances aux âmes des revenants ont trouvé jadis matière à projection. Les feux follets étant des gaz produits par la décomposition des cadavres, on les observe à proximité des cimetières, et leur caractère volatil et erratique leur donne l'apparence de manifestations intentionnelles: ils semblent suivre les gens, les devancer, les fuir, etc. Tout cela a permis l'assimilation à des revenants, dans des cultures où ces croyances étaient répandues. La difficulté de cette hypothèse, si on veut la transposer aux ovnis, est que les physiciens sont peu bavards sur le type de phénomènes naturels qu'il faudrait imaginer pour rendre compte de manifestations aussi structurées que la vague belge.
b) des phénomènes relevant du psychisme humain, individuel et collectif, mais qui, pour autant, restent inexpliqués.
c) des phénomènes derrière lesquels il faudrait supposer une activité intentionnelle d'origine inconnue.
par Bertrand Méheust
Pourquoi la vague belge? A cause d'un ensemble de traits spécifiques qui rendent cette vague atypique et exceptionnelle.
S'il n'y avait pas eu la vague belge, j'aurais peut-être fini par me désintéresser de la question, la supposant plus ou moins réglée, ou, du moins j'aurais fini par me décourager, à force de ne pas pouvoir déboucher sur quelque chose de tangible. La vague belge m'a remis en face d'une hypothèse qui me semblait s'éloigner dans le passé, l'hypothèse selon laquelle des phénomènes non identifiés, ayant l'apparence d'objets solides, et même d'artefacts, se promèneraient dans le ciel de la planète.
Le milieu dans lequel j'évolue, en France, je le pense, m'avait conduit à intérioriser une sorte de scepticisme de rigueur dont la vague belge m'a soudain réveillé. Je la trouve plus dense, plus intrigante, plus convaincante, que tous les précédents soucoupiques connus. Or, pour cette vague, je vous le dis franchement, les hypothèses sociologiques classiques me paraissent inadéquates; il faut les torturer, les étirer dans tous les sens, pour parvenir à expliquer ce qui a été vu en Belgique. Je les ai envisagées dans mon petit livre (Retour sur l'«Anomalie belge» - Le Livre Bleu Éditeur) pour ne rien négliger, j'ai placé les tenants de cette hypothèse devant les complications qu'il faudrait donner à leur modèle pour qu'il rende compte de la vague, mais, je vous l'avoue, c'était là, en partie, de ma part, une démonstration a contrario, et, au fond de moi, je n'y crois guère; et la seule hypothèse réductionniste qui me paraît tenir vraiment la route, compte tenu des témoignages qui ont été recueillis en Belgique, c'est celle des engins expérimentaux humains, c'est-à-dire, les choses étant ce qu'elles sont, américains.
Dans mon livre sur la vague, j'ai présenté les arguments qui me paraissent conduire à rejeter l'hypothèse américaine; rien, pour le moment, n'est venu me faire changer d'avis, bien au contraire; mais, pour autant, je n'en mettrais pas ma tête à couper. Aussi la question du rapport à la SF me paraît-elle pour le moment secondaire; il faut la mettre dans un coin en réserve, il sera toujours temps d'y réfléchir si l'hypothèque américaine pouvait être définitivement levée. Avant tout, il faut continuer de la creuser, pour la confirmer ou l'infirmer.
Mais alors, que faire, dès lors que la réponse est couverte par le secret militaire? Le temps permettra de répondre à cette question. Aujourd'hui, on sait qu'aucun dirigeable ne volait dans le ciel américain pendant la vague de 1897, et je pense qu'il ne faudra pas attendre un siècle pour savoir si, oui ou non, les Américains possédaient en 1989 des prototypes capables des performances alléguées, et, si c'est le cas, quelles obscures raisons ont bien pu les amener à les expérimenter en Belgique.
Mais, en attendant, que faire? Je n'ose guère discuter ce point, car les chercheurs belges y sont confrontés depuis dix ans, et ils ne m'ont certainement pas attendu pour y réfléchir. Il me semble toutefois que nous serions bien inspirés de ne pas trop prendre au pied de la lettre les affirmations de nos dirigeants. Depuis Tchernobyl, les Français n'ont plus confiance, ils suspectent qu'on ne leur dit pas la vérité, dès lors que la raison d'Etat est menacée, et ce ne sont sans doute pas les Belges qui nous contrediront sur ce point. Les affirmations officielles, selon lesquelles il n'y a pas eu d'essais américains en Belgique à la source des observations, doivent être considérées, certes, comme des pièces importantes du dossier, mais pas comme la solution de l'énigme; tout ce que dit un colonel ou un général, tout ce que disent un ministre de la Défense, un ambassadeur, etc., bref des gens sous contrôle, doit être pris cum grano salis.
Mais alors, que faire? Attendre que le Pentagone veuille bien, dans 20 ans, nous révéler ses secrets? Il me semble que l'on pourrait constituer un dossier condensé des meilleurs cas, et aller consulter des historiens de l'aéronautique, des spécialistes de la technologie militaire, des agents des services secrets, et des spécialistes de la géopolitique. Une telle enquête ne permettrait sans doute pas de lever définitivement les doutes dans un sens ou dans un autre; mais, en tout cas, elle y contribuerait fortement.
L'année dernière, deux chercheurs français, spécialisés dans l'aéronautique, ont publié un livre qui traite de ces questions. Ils y avouaient leur scepticisme à l'égard de l'hypothèse des prototypes américains, et ils m'ont confirmé par écrit leur sentiment à cet égard.
Plus récemment, j'ai assisté à Paris à un colloque en Sorbonne, qui portait sur un sujet d'actualité, les risques technologiques. Parmi les intervenants, il y avait Robert Bell, un universitaire américain qui fait autorité sur ces questions, et dont le dernier livre vient d'être traduit au Seuil sous le titre Les huit pêchés capitaux de la technologie. Ce dernier nous a montré que, depuis la deuxième guerre mondiale, les projets militaires américains, et, dans une moindre mesure européens, particulièrement français, ont été délibérément conçus par leurs promoteurs pour être irréalisables, ou à la limite du réalisable, leur but fondamental étant de générer de l'activité et de déplacer des sommes colossales de dollars. L'archétype de ce genre de situations est la "Guerre des Étoiles" de Reagan, mais Robert Bell a aussi inclus dans son analyse les fameux prototypes des "programmes noirs". Selon lui, beaucoup de ces prototypes sont des échecs ou des demi-échecs. Ils volent mal ou pas du tout, ou, en tout cas, sont fragiles, capricieux, difficilement utilisables pour des actions de guerre réelle, ils coûtent des sommes absolument colossales, nécessitent une maintenance considérable. Les fameux B2, par exemple, ne peuvent voler que sous certaines conditions; par exemple, il ne faut pas que la température descende sous 10 degrés... Le cas du porte-avions Charles de Gaulle, qui fait rire (jaune) les Français, n'est donc pas une spécialité hexagonale.
Après l'exposé, je suis allé discuter avec Bell, pour lui demander son opinion sur l'hypothèse des prototypes américains concernant la vague belge, dont il n'avait jamais entendu parler. Il m'a d'abord affirmé ne pas croire aux ovnis. Mais quand je lui ai décrit les ovnis belges et leurs performances supposées, il a éclaté de rire à l'idée que les Américains possèdent de tels engins, et qu'ils aient été capables, il y a dix ans, de les utiliser dans les conditions décrites, de nuit, au ras des toits. Ils sont trop chers, trop fragiles, trop capricieux, ils nécessitent une logistique trop lourde, pour être essayés dans ces conditions risquées, sans parler des performances alléguées, qui sont hors de leur portée.
