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Claude Poher : "Les ovni ? Les scientifiques s’en moque
Mar 08 Jan 2008, 18:19
Claude Poher : "Les ovni ? Les scientifiques s’en moquent comme de leur première chemise"
Un entretien avec Claude Poher, fondateur du GEPAN
vendredi 11 juin 2004, par Grégory Gutierez
Le Dr. Claude Poher, initiateur du GEPAN en 1977 et auteur du récent ouvrage Gravitation : les universons, énergie du futur donne ici son avis sur la "vraie-fausse" fermeture du SEPRA. Entretien réalisé par e-mail et par téléphone, les 9 et 10 juin 2004.
Grégory Gutierez : Claude Poher, vous êtes le "père" du GEPAN, l’ancêtre du SEPRA de Jean-Jacques Vélasco [1]. Quelle est votre opinion sur la récente fermeture du SEPRA au sein du CNES, annoncée dans la presse et confirmée par le directeur de la communication de l’établissement, Arnaud Benedetti ?
Claude Poher : Que le SEPRA soit fermé, ça, c’est vous qui le dites. A ma connaissance rien n’est changé officiellement. Une revue d’astronomie d’amateurs, farouchement opposée à l’idée qu’il puisse y avoir des observations insolites inexpliquées, s’est permis de conclure un peu vite à la réalité de ses propres désirs et de ceux du chargé des relations avec la presse du CNES Toulouse. Un point c’est tout. Ce n’est pas une décision officielle du Président du CNES. Il existe des protocoles officiels d’accord entre le CNES et d’autres organismes (Gendarmerie, armées, ...) qui nécessiteraient une concertation préalable. Or, rien de tel n’a été entrepris à ma connaissance.
GG : Pourtant Jean-Jacques Vélasco est aujourd’hui "responsable de mission", et on nous dit que le SEPRA n’existe plus en tant que véritable "service" [2]...
CP : Un "service" constitué d’une seule personne, ce n’est pas un service mais une personne, quel que soit le nom qu’on lui donne. Les services sont faits pour que plusieurs personnes travaillent ensemble sur un projet ou une mission commune. Cette définition ne s’applique pas en l’occurrence, depuis bien des années. Donc rien n’est changé.
GG : Jean-Jacques Vélasco est un chercheur quelque peu controversé, défendu par certains, il est critiqué par d’autres et il affirmait lui-même récemment qu’il était victime d’un "procès en sorcellerie" à la suite de la publication de son nouveau livre [3]... Quelle est votre opinion sur votre successeur ?
CP : J’ai pour règle absolue de ne jamais juger autrui. En l’occurrence, j’ignore à peu près complètement le travail accompli par Velasco. J’ai décidé de me retirer du GEPAN, pour des raisons expliquées clairement dans mon livre. J’ai donc cessé toute relations avec le GEPAN/SEPRA dès cet instant (en 1979). Je connais Velasco depuis 27 ans (il faisait partie des bénévoles du GEPAN en 1977) et j’ai avec lui des échanges occasionnels et amicaux, mais je n’interfère jamais avec son activité de quelque manière que ce soit. Et par conséquent je n’ai pas à en juger.
GG : A propos de la demande de mise à disposition publique des archives du SEPRA/GEPAN, ce qui a motivé la création de ce site, quelle est votre opinion ?
CP : Cette préoccupation est respectable, mais irréaliste. En effet, vous n’ignorez pas que la grande majorité des témoins du public général sont hostiles à toute publicité, et demandent l’anonymat vis à vis des médias. Les témoins ayant des responsabilités publiques sont encore plus exigeants sur ce point. Je veux parler des pilotes, policiers, scientifiques, etc. Or, un service public est tenu au devoir de réserve par la LOI, tandis qu’une "association privée", si compétente soit-elle, n’est pas tenue aux mêmes règles. Par conséquent, légalement parlant, les dossiers du GEPAN/SEPRA ne pourraient pas être transférés hors d’un établissement public. C’est à la fois un problème juridique et un problème d’éthique.
Par ailleurs, certaines observations contiennent des informations secondaires (description d’installations radar par exemple), qui sont "classifiées" pour des motifs n’ayant aucun rapport avec la question des ovnis. Pour avoir accès et/ou détenir de tels documents, il faut posséder une "habilitation" officielle que Monsieur Velasco et moi-même avons dû obtenir, et qui n’est pas accordée sans discernement, car d’autres articles de Loi s’y réfèrent.
Ainsi, ce n’est pas aussi simple que vous semblez l’imaginer, et il m’étonnerait fort que votre projet aboutisse à cause de ces questions délicates de responsabilité devant la Loi. La France est un état de Droit ! Si on supprimait des rapports du GEPAN/SEPRA tout ce qui impose ces règles, alors les témoignages deviendraient banaux, sans intérêt, et peu crédibles. Ce qui en fait précisément la valeur est l’aspect officiel, car il n’y a rien, dans ces dossiers, que vous ne sachiez déjà depuis longtemps. Quant à leur "exploitation" elle a été faite depuis longtemps, et il n’en est rien sorti de neuf à ma connaissance. Cela démontre que ce n’est pas en accumulant des témoignages que l’on progressera. Vous n’apprendez rien de neuf en consultant ces archives, sinon que le travail a été bien fait.
GG : Vous pensez alors que la pétition présente sur ce site n’a pas vraiment d’intérêt ?
CP : Je ne pense pas qu’une pétition soit un moyen efficace d’agir en l’occurrence. A mon avis, les "scientifiques" ne se connecteront pas plus à votre site qu’à bien d’autres, car ils ont un travail personnel à défendre, dans un domaine étroit et concurrentiel. Donc, les ovni, ils s’en moquent comme de leur première chemise. C’est à ceux qui savent déjà, vous, moi, et d’autres, de se débrouiller pour faire avancer la compréhension du phénomène. Nous ne devons compter que sur nous-mêmes. Mais trop de nos "collègues" passent leur temps à se chamailler, afin de satisfaire un ego démesuré.
