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Sectes et soucoupes volantes entretien avec Jacques vallée (Octobre 1998)
Sam 12 Jan 2008, 22:40
SECTE, SUICIDE ET SOUCOUPES VOLANTES
Entretien publié dans Anomalies n°4 - Octobre 1998
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K. Harary — Quelle a été votre réaction quand vous avez appris les suicides de Heaven’s Gate ?
J. Vallée — Ma première réaction a été la colère. J’étais surtout en colère contre moi-même. J’avais parlé de ce groupe en 1979 dans mon livre OVNI, la grande manipulation, après avoir assisté à une de leurs réunions à l’Université Stanford. Ils nous avaient dit à quoi ils croyaient et j’ai essayé d’avertir les gens, mais j’aurais pu en faire beaucoup plus. Je les citais même quand ils disaient : « Ça ne vous coûte que la vie ! ». Je suis aussi en colère contre mes collègues de la recherche ovni pour n’y avoir pas prêté attention. Leur réaction à OVNI, la grande manipulation a été de dire que je faisais trop de bruit au sujet de ces groupes marginaux. Cet aspect du phénomène les effrayait, c’est pour cela qu’ils ont rejeté le livre.
K. Harary — Pourquoi pensez-vous que ces groupes sont importants ?
J. Vallée — Ce qui s’est passé avec Heaven’s Gate fait partie d’un système de croyance bien plus répandu qui se développe actuellement à de nombreux niveaux de la société. Nous voyons s’effacer la frontière entre les faits et les fantasmes, en partie parce que les gens ne sont plus capables de comprendre la science. La technologie s’est développée si rapidement que le public est prêt à croire n’importe quoi. On peut citer deux exemples avec les croyances qu’ont beaucoup de gens sur la vision à distance et sur l’intelligence extraterrestre. Le fait que nous admettions aujourd’hui qu’une autre vie peut exister dans l’univers ne signifie pas qu’il y ait des extraterrestres au Pentagone ou que leur vaisseau se cache derrière Hale-Bopp. Beaucoup de gens ont effectivement cru aux histoires d’extraterrestres arrivant avec la comète que racontaient des personnes soi-disant capables de vision à distance. Y compris un certain nombre d’ufologues réputés et influents. Les gens ont cru à ces histoires alors qu’il auraient pu vérifier auprès de n’importe quel observatoire ou de n’importe quel astronome, même amateur.
K. Harary — Vous dites que ces exemples montrent que les gens sont prêts à croire n’importe quoi et que les barrières entre la science et les fantasmes disparaissent. D’après vous, pourquoi cela arrive-t-il ?
J. Vallée — Il n’y a pas de réponses simples. C’est en partie dû au fait que, malgré sa complexité croissante, la science ne répond pas à de nombreuses questions importantes. C’est en partie dû au fait que les sceptiques ont refusé aux gens le droit d’explorer certaines zones. Ils se sont toujours efforcés de censurer les données relatives au paranormal. Les gens ne sont pas dupes ; ils savent que leurs observations sont réelles. Le public se trouve dont pris entre ce qu’il sait être des expériences réelles et les démentis des communautés académique et scientifique. Cela crée une dissonance, mais aussi un marché pour la fraude, tant en parapsychologie qu’en ufologie. Cela rend presque impossible toute recherche honnête et cela ouvre la porte aux mouvements religieux et spirituels extrémistes. Pour prendre un exemple ancien, Jim Jones avait rencontré quelqu’un qui l’avait convaincu qu’il était en contact avec Sirius. Les gens qui sont morts à Guyana croyaient qu’ils allaient être réincarnés sur une autre planète.
K. Harary — Y a-t-il d’autres exemples de ce phénomène ?
J. Vallée — Un autre exemple, mal connu aux États-Unis, est celui de l’Ordre du Temple Solaire. Quelques jours avant la tragédie de Heaven’s Gate, un troisième groupe de membres de l’Ordre du Temple Solaire, parmi lesquels des Français, se sont suicidés au Québec. J’étais en France à l’époque et le public était scandalisé. Les gens se demandaient comment les autorités avaient pu laisser cela arriver une troisième fois. Plus de 70 personnes étaient déjà mortes, en France puis en Suisse. L’Ordre du Temple Solaire compte plus de mille membres : il pourrait y avoir d’autres morts. La même chose pourrait arriver avec Heaven’s Gate. Je ne suis pas convaincu que leur véritable leader soit mort. Beaucoup de gens croient littéralement qu’il existe un niveau supérieur au-delà de la Terre. Ils croient qu’en sacrifiant leur vie, ils accéderont à un autre stade de l’existence. Comme l’a dit Applewhite à Stanford, il y a 22 ans : « Beaucoup de gens sont fatigués de jouer le jeu humain ».
K. Harary — Vous êtes en colère, mais je ne pense pas que les autorités ou qui que ce soit d’autre auraient pu empêcher ce dont vous parlez.
J. Vallée — Regardez l’Ordre du Temple Solaire : ce n’étaient pas seulement des gens aux croyances extrêmes ; ils étaient habilement manipulés, y compris à l’aide d’images holographiques perfectionnées qui servaient à faire apparaître de faux extraterrestres. Des projecteurs d’hologrammes haut de gamme, de la qualité de ceux utilisés à Hollywood, ont été découverts dans une des maisons qui n’ont pas brûlé entièrement. Un des survivants a raconté ses expériences au sein du groupe. Ce qui a fait de lui un adepte, c’est la vision, dans le ciel au-dessus de la villa, d’une coupe verte scintillante : le saint Graal. Ce genre d’expérience vous donne le sentiment d’être quelqu’un de spécial. Ces projections faisaient partie d’une initiation. Ce n’est que bien plus tard qu’il a compris comment on l’avait abusé.
K. Harary — Il y a de quoi se demander pourquoi les ufologues ne sont pas partis en guerre contre ce genre de manigances. De la même manière, les parapsychologues en général n’ont pas prêté beaucoup d’attention aux affirmations outrancières de nombreux gourous quant à leurs prétendus pouvoirs psychiques. Voudraient-ils éviter que l’on examine de trop près leurs propres prétentions ?
J. Vallée — La fraude généralisée, qui touche autant la parapsychologie que l’ufologie, a atteint un tel niveau de manipulation que vous serez évincé si vous faites seulement mine de vous y intéresser. J’ai été évincé pour m’être intéressé à la fraude en ufologie, tout comme vous l’avez été pour vous être intéressé à la fraude en parapsychologie. Dans mon livre Révélations, j’ai essayé de mettre tout cela au grand jour et cela touche les gens. Cela me rassure un peu, car cela montre que le public commence à remettre en question la ligne du parti en ufologie.
K. Harary — Ce qui nous amène à la fascination actuelle pour les enlèvements par des extraterrestres. Voyez-vous un rapport ?