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J'en viens maintenant à cette irritante question de la SF. Cela fait vingt-cinq ans que je la tourne dans tous les sens sans arriver vraiment à une conviction claire, mais, pourtant, je me dis que c'est une donnée que l'on doit nécessairement intégrer quand on réfléchit au problème des ovnis.
L'on dit que j'ai contribué à l'éclosion du courant psychosociologique; c'est peut-être vrai, mais c'est involontairement. Lorsque j'ai écrit Science -fiction et soucoupes volantes (en 1976, pour l'essentiel), je n'avais aucun doute, comme la plupart des ufologues de l'époque, sur la réalité matérielle des ovnis. J'ai donc cherché tant bien que mal à concilier cette réalité matérielle, et les données que je découvrais, ce qui m'a conduit à des hypothèses baroques avec lesquelles j'ai pris depuis longtemps mes distances. Mais, en même temps, je persiste à penser que j'ai soulevé un lièvre qui n'a pas vraiment été poursuivi.
D'autre part, c'est après coup que l'on a pu en tirer un modèle réductionniste. La coïncidence SF-SV n'implique pas nécessairement la réduction des ovnis: elle débouche sur une hypothèse de travail qui peut aussi bien aboutir à la réduction des ovnis, qu'à la mise à nu d'un phénomène original. Je m'explique: les astres ont d'abord été pensés dans le cadre de la mythologie, ils ont d'abord été assimilés à des dieux, avant d'être étudiés par les astronomes. C'est pourquoi il a fallu dissocier les deux aspects, et les attribuer à des démarches scientifiques très différentes, d'un côté les processus projectifs de l'esprit humain, de l'autre les astres comme objets physiques; il peut se faire qu'il en soit de même avec les ovnis; repérer la teneur mythologique des récits d'ovnis, c'est se mettre en position de repérer ce qu'il y a éventuellement "en dessous" qui ne relèverait pas de la mythologie. Soit il n'y a rien d'objectif et d'original derrière cette mythologie, soit il y a quelque chose, du moins dans certaines classes de phénomènes. La seule façon de le savoir, c'est de repérer la "gangue" mythologique, et de la décaper. Mais, a priori, je ne peux savoir s'il y a quelque chose sous l'"enduit SF", il faut d'abord repérer où il se trouve, et le décaper.
En même temps, quand je parle d'"enduit SF", je me place dans un point de vue, celui du tenant des sciences exactes qui cherche à repérer le signal physique sous ce que l'esprit humain y a ajouté, et pour lequel les dimensions psychologiques et culturelles sont des scories. Mais cette image est trompeuse, car ce que le physicien considère comme une scorie, constitue pour le folkloriste des matériaux de premier choix. Je vais encore prendre un exemple pour me faire comprendre.
L'ethnobotanique est une branche du savoir dont la tâche consiste à étudier les mythes et la culture que l'on a tissés autour des plantes, ainsi que l'interaction de la culture avec les plantes, dans un groupe social déterminé. Il va de soi que pour être ethnobotaniste, il faut connaître les plantes, au moins celles de la culture que l'on étudie; mais, pour autant, l'étude des plantes n'est pas le but de l'ethnobotaniste. D'autre part, ce dernier n'a pas à se demander, si, "sous" les mythes qu'il étudie, les plantes existent: leur réalité, pour lui, va de soi, même si, comme cela a pu être le cas dans les débuts de la botanique, la taxinomie est balbutiante. Or, l'ufologue est dans une position plus délicate, et même inverse; à première vue, il a affaire à un mythe, à des manifestations psychiques et culturelles; c'est là, du moins, ce que les acquis des sciences sociales l'invitent à envisager en priorité; car la réalité physique des phénomènes autour de quoi se constituent ces mythes n'est pas donnée a priori, ni clairement délimitée; et, d'autre part, comme nous sommes dans une science balbutiante, qui n'a pas encore réussi à définir clairement ses objets, les approches et les spécialités ne sont pas non plus clairement définies; ce sont parfois les mêmes qui se livrent aux différentes approches; pour poursuivre ma comparaison, tantôt je me suis livré au travail d'un botaniste, tantôt à celui d'un ethnobotaniste, et cela, en amateur, dans le premier cas comme dans le second; ce qui m'a valu d'être critiqué par les spécialistes d'une discipline quand j'oeuvrais dans l'autre, et réciproquement.
En outre, pour ajouter à la difficulté, les choses n'ont pas toujours été aussi claires dans mon esprit. Ce qui m'a valu le reproche d'être "ambigu": les tenants du modèle psychosociologique m'ont accusé de croire encore aux ovnis, peut-être vont-ils me reprocher maintenant de revenir aux croyances de ma jeunesse; et les soucoupistes m'ont accusé de trahison (voir, hélas, ce qu'écrit de moi Pierre Guérin peu avant sa mort).
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Pour clarifier la discussion, je résume ici brièvement ce que j'ai dit dans mon petit livre. La coïncidence SF-SV permet d'envisager une échelle d'hypothèses.
1- Nous n'avons pas affaire à des phénomènes nouveaux et intéressants, mais à une mythologie nourrie essentiellement de SF, qui coagule un ensemble de phénomènes disparates, météorologiques, physiques, perceptifs, culturels, tous également triviaux.
2- Nous avons affaire à une mythologie qui coagule un ensemble de phénomènes triviaux, mais aussi un ou des phénomènes réellement inexpliqués, lesquels peuvent être de trois ordres:
a) des phénomènes naturels encore inexpliqués, mais dont l'apparence se trouve suffisamment proche de représentations mythico-religieuses pour fournir à ces dernières l'occasion de se déployer. Prenons un exemple facile à comprendre, celui des feux follets, sur lesquels les croyances aux âmes des revenants ont trouvé jadis matière à projection. Les feux follets étant des gaz produits par la décomposition des cadavres, on les observe à proximité des cimetières, et leur caractère volatil et erratique leur donne l'apparence de manifestations intentionnelles: ils semblent suivre les gens, les devancer, les fuir, etc. Tout cela a permis l'assimilation à des revenants, dans des cultures où ces croyances étaient répandues. La difficulté de cette hypothèse, si on veut la transposer aux ovnis, est que les physiciens sont peu bavards sur le type de phénomènes naturels qu'il faudrait imaginer pour rendre compte de manifestations aussi structurées que la vague belge.
b) des phénomènes relevant du psychisme humain, individuel et collectif, mais qui, pour autant, restent inexpliqués.
c) des phénomènes derrière lesquels il faudrait supposer une activité intentionnelle d'origine inconnue.
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Re: Retour sur la vague belge par Bertrand Méheust
Ven 11 Jan 2008, 22:48
3- Nous avons affaire à un phénomène en interaction avec la culture et structuré avec elle, un phénomène mimétique, anticipant nos angoisses et nos craintes, une sorte de poltergeist planétaire.
Les deux premières hypothèses sont celles du réductionnisme classique. La troisième, qui envisage une nouveauté radicale - à savoir la possibilité que nous serions confrontés à une intelligence non humaine, ce qui n'est pas peu envisager - continue de le faire sous l'angle classique d'une réalité physique ou perceptive quelconque passant à travers les filtres de l'esprit humain.
L'hypothèse la plus difficile à penser dans nos cadres actuels est évidemment la dernière, car elle revient à englober les ovnis dans le registre des phénomènes paranormaux, à les assimiler à une sorte de poltergeist planétaire. Cette assimilation ne manque pas d'arguments, que j'ai relevés jadis, avec d'autres auteurs, notamment François Favre: les ovnis ont en commun, avec les phénomènes paranormaux, leur caractère intentionnel, élusif, thématique, plastique, leur mimétisme par rapport à la culture et aux attentes d'une époque, etc.
Voici pourtant les raisons qui me conduisent à laisser de côté pour le moment cette hypothèse.
La première est d'ordre tactique: les phénomènes paranormaux étant déjà refusés par la communauté scientifique, y avoir recours pour "expliquer" les ovnis, c'est tendre la corde pour se faire battre. Tout cela a déjà été dit et redit. Mais, surtout, l'assimilation des ovnis aux phénomènes paranormaux me paraît problématique à cause de la nature des matériaux sur lesquels nous travaillons, c'est-à-dire des témoignages. Les phénomènes paranormaux qualitatifs qui permettent d'établir la comparaison avec les ovnis (les poltergeist, et surtout les effets physiques produits par des médiums) ont été étudiés en laboratoire, ou tout au moins dans des conditions d'observation supérieures à celles qu'offrent les ovnis; il s'agit de matériaux déjà triés et épurés; alors que la plupart des rapports d'ovnis, selon toute vraisemblance, dans beaucoup de cas, amalgament des matériaux très disparates, de sorte que les traits qui semblent permettre de les lier au paranormal risquent fort d'être le produit d'une élaboration ultérieure.
Bien des cas qui possédaient à première vue la structure des phénomènes paranormaux ont pu être expliqués en termes socio-psychologiques tout à fait classiques; c'est donc que la structure en question a été plaquée sur le phénomène, au lieu de l'informer de l'intérieur. J'ajouterai que la ressemblance indéniable entre les ovnis et les phénomènes paranormaux n'implique pas nécessairement l'assimilation des premiers aux seconds. La bactérie et l'homme possèdent des traits communs, du fait qu'ils sont tous les deux des êtres vivants, mais pour autant les hommes ne sont pas des bactéries; de même la ressemblance entre les ovnis et les phénomènes paranormaux pourrait venir de ce qu'ils appartiennent tous deux à la sphère de la pensée, sans que pour autant nous puissions penser leur différence.
Aimé Michel avait résumé cela par une de ces formules dont il avait le secret (je cite de mémoire): "Il y a des traits communs entre le tissu des chairs de l'escargot et la peau des fesses de Newton, mais si je veux connaître la gravitation universelle, je commettrai une erreur en allant à la chasse aux escargots."
En définitive je pense que le point sur lequel nous devons concentrer notre attention est le passage entre l'hypothèse 2a et l'hypothèse 2b. En d'autres termes, entre l'hypothèse de phénomènes physiques naturels, et celle des artefacts. Sur ce point, je vais y revenir, la vague belge est très intéressante.
*****
Je vais maintenant utiliser la SF comme discriminant, pour repérer ce qui vient de l'homme dans les rapports. Si l'on classe les récits relatifs aux ovnis en fonction de leur teneur décroissante en SF, on obtient l'échelle suivante:
1- Il y a d'abord les récits fantastiques de la lunatic fringe américaine relatifs aux combats qui opposeraient les différents types d'entités extraterrestres (reptiliennes, angéliques, etc.) censées venir nous visiter. Cette littérature nous place en pleine gigantomachie cosmique, elle raconte, en version américaine, les gestes des dieux, sans même rechercher un ancrage légendaire. Nous sommes ici dans le mythe stricto-sensu.
2- Il y a ensuite tout ce qui circule sur Roswell, toutes les rumeurs sur les pactes que les Américains auraient passés avec les Aliens, sur les transferts de technologie qu'ils auraient obtenus en compensation de la location de bases, ou en démontant les épaves des ovnis écrasés dans le désert. Nous sommes maintenant plutôt du côté de la légende. Dire que ces légendes sont nourries de SF est encore peu dire: c'est de la SF. J'ai en tête un roman de 1858 qui raconte un crash d'ovnis dans le désert américain; on découvre au fil de l'intrigue que les Russes ont accordé une base en Sibérie aux Extraterrestres pour obtenir en échange de la technologie, et se sont fait avoir: inexorablement la base a grandi dans la Toundra, comme en cancer...
3- Viennent ensuite les récits des contactés des années cinquante, avec leurs messages messianico-politiques, à apporter aux chefs d'Etat, messages eux-mêmes directement inspirés de la SF d'avant guerre.
4- Puis il y a les récits d'enlèvements de la période moderne, en gros, à partir de Villas Boas et des Hill, jusqu'aux récents développements de la casuistique américaine.
5- Puis les rapports de RR3.
6- Enfin, il y a les phénomènes vus dans le ciel, les ballets aériens effets spéciaux, les choses vues à faible distance du sol, les survols, les quasi-atterrissages, etc.
Selon moi, la teneur mythologique des trois premiers niveaux de récits est telle, qu'il est vain d'en chercher le résidu objectif. Toute la littérature que l'on a consacrée à Roswell, aux transferts de technologie, etc., est vaine, et contribue à discréditer l'ufologie. (Je veux dire: l'ufologie des botanistes; elle est au contraire passionnante pour celle des ethnobotanistes). Ici, ce n'est pas l'"enduit mythique" qui tombe, pour laisser apparaître quelque chose en dessous: c'est l'enduit lui-même qui est le phénomène. Pour prendre une nouvelle comparaison, il y a des animaux fantastiques, comme la chimère, des animaux réels très riches au plan du mythe, comme l'aigle, ou le scarabée, et des animaux mythiquement plus neutres (encore qu'on trouvera difficilement des animaux qui soient mythiquement absolument neutres). Les trois premières catégories racontent des histoires de chimères, les catégories 4 et 5 peuvent éventuellement avoir trait à des animaux réels surchargés de significations mythiques, et la dernière catégorie nous renvoie à des animaux peu sollicités par le mythe. Voyons cela de plus près.
Les catégories de récits 4 et 5 (enlèvements et RR3) sont dans une zone mixte troublante, où l'enduit se mêle peut-être à quelques parties plus résistantes. Mais il faut encore distinguer les rencontres rapprochées avec ou sans humanoïdes, et les enlèvements. L'ancrage objectif des récits d'enlèvements est très pauvre. Il y a peu ou pas de traces au sol. Les éléments objectifs allégués (implants, marques sur le corps, transports...) sont en général ambigus, élusifs, et toujours susceptibles d'explications plus simples. D'autre part, leur teneur en thèmes de SF est très forte, la part humaine, individuelle et collective, considérable; je renvoie sur ce point à mon livre En soucoupes volantes, et à la démonstration plus récente et plus fouillée de Michel Meurger. Les RR3, en revanche, sont mieux lestées d'éléments objectifs. Il a des traces au sol, dont beaucoup sont impossibles à apprécier, parce qu'elles n'ont pu être étudiées à temps et par les personnes compétentes. En même temps, les récits de RR3, comme ceux d'enlèvements, mais à un moindre degré, sont pleins d'éléments de SF, surtout en Amérique du Sud. Mais la dimension d'étrangeté de ces rapports fait qu'ils ne sont pas la simple reduplication de récits de SF. Comparez les récits des contactés des années cinquante, et les récits d'enlèvements, la différence saute aux yeux. Ils sont beaucoup plus étranges. Les récits des années cinquante, pourrait-on dire, sont hyperréalistes, tandis que ceux des années quatre-vingt sont surréalistes.