J. Vallée — Le « business » des enlèvements a beaucoup à voir avec cela. Nous avons ici des gens qui ont vécu une expérience authentique. Ces gens sont sincères. Ils racontent la vérité telle qu’ils l’ont vécue. Le problème, ce sont ces ufologues qui s’autoproclament chercheurs, mais qui n’ont qu’une expérience limitée de l’hypnose clinique. Ils emploient des techniques de régression hypnotique afin d’aider les gens à se souvenir de ce qu’ils ont vécu et, au cours de l’expérience, ils projettent leurs propres fantasmes dans l’esprit de leur sujet. Cela pose un double problème. Premièrement, le procédé est anti-scientifique, immoral et contraire à l’éthique.
Deuxièmement, cela produit un effet durable sur la vie des gens. Cela change leur vie. Et cela rend pratiquement impossible l’étude réelle du phénomène des enlèvements. C’est pour cela que je n’ai pas publié ma propre collection d’études de cas. Tout ce que je pourrais dire serait noyé dans le bruit ambiant. Je préfère continuer tranquillement mes recherches sur le terrain. Les membres de Heaven’s Gate cherchaient un contact conscient, délibéré avec les extraterrestres à travers la mort. Ils avaient poussé à son extrême la logique des déclarations abductionnistes [des partisans des enlèvements extraterrestres, ndlr]. Tout cela est très dangereux.
K. Harary — Cela faisait 25 ans que Heaven’s Gate parlait d’enlèvements par les extraterrestres : le « Niveau au-dessus de l'humain » (« Level Above Human »). Ils n’ont donc pas pu emprunter l’idée aux abductionnistes ou aux parapsychologues d’aujourd’hui. Mais sur le site internet d’Heaven’s Gate, on trouve une pleine page de liens qui vous emmèneront, en un « clic » de souris, au pays magique des délires extrémistes sur les ovnis et la vision à distance, des prétendues conspirations, des milices et des Davidiens. Je trouve très intéressant de voir qu’il existe, littéralement, un lien entre le site de Heaven’s Gate et ceux-là, y compris une page qui fait la promotion d’une émission de radio nocturne connue pour exploiter tous ces sujets sans grand sens critique. Comment expliquez-vous que Heaven’s Gate, dont l’histoire remonte à 25 ans, renvoie directement aux principaux thèmes exploités dans ces domaines ? Diriez-vous que l’état actuel de confusion qui règne dans l’esprit du public sur ces sujets ait pu avoir une influence quelconque sur la secte ?
J. Vallée — Lorsque j’ai assisté, il y a de nombreuses années, à la réunion à Stanford de Heaven’s Gate, qui à l’époque s’appelait HIM (pour « Human Individual Metamorphosis »), j’ai eu l’impression que les deux leaders s’attendaient à mourir bientôt. Ils ne savaient pas comment, mais ils étaient certains d’être ressuscités. C’était censé prouver au monde qu’ils avaient raison. Je n’ai pas eu l’impression à l’époque que le reste du groupe allait se suicider.
K. Harary — À l’origine, c’était exactement cela. Mais ce que j’ai appris, c’est que lorsque Bonnie Nettles est morte et n’a pas ressuscité, ils ont été choqués et il a fallu trouver un moyen d’expliquer cela. Alors Applewhite a raconté qu’il était en communication télépathique avec elle et il a changé sa doctrine : on pouvait toujours accéder au Niveau au-dessus de l’humain, mais on ne pouvait pas emmener son corps avec soi. Donc ce groupe, qui n’était pas suicidaire à l’origine, l’est devenu.
J. Vallée — Ils savaient que cela leur coûterait la vie, mais ils ne savaient pas comment.
Entretien publié dans Anomalies n°4 - Octobre 1998
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K. Harary — Quelle a été votre réaction quand vous avez appris les suicides de Heaven’s Gate ?
J. Vallée — Ma première réaction a été la colère. J’étais surtout en colère contre moi-même. J’avais parlé de ce groupe en 1979 dans mon livre OVNI, la grande manipulation, après avoir assisté à une de leurs réunions à l’Université Stanford. Ils nous avaient dit à quoi ils croyaient et j’ai essayé d’avertir les gens, mais j’aurais pu en faire beaucoup plus. Je les citais même quand ils disaient : « Ça ne vous coûte que la vie ! ». Je suis aussi en colère contre mes collègues de la recherche ovni pour n’y avoir pas prêté attention. Leur réaction à OVNI, la grande manipulation a été de dire que je faisais trop de bruit au sujet de ces groupes marginaux. Cet aspect du phénomène les effrayait, c’est pour cela qu’ils ont rejeté le livre.
K. Harary — Pourquoi pensez-vous que ces groupes sont importants ?
J. Vallée — Ce qui s’est passé avec Heaven’s Gate fait partie d’un système de croyance bien plus répandu qui se développe actuellement à de nombreux niveaux de la société. Nous voyons s’effacer la frontière entre les faits et les fantasmes, en partie parce que les gens ne sont plus capables de comprendre la science. La technologie s’est développée si rapidement que le public est prêt à croire n’importe quoi. On peut citer deux exemples avec les croyances qu’ont beaucoup de gens sur la vision à distance et sur l’intelligence extraterrestre. Le fait que nous admettions aujourd’hui qu’une autre vie peut exister dans l’univers ne signifie pas qu’il y ait des extraterrestres au Pentagone ou que leur vaisseau se cache derrière Hale-Bopp. Beaucoup de gens ont effectivement cru aux histoires d’extraterrestres arrivant avec la comète que racontaient des personnes soi-disant capables de vision à distance. Y compris un certain nombre d’ufologues réputés et influents. Les gens ont cru à ces histoires alors qu’il auraient pu vérifier auprès de n’importe quel observatoire ou de n’importe quel astronome, même amateur.
K. Harary — Vous dites que ces exemples montrent que les gens sont prêts à croire n’importe quoi et que les barrières entre la science et les fantasmes disparaissent. D’après vous, pourquoi cela arrive-t-il ?
J. Vallée — Il n’y a pas de réponses simples. C’est en partie dû au fait que, malgré sa complexité croissante, la science ne répond pas à de nombreuses questions importantes. C’est en partie dû au fait que les sceptiques ont refusé aux gens le droit d’explorer certaines zones. Ils se sont toujours efforcés de censurer les données relatives au paranormal. Les gens ne sont pas dupes ; ils savent que leurs observations sont réelles. Le public se trouve dont pris entre ce qu’il sait être des expériences réelles et les démentis des communautés académique et scientifique. Cela crée une dissonance, mais aussi un marché pour la fraude, tant en parapsychologie qu’en ufologie. Cela rend presque impossible toute recherche honnête et cela ouvre la porte aux mouvements religieux et spirituels extrémistes. Pour prendre un exemple ancien, Jim Jones avait rencontré quelqu’un qui l’avait convaincu qu’il était en contact avec Sirius. Les gens qui sont morts à Guyana croyaient qu’ils allaient être réincarnés sur une autre planète.