Enfin reste la dernière catégorie: c'est là que l'implication factuelle, l'idée que l'on est en face de phénomènes physiques, d'objets solides, est la plus forte; c'est en même temps là que le repérage de l'enduit SF est le moins évident: en effet, plus la description se focalise sur un objet à la structure simple, et plus il devient difficile de prouver que la coïncidence entre le récit de SF et le rapport d'ovni n'est pas une projection de ressemblance. Je m'explique. Supposons un récit relatant 1) l'irruption d'un objet en forme de sphère, ou de cigare; 2) produisant une lumière puissante; 3) piloté par de petits humanoïdes à grosse tête; 2) qui se pose et enlève des cobayes; 3) lesquels subissent une opération chirurgicale consistant à implanter de petits objets dans leur corps, etc. Ce sont là des récits de SF classiques des années trente, et c'est devenu des récits classiques d'abductees, moyennant une subtile transformation. Les deux trames se superposent, au point qu'il est impossible d'attribuer une telle coïncidence au hasard. Supposons maintenant que l'on ait seulement un récit décrivant une sphère ou un cigare à la coque parfaitement lisse et émettant un pinceau de lumière: certes, la SF a décrit à profusion de tels engins, certes, de telles descriptions sont fréquentes dans le contexte ovni; mais, pour autant, on ne pourra jamais exclure une projection humaine de ressemblance, car, dans l'espace à trois dimensions, le nombre des formes possibles est limité.
Maintenant, il faut que j'affine encore la discussion. Cette dernière catégorie des "choses vues dans le ciel" englobe des phénomènes différents, qui peuvent se classer en deux sous-catégories. Les plus fréquemment observés sont des phénomènes plus ou moins lumineux, aux contours plus ou moins définis, mais aussi parfois des objets d'apparence solide, que l'on voit effectuer divers déplacements erratiques dans le ciel, fusionner, se dissocier, se livrer à un étrange ballet réglé, qui peut, dans certains cas, durer assez longtemps.
Je viens d'enquêter un cas de ce type. Le témoin est une américaine vivant en France depuis trois décennies au moins, et d'ailleurs mariée à un français. Il s'agit d'une artiste cotée, qui enseigne l'esthétique dans une université parisienne. Son observation s'est déroulée le 15 août 1972, au-dessus du cap Camarat. Il est midi, cette dame et son mari sont en train de pique-niquer dans une pinède. Le temps est beau et calme. Il y a des nuages, mais qui sont immobiles, faute de vent. En dessous, il y a la mer, derrière, la chaîne des Maures. Soudain l'attention du témoin est attirée par un mouvement dans le ciel. Deux formes sombres, qu'elle a d'abord prises pour des nuages basculent sur elles-mêmes, et filent à grande vitesse vers la chaîne des Maures. Comme elle les suit des yeux, elle voit surgir au-dessus de la chaîne de montagne six points noirs qui se rapprochent à grande vitesse. Elle les prend d'abord pour des hélicoptères; mais, comme ils se rapprochent, elle n'entend aucun bruit et s'aperçoit que leur forme est ovale. Elle appelle alors son mari et le couple suit la progression de ces objets insolites. A partir de cela, et pendant 45 minutes, le phénomène va répéter une sorte de ballet. Les objets filent vers la chaîne des Maures, reviennent à grande vitesse, se rejoignent et fusionnent. La scène est complexe à décrire, et le temps a effacé certains souvenirs, mais le témoin, qui est artiste, a dessiné sur-le-champ ce qu'elle voyait, et noté certains scènes. Ce sont elles qu'elle relate, en regardant ses notes et ses dessins, qu'elle a conservés. Par exemple, à un moment, les objets ont pris la forme de six barres horizontales parfaitement rectangulaires, de couleur noire, qui ont composé diverses figures en fusionnant. Ainsi, les barres se sont rejointes par le bout de manière à former un V. Ensuite, les objets sont apparus sous la forme de deux espèces de cloches horizontales de couleur orange, que le témoin a comparé à des "seins". Le "sein" de gauche a diminué rapidement pour redevenir une barre horizontale, et l'autre est resté plein et lumineux. La dernière image que cette dame a gardé en mémoire est celle d'une boule orange, qui a disparu sans qu'elle se souvienne comment.
La seconde catégorie comporte des descriptions d'objets structurés, aux arêtes nettement définies, avec détails de structure, etc.; bref, tous les éléments qui conduisent un esprit humain normalement constitué à suspecter un artefact. Mais, comme on l'a vu en Belgique, il arrive que ces deux catégories fusionnent.
Le première catégorie est la plus représentée, pour la bonne raison que pour voir des détails de structure, il faut être près, et que ces phénomènes sont malheureusement vus de loin plus souvent que de près. Tant que les phénomènes sont vus de loin, on peut faire l'hypothèse que les détails de structure sont ajoutés par l'imagination humaine, nourrie de SF. On a ainsi un modèle simple: un ou des phénomènes naturels, sur lesquels broderait l'imagination humaine, avec son équipement du moment. Il y aurait bien un fond objectif du ou des phénomène(s) ovni, mais ce seraient des phénomènes naturels.
Le grand intérêt de la vague belge, me semble-t-il, comme j'ai essayé de le montrer, est de rendre cette hypothèse plus difficile à tenir, et de renforcer l'hypothèse selon laquelle nous assisterions à l'intrusion inopinée, dans notre environnement, d'objets apparemment solides dont le mode de comportement et la structure invitent, à vues humaines, à les apparenter à des artefacts. Pour dire les choses plus simplement, que certains témoignages d'ovnis impliquent des phénomènes physiques vus dans le ciel me paraît désormais hors de doute; toute la discussion me semble porter sur la question de savoir si ces phénomènes sont naturels ou non, et sur les critères permettant d'en décider. Or, ce qu'il y a d'intéressant dans la vague belge, c'est le nombre de cas, la quantité de témoignages faisant état de formes structurées observées en même temps, parfois de très près, par des témoins multiples.
En effet, tant qu'un témoin est seul, comme dans la plupart des RR3, on a des raisons d'attribuer la richesse de détails structurés rapportés par ce dernier à une fantasmagorie de son imagination, ou du moins on ne peut l'exclure. Le cas de Jabreilles-les-Bordes, dont j'ai pu rencontrer le témoin, est typique de cette catégorie de récits faisant état d'une structure vue de très près - à cette différence près que la chose vue à Jabreilles était, semble-t-il, posée au sol - mais, précisément, il s'agit d'un cas isolé, et d'un témoin unique; conditions qui ne permettent pas d'exclure totalement l'hypothèse que le témoin n'aurait pas reconnu un hélicoptère, ou bien que son récit serait une fantasmagorie. Or, en Belgique, entre 89 et 93, il ne s'agit pas de cas isolés, mais d'un phénomène de masse, impliquant des témoins multiples.
Un autre trait particulier de cette vague, c'est que l'on y voit parfois fusionner les deux catégories que j'ai citées: des objets aux structures nettes, avec de puissants projecteurs, évoquant des artefacts, et des phénomènes physiques incompréhensibles liés à ces objets, comme dans le cas du 29 novembre.
Les deux premières hypothèses sont celles du réductionnisme classique. La troisième, qui envisage une nouveauté radicale - à savoir la possibilité que nous serions confrontés à une intelligence non humaine, ce qui n'est pas peu envisager - continue de le faire sous l'angle classique d'une réalité physique ou perceptive quelconque passant à travers les filtres de l'esprit humain.
L'hypothèse la plus difficile à penser dans nos cadres actuels est évidemment la dernière, car elle revient à englober les ovnis dans le registre des phénomènes paranormaux, à les assimiler à une sorte de poltergeist planétaire. Cette assimilation ne manque pas d'arguments, que j'ai relevés jadis, avec d'autres auteurs, notamment François Favre: les ovnis ont en commun, avec les phénomènes paranormaux, leur caractère intentionnel, élusif, thématique, plastique, leur mimétisme par rapport à la culture et aux attentes d'une époque, etc.
Voici pourtant les raisons qui me conduisent à laisser de côté pour le moment cette hypothèse.
La première est d'ordre tactique: les phénomènes paranormaux étant déjà refusés par la communauté scientifique, y avoir recours pour "expliquer" les ovnis, c'est tendre la corde pour se faire battre. Tout cela a déjà été dit et redit. Mais, surtout, l'assimilation des ovnis aux phénomènes paranormaux me paraît problématique à cause de la nature des matériaux sur lesquels nous travaillons, c'est-à-dire des témoignages. Les phénomènes paranormaux qualitatifs qui permettent d'établir la comparaison avec les ovnis (les poltergeist, et surtout les effets physiques produits par des médiums) ont été étudiés en laboratoire, ou tout au moins dans des conditions d'observation supérieures à celles qu'offrent les ovnis; il s'agit de matériaux déjà triés et épurés; alors que la plupart des rapports d'ovnis, selon toute vraisemblance, dans beaucoup de cas, amalgament des matériaux très disparates, de sorte que les traits qui semblent permettre de les lier au paranormal risquent fort d'être le produit d'une élaboration ultérieure.
Bien des cas qui possédaient à première vue la structure des phénomènes paranormaux ont pu être expliqués en termes socio-psychologiques tout à fait classiques; c'est donc que la structure en question a été plaquée sur le phénomène, au lieu de l'informer de l'intérieur. J'ajouterai que la ressemblance indéniable entre les ovnis et les phénomènes paranormaux n'implique pas nécessairement l'assimilation des premiers aux seconds. La bactérie et l'homme possèdent des traits communs, du fait qu'ils sont tous les deux des êtres vivants, mais pour autant les hommes ne sont pas des bactéries; de même la ressemblance entre les ovnis et les phénomènes paranormaux pourrait venir de ce qu'ils appartiennent tous deux à la sphère de la pensée, sans que pour autant nous puissions penser leur différence.
Aimé Michel avait résumé cela par une de ces formules dont il avait le secret (je cite de mémoire): "Il y a des traits communs entre le tissu des chairs de l'escargot et la peau des fesses de Newton, mais si je veux connaître la gravitation universelle, je commettrai une erreur en allant à la chasse aux escargots."
En définitive je pense que le point sur lequel nous devons concentrer notre attention est le passage entre l'hypothèse 2a et l'hypothèse 2b. En d'autres termes, entre l'hypothèse de phénomènes physiques naturels, et celle des artefacts. Sur ce point, je vais y revenir, la vague belge est très intéressante.
*****
Je vais maintenant utiliser la SF comme discriminant, pour repérer ce qui vient de l'homme dans les rapports. Si l'on classe les récits relatifs aux ovnis en fonction de leur teneur décroissante en SF, on obtient l'échelle suivante:
1- Il y a d'abord les récits fantastiques de la lunatic fringe américaine relatifs aux combats qui opposeraient les différents types d'entités extraterrestres (reptiliennes, angéliques, etc.) censées venir nous visiter. Cette littérature nous place en pleine gigantomachie cosmique, elle raconte, en version américaine, les gestes des dieux, sans même rechercher un ancrage légendaire. Nous sommes ici dans le mythe stricto-sensu.
2- Il y a ensuite tout ce qui circule sur Roswell, toutes les rumeurs sur les pactes que les Américains auraient passés avec les Aliens, sur les transferts de technologie qu'ils auraient obtenus en compensation de la location de bases, ou en démontant les épaves des ovnis écrasés dans le désert. Nous sommes maintenant plutôt du côté de la légende. Dire que ces légendes sont nourries de SF est encore peu dire: c'est de la SF. J'ai en tête un roman de 1858 qui raconte un crash d'ovnis dans le désert américain; on découvre au fil de l'intrigue que les Russes ont accordé une base en Sibérie aux Extraterrestres pour obtenir en échange de la technologie, et se sont fait avoir: inexorablement la base a grandi dans la Toundra, comme en cancer...
3- Viennent ensuite les récits des contactés des années cinquante, avec leurs messages messianico-politiques, à apporter aux chefs d'Etat, messages eux-mêmes directement inspirés de la SF d'avant guerre.
4- Puis il y a les récits d'enlèvements de la période moderne, en gros, à partir de Villas Boas et des Hill, jusqu'aux récents développements de la casuistique américaine.
5- Puis les rapports de RR3.
6- Enfin, il y a les phénomènes vus dans le ciel, les ballets aériens effets spéciaux, les choses vues à faible distance du sol, les survols, les quasi-atterrissages, etc.
Selon moi, la teneur mythologique des trois premiers niveaux de récits est telle, qu'il est vain d'en chercher le résidu objectif. Toute la littérature que l'on a consacrée à Roswell, aux transferts de technologie, etc., est vaine, et contribue à discréditer l'ufologie. (Je veux dire: l'ufologie des botanistes; elle est au contraire passionnante pour celle des ethnobotanistes). Ici, ce n'est pas l'"enduit mythique" qui tombe, pour laisser apparaître quelque chose en dessous: c'est l'enduit lui-même qui est le phénomène. Pour prendre une nouvelle comparaison, il y a des animaux fantastiques, comme la chimère, des animaux réels très riches au plan du mythe, comme l'aigle, ou le scarabée, et des animaux mythiquement plus neutres (encore qu'on trouvera difficilement des animaux qui soient mythiquement absolument neutres). Les trois premières catégories racontent des histoires de chimères, les catégories 4 et 5 peuvent éventuellement avoir trait à des animaux réels surchargés de significations mythiques, et la dernière catégorie nous renvoie à des animaux peu sollicités par le mythe. Voyons cela de plus près.
Les catégories de récits 4 et 5 (enlèvements et RR3) sont dans une zone mixte troublante, où l'enduit se mêle peut-être à quelques parties plus résistantes. Mais il faut encore distinguer les rencontres rapprochées avec ou sans humanoïdes, et les enlèvements. L'ancrage objectif des récits d'enlèvements est très pauvre. Il y a peu ou pas de traces au sol. Les éléments objectifs allégués (implants, marques sur le corps, transports...) sont en général ambigus, élusifs, et toujours susceptibles d'explications plus simples. D'autre part, leur teneur en thèmes de SF est très forte, la part humaine, individuelle et collective, considérable; je renvoie sur ce point à mon livre En soucoupes volantes, et à la démonstration plus récente et plus fouillée de Michel Meurger. Les RR3, en revanche, sont mieux lestées d'éléments objectifs. Il a des traces au sol, dont beaucoup sont impossibles à apprécier, parce qu'elles n'ont pu être étudiées à temps et par les personnes compétentes. En même temps, les récits de RR3, comme ceux d'enlèvements, mais à un moindre degré, sont pleins d'éléments de SF, surtout en Amérique du Sud. Mais la dimension d'étrangeté de ces rapports fait qu'ils ne sont pas la simple reduplication de récits de SF. Comparez les récits des contactés des années cinquante, et les récits d'enlèvements, la différence saute aux yeux. Ils sont beaucoup plus étranges. Les récits des années cinquante, pourrait-on dire, sont hyperréalistes, tandis que ceux des années quatre-vingt sont surréalistes.