K. Harary — Y a-t-il d’autres exemples de ce phénomène ?
J. Vallée — Un autre exemple, mal connu aux États-Unis, est celui de l’Ordre du Temple Solaire. Quelques jours avant la tragédie de Heaven’s Gate, un troisième groupe de membres de l’Ordre du Temple Solaire, parmi lesquels des Français, se sont suicidés au Québec. J’étais en France à l’époque et le public était scandalisé. Les gens se demandaient comment les autorités avaient pu laisser cela arriver une troisième fois. Plus de 70 personnes étaient déjà mortes, en France puis en Suisse. L’Ordre du Temple Solaire compte plus de mille membres : il pourrait y avoir d’autres morts. La même chose pourrait arriver avec Heaven’s Gate. Je ne suis pas convaincu que leur véritable leader soit mort. Beaucoup de gens croient littéralement qu’il existe un niveau supérieur au-delà de la Terre. Ils croient qu’en sacrifiant leur vie, ils accéderont à un autre stade de l’existence. Comme l’a dit Applewhite à Stanford, il y a 22 ans : « Beaucoup de gens sont fatigués de jouer le jeu humain ».
K. Harary — Vous êtes en colère, mais je ne pense pas que les autorités ou qui que ce soit d’autre auraient pu empêcher ce dont vous parlez.
J. Vallée — Regardez l’Ordre du Temple Solaire : ce n’étaient pas seulement des gens aux croyances extrêmes ; ils étaient habilement manipulés, y compris à l’aide d’images holographiques perfectionnées qui servaient à faire apparaître de faux extraterrestres. Des projecteurs d’hologrammes haut de gamme, de la qualité de ceux utilisés à Hollywood, ont été découverts dans une des maisons qui n’ont pas brûlé entièrement. Un des survivants a raconté ses expériences au sein du groupe. Ce qui a fait de lui un adepte, c’est la vision, dans le ciel au-dessus de la villa, d’une coupe verte scintillante : le saint Graal. Ce genre d’expérience vous donne le sentiment d’être quelqu’un de spécial. Ces projections faisaient partie d’une initiation. Ce n’est que bien plus tard qu’il a compris comment on l’avait abusé.
K. Harary — Il y a de quoi se demander pourquoi les ufologues ne sont pas partis en guerre contre ce genre de manigances. De la même manière, les parapsychologues en général n’ont pas prêté beaucoup d’attention aux affirmations outrancières de nombreux gourous quant à leurs prétendus pouvoirs psychiques. Voudraient-ils éviter que l’on examine de trop près leurs propres prétentions ?
J. Vallée — La fraude généralisée, qui touche autant la parapsychologie que l’ufologie, a atteint un tel niveau de manipulation que vous serez évincé si vous faites seulement mine de vous y intéresser. J’ai été évincé pour m’être intéressé à la fraude en ufologie, tout comme vous l’avez été pour vous être intéressé à la fraude en parapsychologie. Dans mon livre Révélations, j’ai essayé de mettre tout cela au grand jour et cela touche les gens. Cela me rassure un peu, car cela montre que le public commence à remettre en question la ligne du parti en ufologie.
K. Harary — Ce qui nous amène à la fascination actuelle pour les enlèvements par des extraterrestres. Voyez-vous un rapport ?
J. Vallée — Le « business » des enlèvements a beaucoup à voir avec cela. Nous avons ici des gens qui ont vécu une expérience authentique. Ces gens sont sincères. Ils racontent la vérité telle qu’ils l’ont vécue. Le problème, ce sont ces ufologues qui s’autoproclament chercheurs, mais qui n’ont qu’une expérience limitée de l’hypnose clinique. Ils emploient des techniques de régression hypnotique afin d’aider les gens à se souvenir de ce qu’ils ont vécu et, au cours de l’expérience, ils projettent leurs propres fantasmes dans l’esprit de leur sujet. Cela pose un double problème. Premièrement, le procédé est anti-scientifique, immoral et contraire à l’éthique.
Deuxièmement, cela produit un effet durable sur la vie des gens. Cela change leur vie. Et cela rend pratiquement impossible l’étude réelle du phénomène des enlèvements. C’est pour cela que je n’ai pas publié ma propre collection d’études de cas. Tout ce que je pourrais dire serait noyé dans le bruit ambiant. Je préfère continuer tranquillement mes recherches sur le terrain. Les membres de Heaven’s Gate cherchaient un contact conscient, délibéré avec les extraterrestres à travers la mort. Ils avaient poussé à son extrême la logique des déclarations abductionnistes [des partisans des enlèvements extraterrestres, ndlr]. Tout cela est très dangereux.
K. Harary — Cela faisait 25 ans que Heaven’s Gate parlait d’enlèvements par les extraterrestres : le « Niveau au-dessus de l'humain » (« Level Above Human »). Ils n’ont donc pas pu emprunter l’idée aux abductionnistes ou aux parapsychologues d’aujourd’hui. Mais sur le site internet d’Heaven’s Gate, on trouve une pleine page de liens qui vous emmèneront, en un « clic » de souris, au pays magique des délires extrémistes sur les ovnis et la vision à distance, des prétendues conspirations, des milices et des Davidiens. Je trouve très intéressant de voir qu’il existe, littéralement, un lien entre le site de Heaven’s Gate et ceux-là, y compris une page qui fait la promotion d’une émission de radio nocturne connue pour exploiter tous ces sujets sans grand sens critique. Comment expliquez-vous que Heaven’s Gate, dont l’histoire remonte à 25 ans, renvoie directement aux principaux thèmes exploités dans ces domaines ? Diriez-vous que l’état actuel de confusion qui règne dans l’esprit du public sur ces sujets ait pu avoir une influence quelconque sur la secte ?
J. Vallée — Lorsque j’ai assisté, il y a de nombreuses années, à la réunion à Stanford de Heaven’s Gate, qui à l’époque s’appelait HIM (pour « Human Individual Metamorphosis »), j’ai eu l’impression que les deux leaders s’attendaient à mourir bientôt. Ils ne savaient pas comment, mais ils étaient certains d’être ressuscités. C’était censé prouver au monde qu’ils avaient raison. Je n’ai pas eu l’impression à l’époque que le reste du groupe allait se suicider.
K. Harary — À l’origine, c’était exactement cela. Mais ce que j’ai appris, c’est que lorsque Bonnie Nettles est morte et n’a pas ressuscité, ils ont été choqués et il a fallu trouver un moyen d’expliquer cela. Alors Applewhite a raconté qu’il était en communication télépathique avec elle et il a changé sa doctrine : on pouvait toujours accéder au Niveau au-dessus de l’humain, mais on ne pouvait pas emmener son corps avec soi. Donc ce groupe, qui n’était pas suicidaire à l’origine, l’est devenu.