Enfin reste la dernière catégorie: c'est là que l'implication factuelle, l'idée que l'on est en face de phénomènes physiques, d'objets solides, est la plus forte; c'est en même temps là que le repérage de l'enduit SF est le moins évident: en effet, plus la description se focalise sur un objet à la structure simple, et plus il devient difficile de prouver que la coïncidence entre le récit de SF et le rapport d'ovni n'est pas une projection de ressemblance. Je m'explique. Supposons un récit relatant 1) l'irruption d'un objet en forme de sphère, ou de cigare; 2) produisant une lumière puissante; 3) piloté par de petits humanoïdes à grosse tête; 2) qui se pose et enlève des cobayes; 3) lesquels subissent une opération chirurgicale consistant à implanter de petits objets dans leur corps, etc. Ce sont là des récits de SF classiques des années trente, et c'est devenu des récits classiques d'abductees, moyennant une subtile transformation. Les deux trames se superposent, au point qu'il est impossible d'attribuer une telle coïncidence au hasard. Supposons maintenant que l'on ait seulement un récit décrivant une sphère ou un cigare à la coque parfaitement lisse et émettant un pinceau de lumière: certes, la SF a décrit à profusion de tels engins, certes, de telles descriptions sont fréquentes dans le contexte ovni; mais, pour autant, on ne pourra jamais exclure une projection humaine de ressemblance, car, dans l'espace à trois dimensions, le nombre des formes possibles est limité.
Maintenant, il faut que j'affine encore la discussion. Cette dernière catégorie des "choses vues dans le ciel" englobe des phénomènes différents, qui peuvent se classer en deux sous-catégories. Les plus fréquemment observés sont des phénomènes plus ou moins lumineux, aux contours plus ou moins définis, mais aussi parfois des objets d'apparence solide, que l'on voit effectuer divers déplacements erratiques dans le ciel, fusionner, se dissocier, se livrer à un étrange ballet réglé, qui peut, dans certains cas, durer assez longtemps.
Je viens d'enquêter un cas de ce type. Le témoin est une américaine vivant en France depuis trois décennies au moins, et d'ailleurs mariée à un français. Il s'agit d'une artiste cotée, qui enseigne l'esthétique dans une université parisienne. Son observation s'est déroulée le 15 août 1972, au-dessus du cap Camarat. Il est midi, cette dame et son mari sont en train de pique-niquer dans une pinède. Le temps est beau et calme. Il y a des nuages, mais qui sont immobiles, faute de vent. En dessous, il y a la mer, derrière, la chaîne des Maures. Soudain l'attention du témoin est attirée par un mouvement dans le ciel. Deux formes sombres, qu'elle a d'abord prises pour des nuages basculent sur elles-mêmes, et filent à grande vitesse vers la chaîne des Maures. Comme elle les suit des yeux, elle voit surgir au-dessus de la chaîne de montagne six points noirs qui se rapprochent à grande vitesse. Elle les prend d'abord pour des hélicoptères; mais, comme ils se rapprochent, elle n'entend aucun bruit et s'aperçoit que leur forme est ovale. Elle appelle alors son mari et le couple suit la progression de ces objets insolites. A partir de cela, et pendant 45 minutes, le phénomène va répéter une sorte de ballet. Les objets filent vers la chaîne des Maures, reviennent à grande vitesse, se rejoignent et fusionnent. La scène est complexe à décrire, et le temps a effacé certains souvenirs, mais le témoin, qui est artiste, a dessiné sur-le-champ ce qu'elle voyait, et noté certains scènes. Ce sont elles qu'elle relate, en regardant ses notes et ses dessins, qu'elle a conservés. Par exemple, à un moment, les objets ont pris la forme de six barres horizontales parfaitement rectangulaires, de couleur noire, qui ont composé diverses figures en fusionnant. Ainsi, les barres se sont rejointes par le bout de manière à former un V. Ensuite, les objets sont apparus sous la forme de deux espèces de cloches horizontales de couleur orange, que le témoin a comparé à des "seins". Le "sein" de gauche a diminué rapidement pour redevenir une barre horizontale, et l'autre est resté plein et lumineux. La dernière image que cette dame a gardé en mémoire est celle d'une boule orange, qui a disparu sans qu'elle se souvienne comment.
La seconde catégorie comporte des descriptions d'objets structurés, aux arêtes nettement définies, avec détails de structure, etc.; bref, tous les éléments qui conduisent un esprit humain normalement constitué à suspecter un artefact. Mais, comme on l'a vu en Belgique, il arrive que ces deux catégories fusionnent.
Le première catégorie est la plus représentée, pour la bonne raison que pour voir des détails de structure, il faut être près, et que ces phénomènes sont malheureusement vus de loin plus souvent que de près. Tant que les phénomènes sont vus de loin, on peut faire l'hypothèse que les détails de structure sont ajoutés par l'imagination humaine, nourrie de SF. On a ainsi un modèle simple: un ou des phénomènes naturels, sur lesquels broderait l'imagination humaine, avec son équipement du moment. Il y aurait bien un fond objectif du ou des phénomène(s) ovni, mais ce seraient des phénomènes naturels.
Le grand intérêt de la vague belge, me semble-t-il, comme j'ai essayé de le montrer, est de rendre cette hypothèse plus difficile à tenir, et de renforcer l'hypothèse selon laquelle nous assisterions à l'intrusion inopinée, dans notre environnement, d'objets apparemment solides dont le mode de comportement et la structure invitent, à vues humaines, à les apparenter à des artefacts. Pour dire les choses plus simplement, que certains témoignages d'ovnis impliquent des phénomènes physiques vus dans le ciel me paraît désormais hors de doute; toute la discussion me semble porter sur la question de savoir si ces phénomènes sont naturels ou non, et sur les critères permettant d'en décider. Or, ce qu'il y a d'intéressant dans la vague belge, c'est le nombre de cas, la quantité de témoignages faisant état de formes structurées observées en même temps, parfois de très près, par des témoins multiples.
En effet, tant qu'un témoin est seul, comme dans la plupart des RR3, on a des raisons d'attribuer la richesse de détails structurés rapportés par ce dernier à une fantasmagorie de son imagination, ou du moins on ne peut l'exclure. Le cas de Jabreilles-les-Bordes, dont j'ai pu rencontrer le témoin, est typique de cette catégorie de récits faisant état d'une structure vue de très près - à cette différence près que la chose vue à Jabreilles était, semble-t-il, posée au sol - mais, précisément, il s'agit d'un cas isolé, et d'un témoin unique; conditions qui ne permettent pas d'exclure totalement l'hypothèse que le témoin n'aurait pas reconnu un hélicoptère, ou bien que son récit serait une fantasmagorie. Or, en Belgique, entre 89 et 93, il ne s'agit pas de cas isolés, mais d'un phénomène de masse, impliquant des témoins multiples.
Un autre trait particulier de cette vague, c'est que l'on y voit parfois fusionner les deux catégories que j'ai citées: des objets aux structures nettes, avec de puissants projecteurs, évoquant des artefacts, et des phénomènes physiques incompréhensibles liés à ces objets, comme dans le cas du 29 novembre.
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Re: Retour sur la vague belge par Bertrand Méheust
Ven 11 Jan 2008, 22:48
Ces ballets aériens et leurs effets spéciaux recueillis depuis 50 ans en divers endroits de la planète, nous placeraient ainsi devant le fond objectif du phénomène, et les autres manifestations que l'on range dans la catégorie des ovnis seraient en réalité des concrétions psycho-culturelles ajoutées par l'esprit humain, analogues à l'ensemble étrange de croyances et de pratiques suscitées chez les Mélanésiens par l'arrivée des Blancs, et que les ethnologues nomment les cultes du cargo. Si cette hypothèse est exacte, elle remet en cause la conception de l'ufologie classique, selon laquelle les niveaux de la classification d'Hynek seraient la déclinaison d'un phénomène unique dans son interaction avec les hommes. Pour que cette conception tienne, il faudrait que la catégorie qui fait le lien entre toutes les autres, celle des enlèvements, soit la mieux étayée, or on a vu que sa teneur mythologique est très forte. Je sais bien que l'ufologie classique s'était efforcée de rendre compte de cette teneur mythologique des RR3-4 et des récits de contactés en l'attribuant à la "volonté" du "Phénomène" d'induire, par mimétisme, des contenus psychiques propres aux cultures; c'est ainsi, par exemple, que Pierre Guérin avait réagi à la lecture de Science-fiction et soucoupes volantes. Mais je ne vois pas comment une thèse de ce genre pourrait jamais être démontrable. On aurait des arguments en ce sens si les contactés, par exemple, recevaient des messages à contenu scientifique révolutionnaire; mais si c'était le cas, cela se saurait; Jean-Pierre Petit n'est jamais parvenu à nous convaincre qu'il ne tire pas de son propre fonds ses théories sur la MHD, et que les Ummites y sont pour quelque chose. Le problème est le même que celui des médiums spirites: on n'a jamais pu prouver de façon convaincante que leurs messages étaient inspirés par des décédés.