J. Vallée — Ils savaient que cela leur coûterait la vie, mais ils ne savaient pas comment.
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Re: Sectes et soucoupes volantes entretien avec Jacques vallée (Octobre 1998)
Sam 12 Jan 2008, 22:40
K. Harary — Parlait-on beaucoup d’enlèvements extraterrestres à l’époque des débuts de Heaven’s Gate ?
J. Vallée — Le premier enlèvement rendu public, l’affaire Betty et Barney Hill, date de 1961 et il était connu du grand public à la fin des années 60. Mais parmi les amateurs d’ovnis, dans les années 50 et 60, on entendait déjà des histoires de
voyages vers d’autres planètes dans le discours des contactés. Ce genre d’histoire se rencontrait partout. L’idée du contact avec les extraterrestres, avec un niveau supérieur, était aussi présente à travers la théologie, y compris la croyance à la réincarnation, la communication avec les morts… Tout était là. Dans les années 40, il y avait à Los Angeles des groupes occultes qui allaient dans le désert pour essayer de faire venir les extraterrestres ; ils prétendaient rencontrer des entités vénusiennes. Cette idée d’évoquer des entités fait partie des croyances occultes les plus répandues. Les extraterrestres sont devenus une sorte de version abordable de l’évocation d’entités. Beaucoup de gens prennent cela au sérieux.
K. Harary — Vous pensez donc que l’émergence d’un groupe comme Heaven’s Gate n’était que la révélation inéluctable d’un phénomène qui couvait depuis très longtemps ? Ou s’agissait-il de gens qui avaient subi plus radicalement l’influence de toute la publicité faite aux histoires de vision à distance et d’ovnis ?
J. Vallée — C’était les deux, mais je crois qu’il y a une autre manière de voir que personne n’a évoquée : certaines tribus primitives, principalement en Amazonie, usent couramment du suicide comme d’un rituel destiné à inverser le temps, à cause de l’empiétement de la « civilisation ». Ils ne parviennent pas à concilier leur culture avec les productions modernes, avec une telle accélération de la technologie. Il y aura des poches au sein de la civilisation occidentale qui, de la même manière, ne pourront pas s’adapter à toute la technologie ni à la modification radicale de l’environnement. Il y a donc un contexte anthropologique plus large, un sentiment de profonde discontinuité dans la culture.
K. Harary — Pensez-vous que cela ait un rapport avec la raison pour laquelle tant de groupes tentent d’établir des rapprochements fallacieux entre la parapsychologie, l’ufologie et la spiritualité ?
J. Vallée — Ils essaient de résoudre la dissonance, l’ambiguïté entre les formidables progrès technologiques qui affectent nos vies et la manière dont nous avons appris à nous comporter.
K. Harary — Ma foi, je ne peux rien imaginer de plus ambigu que tout le charabia New Age, ni de plus concret que la technologie. Quelle sorte de réconfort pourrait-on vraiment trouver dans la plupart des croyances du New Age au sujet des
phénomènes psychiques ou des extraterrestres ? La seule idée réconfortante que je puisse trouver là-dedans, c’est que toute l’ambiguïté sera bientôt résolue par un cataclysme à la fin du millénaire. Mais ce n’est pas vraiment le genre d’idée qui puisse nous rassurer.
J. Vallée — Ces croyances permettent de résoudre un conflit. Il y a aussi ce merveilleux espoir de vivre un âge où tant de choses paraissent possibles… On se met à espérer que la vie puisse être cette merveilleuse expansion de nos horizons.
Mais la vie continue, vous perdez votre emploi, votre ordinateur tout neuf est dépassé… Et il y a beaucoup de charabia dans la technologie aussi ! La science, aujourd’hui, n’apporte aucun réconfort, aucun havre de sécurité pour l’esprit. Elle est en proie à la confusion.
K. Harary — C’est une époque passionnante et chacun espère que les nouvelles découvertes scientifiques permettront de résoudre les problèmes. Mais certains problèmes ne font que commencer. Céder aux croyances du New Age est une manière de se donner l’impression que l’on a le contrôle. Dans l’exemple le plus extrême, on prend le contrôle en se suicidant.
J. Vallée — J’étais dans une librairie récemment et j’ai entendu une femme demander le livre des Pléiades, qui contient toutes ces merveilleuses photos de soucoupes volantes en Suisse, mais qui s’est révélé être une supercherie. Elle le cherchait malgré tout, à n’importe quel prix. Il n’y a aucun moyen d’empêcher les gens qui veulent croire.
K. Harary — Êtes-vous toujours en colère ?
J. Vallée — Oui.
K. Harary — Êtes-vous en colère contre quelqu’un en particulier ?
J. Vallée — Surtout contre moi-même, parce que j’aurais pu en faire plus pour avertir les gens. Tous les signes étaient déjà là il y a 22 ans. Il doit exister un moyen de faire comprendre aux gens à quel point la situation est grave, de les faire réagir. Je pense à la réaction superficielle des ufologues et des médias à l’affaire Heaven’s Gate. Les adeptes de Heaven’s Gate n’avaient rien d’une bande de fous religieux. Ils étaient plutôt du genre étudiant diplômé : des gens instruits, sérieux, qui s’exprimaient bien, qui avaient renoncé à beaucoup de choses. Ce n’était pas des fanatiques religieux, pas des malades mentaux. Ils étaient même sympathiques.
J. Vallée — Le premier enlèvement rendu public, l’affaire Betty et Barney Hill, date de 1961 et il était connu du grand public à la fin des années 60. Mais parmi les amateurs d’ovnis, dans les années 50 et 60, on entendait déjà des histoires de
voyages vers d’autres planètes dans le discours des contactés. Ce genre d’histoire se rencontrait partout. L’idée du contact avec les extraterrestres, avec un niveau supérieur, était aussi présente à travers la théologie, y compris la croyance à la réincarnation, la communication avec les morts… Tout était là. Dans les années 40, il y avait à Los Angeles des groupes occultes qui allaient dans le désert pour essayer de faire venir les extraterrestres ; ils prétendaient rencontrer des entités vénusiennes. Cette idée d’évoquer des entités fait partie des croyances occultes les plus répandues. Les extraterrestres sont devenus une sorte de version abordable de l’évocation d’entités. Beaucoup de gens prennent cela au sérieux.
K. Harary — Vous pensez donc que l’émergence d’un groupe comme Heaven’s Gate n’était que la révélation inéluctable d’un phénomène qui couvait depuis très longtemps ? Ou s’agissait-il de gens qui avaient subi plus radicalement l’influence de toute la publicité faite aux histoires de vision à distance et d’ovnis ?
J. Vallée — C’était les deux, mais je crois qu’il y a une autre manière de voir que personne n’a évoquée : certaines tribus primitives, principalement en Amazonie, usent couramment du suicide comme d’un rituel destiné à inverser le temps, à cause de l’empiétement de la « civilisation ». Ils ne parviennent pas à concilier leur culture avec les productions modernes, avec une telle accélération de la technologie. Il y aura des poches au sein de la civilisation occidentale qui, de la même manière, ne pourront pas s’adapter à toute la technologie ni à la modification radicale de l’environnement. Il y a donc un contexte anthropologique plus large, un sentiment de profonde discontinuité dans la culture.
K. Harary — Pensez-vous que cela ait un rapport avec la raison pour laquelle tant de groupes tentent d’établir des rapprochements fallacieux entre la parapsychologie, l’ufologie et la spiritualité ?
J. Vallée — Ils essaient de résoudre la dissonance, l’ambiguïté entre les formidables progrès technologiques qui affectent nos vies et la manière dont nous avons appris à nous comporter.
K. Harary — Ma foi, je ne peux rien imaginer de plus ambigu que tout le charabia New Age, ni de plus concret que la technologie. Quelle sorte de réconfort pourrait-on vraiment trouver dans la plupart des croyances du New Age au sujet des
phénomènes psychiques ou des extraterrestres ? La seule idée réconfortante que je puisse trouver là-dedans, c’est que toute l’ambiguïté sera bientôt résolue par un cataclysme à la fin du millénaire. Mais ce n’est pas vraiment le genre d’idée qui puisse nous rassurer.
J. Vallée — Ces croyances permettent de résoudre un conflit. Il y a aussi ce merveilleux espoir de vivre un âge où tant de choses paraissent possibles… On se met à espérer que la vie puisse être cette merveilleuse expansion de nos horizons.
Mais la vie continue, vous perdez votre emploi, votre ordinateur tout neuf est dépassé… Et il y a beaucoup de charabia dans la technologie aussi ! La science, aujourd’hui, n’apporte aucun réconfort, aucun havre de sécurité pour l’esprit. Elle est en proie à la confusion.
K. Harary — C’est une époque passionnante et chacun espère que les nouvelles découvertes scientifiques permettront de résoudre les problèmes. Mais certains problèmes ne font que commencer. Céder aux croyances du New Age est une manière de se donner l’impression que l’on a le contrôle. Dans l’exemple le plus extrême, on prend le contrôle en se suicidant.
J. Vallée — J’étais dans une librairie récemment et j’ai entendu une femme demander le livre des Pléiades, qui contient toutes ces merveilleuses photos de soucoupes volantes en Suisse, mais qui s’est révélé être une supercherie. Elle le cherchait malgré tout, à n’importe quel prix. Il n’y a aucun moyen d’empêcher les gens qui veulent croire.
K. Harary — Êtes-vous toujours en colère ?
J. Vallée — Oui.
K. Harary — Êtes-vous en colère contre quelqu’un en particulier ?
J. Vallée — Surtout contre moi-même, parce que j’aurais pu en faire plus pour avertir les gens. Tous les signes étaient déjà là il y a 22 ans. Il doit exister un moyen de faire comprendre aux gens à quel point la situation est grave, de les faire réagir. Je pense à la réaction superficielle des ufologues et des médias à l’affaire Heaven’s Gate. Les adeptes de Heaven’s Gate n’avaient rien d’une bande de fous religieux. Ils étaient plutôt du genre étudiant diplômé : des gens instruits, sérieux, qui s’exprimaient bien, qui avaient renoncé à beaucoup de choses. Ce n’était pas des fanatiques religieux, pas des malades mentaux. Ils étaient même sympathiques.
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Points de Participation : 21511
Re: Sectes et soucoupes volantes entretien avec Jacques vallée (Octobre 1998)
Sam 12 Jan 2008, 22:40
K. Harary — Pas des fanatiques ?
J. Vallée — Non, pas eux. Applewhite l’était, mais pas ses adeptes, ceux que j’ai entendus à Stanford en 1975. Un fanatique possède toutes les réponses. Heaven’s Gate n’était pas comme cela.
K. Harary — Ils ont quand même dû atteindre un certain degré de certitude, à la fin.
J. Vallée — C’est évident. C’est le processus que nous devrions essayer de comprendre. Ce qui est surprenant c’est que, bien que les gens arrivent dans la secte avec l’esprit ouvert et avec beaucoup de questions sincères, ils finissent par cesser de s’interroger. Par exemple, ils ne demandent pas de preuves. Quelqu’un m’a écrit il y a 20 ans que, au cours de son travail avec le groupe, il était allé en pleine campagne pour appeler des ovnis, exactement comme les groupes ufologiques aujourd’hui. Mais où sont les photos qui le prouvent ?
K. Harary — Parlez-vous de Heaven’s Gate ou de n’importe qui ?
J. Vallée — De n’importe qui, à commencer par les adeptes de Bo et Peep. Les gourous parlaient d’un autre niveau, mais les disciples ne leur demandaient pas comment ils connaissaient son existence. Si je vous disais que le type à l’étage au-dessus est un extraterrestre, vous me diriez « Jacques, je vous connais et je vous fais confiance, mais comment le savez-vous ? ». Si je n’avais pas de bonne réponse logique, vous monteriez vérifier par vous-même. Vous ne vous contenteriez pas de ma parole pour admettre que le voisin du dessus est un extraterrestre. Personne [dans la secte, ndlr] ne posait la question : « Comment pouvez-vous en être sûr ? ». Ils avaient cessé de poser des questions. Nous voyons ce genre de chose aujourd’hui avec les groupes ovnis qui font payer les gens pour les emmener dans le désert observer le ciel. Certains affirment avoir vu des vaisseaux spatiaux lors de ces sorties, mais il n’y a pas la moindre preuve.
K. Harary — Dans ce cas, la question était posée par chaque membre individuellement et la réponse était apportée par la foi - une réponse au niveau de leur propre expérience personnelle, rien de vraiment tangible. Une ancienne adepte de Heaven’s Gate m’a raconté une expérience qu’elle a vécue juste avant de rejoindre la secte. Elle attendait un signe ; elle priait, elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour obtenir un signe qui lui prouverait l’existence d’un pouvoir supérieur dans l’univers. Elle se dit : « Si ces deux nuages se touchent, je considérerai cela comme un signe ». Elle finit par laisser tomber, car rien n’arrivait, et au moment précis où elle renonçait, la terre trembla et les deux nuages se séparèrent puis s’élevèrent en s’entremêlant. Elle a rencontré Bo et Peep juste après cet épisode. J’ai parlé à beaucoup de gens qui ont vécu des expériences similaires. Il leur arrive quelque chose qu’ils ne peuvent pas expliquer facilement et ils finissent par être entraînés dans une secte.
J. Vallée — C’est comme quand Uri Geller dit qu’il est en communication avec Hoova, la force la plus puissante de l’univers. Vous lui demandez de le prouver et il tord votre cuillère. Il y a là un fossé logique que l’esprit humain ne perçoit pas. Tordre des cuillères prouve seulement qu’il est capable de tordre des cuillères, quelle que soit la manière dont il y parvient, mais cela ne prouve certainement pas l’existence de Hoova. Donc, même si cette dame a eu une expérience inexplicable, cela ne prouvait toujours pas que Bo et Peep appartenaient à un niveau au-dessus de l’humain, n’est-ce pas ?