*****
Je termine sur le point le plus difficile. Le fait que cette catégorie d'observations semble moins contaminée par des scories mythiques que les autres n'implique pas pour autant qu'elle débarque dans un vide culturel préalable. En fait, elle a été précédée par un ensemble de textes de SF auxquels j'ai consacré un chapitre de Science-fiction et soucoupes volantes, textes dans lesquels les auteurs cherchent à imaginer les manifestations d'une pensée non humaine en puisant de nouveaux modèles dans la physique: phénomènes électriques, électromagnétiques, plasmoïdes, foudre globulaire, etc. Un des auteurs les plus représentatifs de cette veine imaginaire est l'Américain Abraham Merritt, qui, dans les années vingt, confronte ses héros aux manifestations incompréhensibles d'êtres énergétiques.
Plus ancien, le Français Rosny-Aîné nous décrit un groupe d'entités énergétiques en proie à diverses métamorphoses. Il s'agit des Xipéhus, des êtres non-humains auxquels sont confrontés des hommes préhistoriques. "Au loin, dans la transparence fraîche du matin, coulait la jolie source; sur les bords, réunie, la troupe fantastique des Formes resplendissait; leur couleur avait varié. Les Cônes étaient plus compacts; leur teinte turquoise ayant verdi, les Cylindres se muaient de violet et les Strates ressemblaient à du cuivre vierge. Mais chez toutes, l'Etoile pointait ses rayons qui, même à la lumière diurne, éblouissaient. La métamorphose s'étendait aux contours des fantasmagoriques Entités: des Cônes tendaient à s'élargir en cylindres. Des Cylindres se déployaient, tandis que des Strates se curvaient partiellement. (...). Les Xipéhus se réunissent par groupes de trois, et ces groupes, peu à peu, finissent par n'en former qu'un seul, étroitement amalgamé, et disposé en ellipse très longue."
D'où vient ce type de fictions, qui anticipent les ballets aériens des ovnis et certains de leurs effets spéciaux? L'auteur ne s'est-il pas inspiré, comme on me l'a souvent suggéré, d'observations réelles de phénomènes inconnus? Si cette possibilité n'est pas à exclure, je continue de penser qu'elle reste marginale, et que le ressort fondamental de ce type de récits est de chercher de nouveaux modèles dans la physique naissante, dans les énergies encore mal définies que l'on est en train de définir à la fin du XIXe siècle, modèles qui fusionnent avec la riche thématique mythico-religieuse de la lumière de gloire et des entités de lumière. Tout cela permet de créer un hybride étrange de religion et de science propre à fasciner et à dépayser les esprits. Bref, ces êtres énergétiques de la SF, qui ressemblent tant à certaines de nos manifestations d'ovnis, résultent selon moi, tout simplement de l'influence de la science sur l'imaginaire.
Mais j'en arrive au point central. Cet imaginaire est daté, historiquement et culturellement. On ne trouvera pas dans la littérature, avant le milieu du XIXe siècle, des descriptions d'êtres énergétiques comme ceux d'Abraham Merritt, ou comme les Xipéhus de Rosny-Aîné. Or, c'est quelques décennies plus tard que les ballets aériens commencent à s'extraire des anciens prodiges, et à être perçus, de façon plus nette, comme des phénomènes physiques inexpliqués. Comment rendre compte de cette coïncidence?
Pour suggérer une réponse, il me faut faire un petit détour par la SF, car son rôle dans cette affaire est difficile à apprécier si on ne distingue pas, au préalable, son rôle prédictif et son rôle performatif. On m'a souvent objecté que la SF a pu prévoir les ovnis de 1947 comme elle a prévu les fusées ou les sous-marins. En réalité, quand elle est prédictive, elle l'est toujours dans un sens restreint: il s'agit de broder sur des possibles à court terme, d'extrapoler des situations présentes. C'est ainsi que Jules Verne "prédit" le sous-marin, etc.; et, pour prendre une exemple récent, c'est ainsi que Dick Clancy raconte, avant le 11 septembre, l'attaque de gratte-ciel par des terroristes kamikazes qui se sont emparés d'un avion de ligne. Mais, quand elle est prédictive, la SF est toujours, en même temps, performative: elle suggère la réalisation de ce qu'elle prédit, elle en fournit même le modèle; ainsi, les terroristes du 11 septembre ont très bien pu s'inspirer du roman de Clancy. En revanche, quand elle explore des possibles à long terme, la SF ne prédit plus rien de précis, elle crée seulement de l'imaginaire, sur fond de possibilités très générales, elle est seulement performative. Ainsi, quand elle imagine des extraterrestres venus d'une autre galaxie, la SF ne prédit rien, elle bricole un imaginaire avec l'équipement du moment. Acceptez-vous l'idée que la SF de 1887 est prédictive quand elle imagine des êtres énergétiques, ou les extraterrestres avec tout leur équipement? Personnellement, je ne le peux pas. Une telle fiction est trop décalée de toutes nos connaissances pour donner prise à une prédiction quelconque.
Résumons nous: la SF ne peut être prédictive sans être quelque part performative, mais elle peut être performative sans être prédictive. Maintenant, il me faut encore distinguer deux niveaux dans la SF. D'abord, une littérature très populaire, celle des Pulps américains des années vingt et trente, où ont été forgés les stéréotypes, les thèmes, etc., qui resurgissent dans les enlèvements américains. Ensuite, une littérature plus ésotérique, comme celle que j'ai citée, avec Rosny ou Merritt. Je doute que leurs fictions aient imprégné les esprits au point de d'influencer les témoignages. On se trouve ainsi devant le problème suivant: si la littérature décrivant les êtres énergétiques et les prodiges technologiques ne peut pas être prédictive, et si elle est également peu performative, comment alors expliquer la coïncidence? N'est-ce pas plutôt que nous la fabriquons, ou du moins que nous la forçons? C'est probablement en partie vrai.
Mais il reste à expliquer pourquoi, au moment où cet imaginaire se développe, surgit un phénomène étrange qui, à tout le moins, lui fait écho. C'est pourquoi je crois plus intéressant de formuler le problème autrement. Le fait qu'à la même époque, vers la fin du XIXe siècle, on voie surgir un phénomène inédit, celui des ballets aériens à effets spéciaux, et un imaginaire qui lui correspond, suggère que les transformations de l'imaginaire humain imputables au développement des sciences et des techniques ont permis le repérage de quelque chose qui s'est sans doute manifesté tout au long de l'histoire, mais que l'on saisissait dans le passé à travers l'imaginaire des présages et des prodiges, imaginaire, comme vous le savez, surchargé de connotations affectives, religieuses, politiques... Autrement dit l'imaginaire en général, et celui de la SF particulièrement, semble avoir une autre fonction sous jacente, celle de nous permettre de repérer et d'accueillir des réalités nouvelles.