K. Harary — L’avocat du diable pourrait vous répondre : « Quelle preuve supplémentaire voulez-vous ? Que les extraterrestres atterrissent ? ». Il est difficile de convaincre quelqu’un d’aborder une expérience si puissante de manière critique. Pensez-vous que des groupes comme Heaven’s Gate ne soient qu’une manifestation extrême d’un problème qui nous concerne tous - notre difficulté à concilier nos expériences intérieures et les changements technologiques radicaux qui nous entourent ? Ou est-ce que de tels groupes émergent plutôt à ce moment précis de l’histoire, en réponse à une dérive idéologique propre à notre culture ?
J. Vallée — Quand j’ai rencontré les membres de Heaven’s Gate il y a 20 ans, il m’a semblé que j’avais sous les yeux un indice majeur de ce qui allait arriver à la société en général : la séduction d’une nouvelle illusion spirituelle. Cela m’a alarmé. Je crois vraiment qu’ils étaient un indice majeur. Ils font partie de la transformation de la société.
K. Harary — De quoi en quoi ?
J. Vallée — D’une société qui accordait de la valeur à la connaissance, à l’expérience et à l’éducation en une société guidée par les croyances prêtes-à-commercialiser, les satisfactions rapides et les distractions, une société qui ne se soucie vraiment pas de la recherche du savoir. Il n’y a qu’à regarder cinquante chaînes de télévision pour constater qu’il n’y a vraiment aucune demande pour les faits documentés. Chaque sujet est polarisé de manière à créer des polémiques artificielles dont aucune vérité ne pourra jamais sortir.
K. Harary — Et l’internet ?
J. Vallée — J’allais y venir. C’est le dernier point. Les réseaux en général ont une formidable capacité à suspendre la conscience normale du temps et de l’espace, et cela entraîne des conséquences profondes qui ne sont répertoriées nulle part.
K. Harary — Est-ce que cela conduit les gens à abandonner leur esprit critique ?
J. Vallée — Pas en soi. Tous ces phénomènes peuvent se produire simultanément : plus d’esprit critique, plus de faits, et beaucoup plus de déchets. Toutes les activités humaines s’adaptent à cette forme de communication. Nous pouvons nous
attendre à de nouvelles formes de spiritualité qui seront basées sur le Web. Il y aura des entités qui n’existeront que sur le Web. Il y aura des églises, des cultes qui n’existeront que sur le Web.
K. Harary — Des cultes virtuels. La religion virtuelle. Vous voyez tout cela arriver. Vous n’en paraissez pas surpris. Mais vous dites quand même que vous êtes en colère.
J. Vallée — Je suis en colère parce que nous aurions pu en faire plus, aussi bien nous, à titre collectif, que moi-même, à titre personnel. S’ils avaient été des fous religieux, je pourrais dire « Très bien, bon débarras ». Mais le problème est qu’ils n’étaient pas des fous religieux. J’ai le sentiment qu’il n’existait aucun moyen de les atteindre.
K. Harary — Est-ce que l’avenir vous inquiète ?
J. Vallée — L’avenir ne m’inquiète pas, parce qu’il y a assez de jeunes qui ont une idée très claire de ce qu’ils veulent faire, qui ont grandi dans ce monde superficiel et qui veulent l’améliorer. Je pense que cela ira très bien pour eux. Ce qui m’inquiète, ce sont les accidents de parcours. Il me semble que les croyances relatives aux ovnis ont un fort pouvoir de conversion aux plus hauts niveaux de la société : des hommes d’affaires, des gens qui travaillent au gouvernement traversent une conversion analogue à ce qui s’est passé au sein de Heaven’s Gate. Nous avons vu le même schéma se répéter trois fois : le Temple du Peuple, l’Ordre du Temple Solaire et maintenant Heaven’s Gate. N’est-il pas temps de sonner l’alarme ? Vous et moi l’avons constaté en ufologie et en parapsychologie : les gens acceptent les systèmes de croyance en bloc, sans s’arrêter pour analyser le phénomène qu’ils étudient. C’est une sorte de contagion, presque comme une épidémie de croyance pathologique ; cela se répand comme une épidémie. Pendant ce temps, le véritable travail de recherche, le genre de science que nous aimerions voir, ne se fait pas.
K. Harary — Ainsi, nous pouvons nous attendre à revoir la même chose ?
J. Vallée — Oui. Il est excitant d’envisager de nouvelles possibilités, mais il est aussi important de ne pas transformer en nouvelle religion ce qui devrait être une exploration scientifique abordée avec un esprit ouvert. Regardez les membres de Heaven’s Gate : ils posaient toutes les bonnes questions. Le seul problème est qu’ils ont trouvé toutes les mauvaises réponses.
Propos recueillis par le Dr Keith Harary
Traduction de Franck Périgny
© Observatoire des Parasciences, 1998 - Omni 1997 - Avec l’aimable autorisation de la revue américaine Omni pour la publication en exclusivité francophone de cet entretien.
--------------------------------------------------------------------------------
J’ai connu Jacques Vallée début 1979 au Centre pour la Liberté Humaine, alors que je faisais des recherches sur les sectes à la suite de l’holocauste de Jonestown. Le Centre pour la Liberté Humaine était une ancienne maison de repos reconvertie en centre de réadaptation et d’enseignement pour les survivants du Temple du Peuple et d’autres mouvements religieux. À l’époque, je dirigeais une étude de terrain sur la psychologie des sectes qui devait durer un an et j’occupais au Centre les fonctions de Directeur de l’Assistance. Cela consistait à dispenser aux anciens adeptes, à la presse et au grand public des
cours sur la dynamique sociale des sectes et de leurs dirigeants. Vallée, astronome et informaticien spécialisé dans le développement du type de réseaux informatiques qui allaient, plus tard, donner naissance à Internet, avait également acquis une réputation impressionnante dans le domaine de la recherche sur les phénomènes ovnis, dont il était peut-être considéré comme le meilleur spécialiste au monde. Ces recherches l’avaient inévitablement amené à s’intéresser aux sectes, dans la mesure où celles-ci sont nombreuses - comme Heaven’s Gate - à mêler les ovnis à leur discours religieux. Mon propre sujet d’étude - la manière dont les gens réagissent aux déclarations sur l’existence de phénomènes psychiques - m’avait conduit sur le même chemin, puisque pratiquement tous les gourous prétendent posséder des pouvoirs psychiques extraordinaires. Jim Jones, par exemple, se servait de fausses démonstrations de guérisons miraculeuses pour manipuler ses adeptes. Marshall Applewhite prétendait être en communication télépathique avec des extraterrestres. Vallée et moi sommes restés en contact étroit pendant près de vingt ans. Chacun d’entre nous a dû faire face aux réactions hostiles de ses anciens collègues, lui en ufologie et moi en parapsychologie, lorsque nous avons tenté de soulever le problème de l’incompétence et de la fraude généralisées qui régnaient dans ces deux domaines. Si la société dans son ensemble éprouve quelque difficulté à démêler les histoires extraordinaires que l’on entend actuellement à tout propos (des prétendues autopsies d’extraterrestres aux récits de vision à distance d’autres extraterrestres), il faut dire que la plupart de ceux qui étudient ces sujets marginaux n’ont pas fait grand-chose pour clarifier la situation. À vrai dire, ils se sont souvent comportés comme s’ils appartenaient eux-mêmes à une secte, se montrant incapables de remettre en question les dogmes établis. Dès 1979, Vallée avait tenté d’avertir le public et la
communauté ufologique du danger que représentaient Heaven’s Gate et d’autres groupes cultistes de l’ovni, dans son livre prophétique OVNI, la grande manipulation. Le livre est devenu un classique du genre, mais à l’époque, la réaction des mandarins de l’ufologie avait été presque universellement négative. J’ai revu Jacques Vallée récemment à l’occasion d’un dîner dans l’appartement qu’il occupe à San Francisco, dans un immeuble élégant qui domine le quartier de la finance. Les lumières stroboscopiques violettes, rouges et vertes d’une discothèque lointaine clignotaient à l’horizon comme une soucoupe volante, tandis que je demandais à Vallée son avis sur la signification des suicides de Heaven’s Gate. L’entretien qui suit constitue une transcription de notre conversation.
Dr Keith Harary
http://home.nordnet.fr/~phuleux/secte.htm
J. Vallée — Non, pas eux. Applewhite l’était, mais pas ses adeptes, ceux que j’ai entendus à Stanford en 1975. Un fanatique possède toutes les réponses. Heaven’s Gate n’était pas comme cela.
K. Harary — Ils ont quand même dû atteindre un certain degré de certitude, à la fin.
J. Vallée — C’est évident. C’est le processus que nous devrions essayer de comprendre. Ce qui est surprenant c’est que, bien que les gens arrivent dans la secte avec l’esprit ouvert et avec beaucoup de questions sincères, ils finissent par cesser de s’interroger. Par exemple, ils ne demandent pas de preuves. Quelqu’un m’a écrit il y a 20 ans que, au cours de son travail avec le groupe, il était allé en pleine campagne pour appeler des ovnis, exactement comme les groupes ufologiques aujourd’hui. Mais où sont les photos qui le prouvent ?
K. Harary — Parlez-vous de Heaven’s Gate ou de n’importe qui ?
J. Vallée — De n’importe qui, à commencer par les adeptes de Bo et Peep. Les gourous parlaient d’un autre niveau, mais les disciples ne leur demandaient pas comment ils connaissaient son existence. Si je vous disais que le type à l’étage au-dessus est un extraterrestre, vous me diriez « Jacques, je vous connais et je vous fais confiance, mais comment le savez-vous ? ». Si je n’avais pas de bonne réponse logique, vous monteriez vérifier par vous-même. Vous ne vous contenteriez pas de ma parole pour admettre que le voisin du dessus est un extraterrestre. Personne [dans la secte, ndlr] ne posait la question : « Comment pouvez-vous en être sûr ? ». Ils avaient cessé de poser des questions. Nous voyons ce genre de chose aujourd’hui avec les groupes ovnis qui font payer les gens pour les emmener dans le désert observer le ciel. Certains affirment avoir vu des vaisseaux spatiaux lors de ces sorties, mais il n’y a pas la moindre preuve.
K. Harary — Dans ce cas, la question était posée par chaque membre individuellement et la réponse était apportée par la foi - une réponse au niveau de leur propre expérience personnelle, rien de vraiment tangible. Une ancienne adepte de Heaven’s Gate m’a raconté une expérience qu’elle a vécue juste avant de rejoindre la secte. Elle attendait un signe ; elle priait, elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour obtenir un signe qui lui prouverait l’existence d’un pouvoir supérieur dans l’univers. Elle se dit : « Si ces deux nuages se touchent, je considérerai cela comme un signe ». Elle finit par laisser tomber, car rien n’arrivait, et au moment précis où elle renonçait, la terre trembla et les deux nuages se séparèrent puis s’élevèrent en s’entremêlant. Elle a rencontré Bo et Peep juste après cet épisode. J’ai parlé à beaucoup de gens qui ont vécu des expériences similaires. Il leur arrive quelque chose qu’ils ne peuvent pas expliquer facilement et ils finissent par être entraînés dans une secte.
J. Vallée — C’est comme quand Uri Geller dit qu’il est en communication avec Hoova, la force la plus puissante de l’univers. Vous lui demandez de le prouver et il tord votre cuillère. Il y a là un fossé logique que l’esprit humain ne perçoit pas. Tordre des cuillères prouve seulement qu’il est capable de tordre des cuillères, quelle que soit la manière dont il y parvient, mais cela ne prouve certainement pas l’existence de Hoova. Donc, même si cette dame a eu une expérience inexplicable, cela ne prouvait toujours pas que Bo et Peep appartenaient à un niveau au-dessus de l’humain, n’est-ce pas ?
K. Harary — L’avocat du diable pourrait vous répondre : « Quelle preuve supplémentaire voulez-vous ? Que les extraterrestres atterrissent ? ». Il est difficile de convaincre quelqu’un d’aborder une expérience si puissante de manière critique. Pensez-vous que des groupes comme Heaven’s Gate ne soient qu’une manifestation extrême d’un problème qui nous concerne tous - notre difficulté à concilier nos expériences intérieures et les changements technologiques radicaux qui nous entourent ? Ou est-ce que de tels groupes émergent plutôt à ce moment précis de l’histoire, en réponse à une dérive idéologique propre à notre culture ?
J. Vallée — Quand j’ai rencontré les membres de Heaven’s Gate il y a 20 ans, il m’a semblé que j’avais sous les yeux un indice majeur de ce qui allait arriver à la société en général : la séduction d’une nouvelle illusion spirituelle. Cela m’a alarmé. Je crois vraiment qu’ils étaient un indice majeur. Ils font partie de la transformation de la société.
K. Harary — De quoi en quoi ?
J. Vallée — D’une société qui accordait de la valeur à la connaissance, à l’expérience et à l’éducation en une société guidée par les croyances prêtes-à-commercialiser, les satisfactions rapides et les distractions, une société qui ne se soucie vraiment pas de la recherche du savoir. Il n’y a qu’à regarder cinquante chaînes de télévision pour constater qu’il n’y a vraiment aucune demande pour les faits documentés. Chaque sujet est polarisé de manière à créer des polémiques artificielles dont aucune vérité ne pourra jamais sortir.
K. Harary — Et l’internet ?
J. Vallée — J’allais y venir. C’est le dernier point. Les réseaux en général ont une formidable capacité à suspendre la conscience normale du temps et de l’espace, et cela entraîne des conséquences profondes qui ne sont répertoriées nulle part.