L'histoire des idées abonde en exemples de cas analogues: c'est une modification de l'idée d'infini, et donc un raisonnement théologique, qui a conduit Giordano Bruno à voir dans ces minuscules points de lumière qui parsèment la voûte céleste des soleils situés à des distances immenses; de même, il est frappant de constater que les fossiles commencent à être perçus comme problèmes quand se modifie notre perspective temporelle, et que l'idée d'histoire s'installe dans la conscience européenne, au XVIIe siècle.
J'espère que vous ne m'en voudrez pas si j'ai semblé parfois couper les cheveux en quatre: c'est un domaine où tout le monde se perd, moi y compris, et où il importe avant tout de s'efforcer de distinguer soigneusement des plans.
http://www.ovni.ch/home/frame4.htm
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Je termine sur le point le plus difficile. Le fait que cette catégorie d'observations semble moins contaminée par des scories mythiques que les autres n'implique pas pour autant qu'elle débarque dans un vide culturel préalable. En fait, elle a été précédée par un ensemble de textes de SF auxquels j'ai consacré un chapitre de Science-fiction et soucoupes volantes, textes dans lesquels les auteurs cherchent à imaginer les manifestations d'une pensée non humaine en puisant de nouveaux modèles dans la physique: phénomènes électriques, électromagnétiques, plasmoïdes, foudre globulaire, etc. Un des auteurs les plus représentatifs de cette veine imaginaire est l'Américain Abraham Merritt, qui, dans les années vingt, confronte ses héros aux manifestations incompréhensibles d'êtres énergétiques.
Plus ancien, le Français Rosny-Aîné nous décrit un groupe d'entités énergétiques en proie à diverses métamorphoses. Il s'agit des Xipéhus, des êtres non-humains auxquels sont confrontés des hommes préhistoriques. "Au loin, dans la transparence fraîche du matin, coulait la jolie source; sur les bords, réunie, la troupe fantastique des Formes resplendissait; leur couleur avait varié. Les Cônes étaient plus compacts; leur teinte turquoise ayant verdi, les Cylindres se muaient de violet et les Strates ressemblaient à du cuivre vierge. Mais chez toutes, l'Etoile pointait ses rayons qui, même à la lumière diurne, éblouissaient. La métamorphose s'étendait aux contours des fantasmagoriques Entités: des Cônes tendaient à s'élargir en cylindres. Des Cylindres se déployaient, tandis que des Strates se curvaient partiellement. (...). Les Xipéhus se réunissent par groupes de trois, et ces groupes, peu à peu, finissent par n'en former qu'un seul, étroitement amalgamé, et disposé en ellipse très longue."
D'où vient ce type de fictions, qui anticipent les ballets aériens des ovnis et certains de leurs effets spéciaux? L'auteur ne s'est-il pas inspiré, comme on me l'a souvent suggéré, d'observations réelles de phénomènes inconnus? Si cette possibilité n'est pas à exclure, je continue de penser qu'elle reste marginale, et que le ressort fondamental de ce type de récits est de chercher de nouveaux modèles dans la physique naissante, dans les énergies encore mal définies que l'on est en train de définir à la fin du XIXe siècle, modèles qui fusionnent avec la riche thématique mythico-religieuse de la lumière de gloire et des entités de lumière. Tout cela permet de créer un hybride étrange de religion et de science propre à fasciner et à dépayser les esprits. Bref, ces êtres énergétiques de la SF, qui ressemblent tant à certaines de nos manifestations d'ovnis, résultent selon moi, tout simplement de l'influence de la science sur l'imaginaire.
Mais j'en arrive au point central. Cet imaginaire est daté, historiquement et culturellement. On ne trouvera pas dans la littérature, avant le milieu du XIXe siècle, des descriptions d'êtres énergétiques comme ceux d'Abraham Merritt, ou comme les Xipéhus de Rosny-Aîné. Or, c'est quelques décennies plus tard que les ballets aériens commencent à s'extraire des anciens prodiges, et à être perçus, de façon plus nette, comme des phénomènes physiques inexpliqués. Comment rendre compte de cette coïncidence?
Pour suggérer une réponse, il me faut faire un petit détour par la SF, car son rôle dans cette affaire est difficile à apprécier si on ne distingue pas, au préalable, son rôle prédictif et son rôle performatif. On m'a souvent objecté que la SF a pu prévoir les ovnis de 1947 comme elle a prévu les fusées ou les sous-marins. En réalité, quand elle est prédictive, elle l'est toujours dans un sens restreint: il s'agit de broder sur des possibles à court terme, d'extrapoler des situations présentes. C'est ainsi que Jules Verne "prédit" le sous-marin, etc.; et, pour prendre une exemple récent, c'est ainsi que Dick Clancy raconte, avant le 11 septembre, l'attaque de gratte-ciel par des terroristes kamikazes qui se sont emparés d'un avion de ligne. Mais, quand elle est prédictive, la SF est toujours, en même temps, performative: elle suggère la réalisation de ce qu'elle prédit, elle en fournit même le modèle; ainsi, les terroristes du 11 septembre ont très bien pu s'inspirer du roman de Clancy. En revanche, quand elle explore des possibles à long terme, la SF ne prédit plus rien de précis, elle crée seulement de l'imaginaire, sur fond de possibilités très générales, elle est seulement performative. Ainsi, quand elle imagine des extraterrestres venus d'une autre galaxie, la SF ne prédit rien, elle bricole un imaginaire avec l'équipement du moment. Acceptez-vous l'idée que la SF de 1887 est prédictive quand elle imagine des êtres énergétiques, ou les extraterrestres avec tout leur équipement? Personnellement, je ne le peux pas. Une telle fiction est trop décalée de toutes nos connaissances pour donner prise à une prédiction quelconque.
Résumons nous: la SF ne peut être prédictive sans être quelque part performative, mais elle peut être performative sans être prédictive. Maintenant, il me faut encore distinguer deux niveaux dans la SF. D'abord, une littérature très populaire, celle des Pulps américains des années vingt et trente, où ont été forgés les stéréotypes, les thèmes, etc., qui resurgissent dans les enlèvements américains. Ensuite, une littérature plus ésotérique, comme celle que j'ai citée, avec Rosny ou Merritt. Je doute que leurs fictions aient imprégné les esprits au point de d'influencer les témoignages. On se trouve ainsi devant le problème suivant: si la littérature décrivant les êtres énergétiques et les prodiges technologiques ne peut pas être prédictive, et si elle est également peu performative, comment alors expliquer la coïncidence? N'est-ce pas plutôt que nous la fabriquons, ou du moins que nous la forçons? C'est probablement en partie vrai.
Mais il reste à expliquer pourquoi, au moment où cet imaginaire se développe, surgit un phénomène étrange qui, à tout le moins, lui fait écho. C'est pourquoi je crois plus intéressant de formuler le problème autrement. Le fait qu'à la même époque, vers la fin du XIXe siècle, on voie surgir un phénomène inédit, celui des ballets aériens à effets spéciaux, et un imaginaire qui lui correspond, suggère que les transformations de l'imaginaire humain imputables au développement des sciences et des techniques ont permis le repérage de quelque chose qui s'est sans doute manifesté tout au long de l'histoire, mais que l'on saisissait dans le passé à travers l'imaginaire des présages et des prodiges, imaginaire, comme vous le savez, surchargé de connotations affectives, religieuses, politiques... Autrement dit l'imaginaire en général, et celui de la SF particulièrement, semble avoir une autre fonction sous jacente, celle de nous permettre de repérer et d'accueillir des réalités nouvelles.
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