K. Harary — Est-ce que cela conduit les gens à abandonner leur esprit critique ?
J. Vallée — Pas en soi. Tous ces phénomènes peuvent se produire simultanément : plus d’esprit critique, plus de faits, et beaucoup plus de déchets. Toutes les activités humaines s’adaptent à cette forme de communication. Nous pouvons nous
attendre à de nouvelles formes de spiritualité qui seront basées sur le Web. Il y aura des entités qui n’existeront que sur le Web. Il y aura des églises, des cultes qui n’existeront que sur le Web.
K. Harary — Des cultes virtuels. La religion virtuelle. Vous voyez tout cela arriver. Vous n’en paraissez pas surpris. Mais vous dites quand même que vous êtes en colère.
J. Vallée — Je suis en colère parce que nous aurions pu en faire plus, aussi bien nous, à titre collectif, que moi-même, à titre personnel. S’ils avaient été des fous religieux, je pourrais dire « Très bien, bon débarras ». Mais le problème est qu’ils n’étaient pas des fous religieux. J’ai le sentiment qu’il n’existait aucun moyen de les atteindre.
K. Harary — Est-ce que l’avenir vous inquiète ?
J. Vallée — L’avenir ne m’inquiète pas, parce qu’il y a assez de jeunes qui ont une idée très claire de ce qu’ils veulent faire, qui ont grandi dans ce monde superficiel et qui veulent l’améliorer. Je pense que cela ira très bien pour eux. Ce qui m’inquiète, ce sont les accidents de parcours. Il me semble que les croyances relatives aux ovnis ont un fort pouvoir de conversion aux plus hauts niveaux de la société : des hommes d’affaires, des gens qui travaillent au gouvernement traversent une conversion analogue à ce qui s’est passé au sein de Heaven’s Gate. Nous avons vu le même schéma se répéter trois fois : le Temple du Peuple, l’Ordre du Temple Solaire et maintenant Heaven’s Gate. N’est-il pas temps de sonner l’alarme ? Vous et moi l’avons constaté en ufologie et en parapsychologie : les gens acceptent les systèmes de croyance en bloc, sans s’arrêter pour analyser le phénomène qu’ils étudient. C’est une sorte de contagion, presque comme une épidémie de croyance pathologique ; cela se répand comme une épidémie. Pendant ce temps, le véritable travail de recherche, le genre de science que nous aimerions voir, ne se fait pas.
K. Harary — Ainsi, nous pouvons nous attendre à revoir la même chose ?
J. Vallée — Oui. Il est excitant d’envisager de nouvelles possibilités, mais il est aussi important de ne pas transformer en nouvelle religion ce qui devrait être une exploration scientifique abordée avec un esprit ouvert. Regardez les membres de Heaven’s Gate : ils posaient toutes les bonnes questions. Le seul problème est qu’ils ont trouvé toutes les mauvaises réponses.
Propos recueillis par le Dr Keith Harary
Traduction de Franck Périgny
© Observatoire des Parasciences, 1998 - Omni 1997 - Avec l’aimable autorisation de la revue américaine Omni pour la publication en exclusivité francophone de cet entretien.
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J’ai connu Jacques Vallée début 1979 au Centre pour la Liberté Humaine, alors que je faisais des recherches sur les sectes à la suite de l’holocauste de Jonestown. Le Centre pour la Liberté Humaine était une ancienne maison de repos reconvertie en centre de réadaptation et d’enseignement pour les survivants du Temple du Peuple et d’autres mouvements religieux. À l’époque, je dirigeais une étude de terrain sur la psychologie des sectes qui devait durer un an et j’occupais au Centre les fonctions de Directeur de l’Assistance. Cela consistait à dispenser aux anciens adeptes, à la presse et au grand public des
cours sur la dynamique sociale des sectes et de leurs dirigeants. Vallée, astronome et informaticien spécialisé dans le développement du type de réseaux informatiques qui allaient, plus tard, donner naissance à Internet, avait également acquis une réputation impressionnante dans le domaine de la recherche sur les phénomènes ovnis, dont il était peut-être considéré comme le meilleur spécialiste au monde. Ces recherches l’avaient inévitablement amené à s’intéresser aux sectes, dans la mesure où celles-ci sont nombreuses - comme Heaven’s Gate - à mêler les ovnis à leur discours religieux. Mon propre sujet d’étude - la manière dont les gens réagissent aux déclarations sur l’existence de phénomènes psychiques - m’avait conduit sur le même chemin, puisque pratiquement tous les gourous prétendent posséder des pouvoirs psychiques extraordinaires. Jim Jones, par exemple, se servait de fausses démonstrations de guérisons miraculeuses pour manipuler ses adeptes. Marshall Applewhite prétendait être en communication télépathique avec des extraterrestres. Vallée et moi sommes restés en contact étroit pendant près de vingt ans. Chacun d’entre nous a dû faire face aux réactions hostiles de ses anciens collègues, lui en ufologie et moi en parapsychologie, lorsque nous avons tenté de soulever le problème de l’incompétence et de la fraude généralisées qui régnaient dans ces deux domaines. Si la société dans son ensemble éprouve quelque difficulté à démêler les histoires extraordinaires que l’on entend actuellement à tout propos (des prétendues autopsies d’extraterrestres aux récits de vision à distance d’autres extraterrestres), il faut dire que la plupart de ceux qui étudient ces sujets marginaux n’ont pas fait grand-chose pour clarifier la situation. À vrai dire, ils se sont souvent comportés comme s’ils appartenaient eux-mêmes à une secte, se montrant incapables de remettre en question les dogmes établis. Dès 1979, Vallée avait tenté d’avertir le public et la
communauté ufologique du danger que représentaient Heaven’s Gate et d’autres groupes cultistes de l’ovni, dans son livre prophétique OVNI, la grande manipulation. Le livre est devenu un classique du genre, mais à l’époque, la réaction des mandarins de l’ufologie avait été presque universellement négative. J’ai revu Jacques Vallée récemment à l’occasion d’un dîner dans l’appartement qu’il occupe à San Francisco, dans un immeuble élégant qui domine le quartier de la finance. Les lumières stroboscopiques violettes, rouges et vertes d’une discothèque lointaine clignotaient à l’horizon comme une soucoupe volante, tandis que je demandais à Vallée son avis sur la signification des suicides de Heaven’s Gate. L’entretien qui suit constitue une transcription de notre conversation.
Dr Keith Harary
http://home.nordnet.fr/~phuleux/secte.htm
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Re: Sectes et soucoupes volantes entretien avec Jacques vallée (Octobre 1998)
Jeu 27 Mar 2008, 10:20
j'ai le plus grand respect pour Jaques vallée. tout ce qu'il dit là me semble du plus grand intérêt. On voit bien, même sur ce forum, la tendance de certains qui s'y expriment à tout accepter sans esprit critique. L'expérience de Mr Leproust qui s'est fait traité de debunker parce qu'il avait osé exprimer une opinion différente lors d'une conférence est, à cet égard, tristement significative.
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