Il serait bien préférable de se plonger dans les bouquins de physique, afin d’acquérir les connaissances sans lesquelles on n’avance pas. Ensuite vient le temps de la réflexion et des échanges constructifs. C’est de cette façon-là que j’ai personnellement choisi de tenter de faire progresser cette affaire. Le bla bla ne m’intéresse pas. Je travaille, selon cette méthode, avec quelques trop rares chercheurs, mais pour faire partie du "club", il faut apporter son propre travail concret, c’est la règle, même si elle est "non dite". Mais je peux aussi faire des conférences à des groupes de gens motivés, ayant des connaissances scientifiques suffisantes pour que nous nous comprenions, sur la base de ce que j’ai écrit dans mon livre et des suites, bien évidemment.
GG : A propos du GEPAN, j’aimerais savoir comment les choses s’étaient organisées à l’époque de sa création en 1977. Comment êtes-vous parvenu à créer ce groupe d’étude sur les ovnis ?
CP : J’ai tout dit dans mon livre, je n’ai rien d’autre à ajouter. Si j’ai réussi à convaincre et à donner confiance, c’est peut-être aussi parce que je n’étais pas considéré comme un farfelu. Avant de créer le GEPAN, j’étais déjà ingénieur, Dr en astronomie-Astrophysique, chef d’un "vrai" service au CNES (100 ingénieurs), Chevalier de l’Ordre National du Mérite, médaillé du CNES, prix Astronautique 1974 Français. Bref, j’étais en quelque sorte "crédible" sur le plan scientifique. J’avais aussi un solide dossier statistique et huit années de connaissance du sujet à titre privé. J’étais enfin et surtout discret et respectueux des autres et j’informais autour de moi avec le plus d’objectivité possible.
GG : Concrètement, de quels moyens disposait le GEPAN à sa création ?
CP : L’organisation du Gepan en 77-78, c’était deux permanents (une secrétaire-documentaliste et moi), 80 bénévoles du CNES (dont 40 vraiment actifs) et 6 collaborateurs scientifiques externes, bénévoles eux aussi. Je pouvais utiliser 10% du temps de travail des bénévoles du CNES, mais la plupart d’entre eux venaient aussi travailler en dehors de leurs heures, le soir ou le week-end. Je me suis débrouillé avec les moyens que j’avais : 2 bureaux, 3 armoires, un téléphone, un terminal d’ordinateur, du papier, et une machine à écrire. Budget néant, sauf les frais de voyage pour les enquêtes (autorisations au cas pas cas). Tout cela est dans mon livre. Le reste est affaire de savoir diriger une équipe.
GG : Dans l’hypothèse où un nouveau GEPAN/SEPRA verrait le jour dans les mois qui viennent, selon vous, sur quoi devrait-il se concentrer ? Collecte de témoignages, développement d’outils d’observation, études approfondies de cas déjà documentés, recherche plus théorique ?
CP : Je pense qu’il faut tout mener de front, mais des études théoriques n’ont jamais vraiment été entreprises par le CNES. Ce sont pourtant ces études qui sont, à mon avis, susceptibles de faire progresser cette question. Mais il faudrait un manager compétent dans ces théories très complexes, et c’est plutot rare. Je n’en connais pas au CNES.
GG : Pensez-vous que les jeunes chercheurs, des thésards, au CNES ou ailleurs (astronomes, astrophysiciens, psychologues, etc.) sont ou pourraient être intéressés par la problématique ovni ? Si non, quelles en sont les raisons d’après vous ?
CP : Non, ils pourraient certes être intéressés à titre personnel, mais, dans le contexte actuel, ils mettraient en péril leur carrière future. En effet, les décideurs sont hostiles au sujet, faute de le connaître. En outre, un jeune chercheur a besoin de résultats concrets pour pouvoir être comparé à ses collègues d’autres disciplines, et le sujet est si complexe que les résultats n’apparaîtront pas à court terme. Personnellement, je ne conseillerais pas à un jeune chercheur de bâtir son futur sur ce sujet de recherche. Dans le contexte actuel, ce serait suicidaire. Mais personne ne peut empêcher un jeune chercheur de penser à titre personnel, et de travailler en dehors de son activité nourricière, à démêler la physique des ovnis. On peut y parvenir en les informant. D’où l’idée de mes conférences...
GG : Une dernière question : quel est votre avis sur l’histoire du GEPAN/SEPRA telle qu’elle est racontée par l’astrophysicien Jean-Pierre Petit dans ses différents livres, l’implication du si discret Gilbert Payan par exemple ? [4]
CP : Jean-Pierre Petit a, c’est parfaitement clair, une formation et des compétences très rares, mais sur ce sujet-là, j’estime qu’il s’égare. D’une part parce que je pense fermement qu’il faut se garder de juger les gens, comme il le fait trop. Personne n’est parfait, chacun commet ses propres erreurs, et il vaut mieux en discuter calmement, en aparté, afin de progresser en commun, que de se moquer publiquement. C’est en effet très facile. Personnellement, je me refuse de participer à cette escalade. J’estime que cette attitude, beaucoup trop répandue chez les ufologues, est indigne, et qu’elle ne mène nulle part. On ne peut pas arriver à grand-chose en se fâchant avec tout le monde. Toute bonne volonté peut se rendre utile à condition de savoir utiliser aux mieux les compétences de chacun. Tout humain est perfectible à condition de lui montrer le chemin avec le sourire et pas l’invective. Je regrette que Jean Pierre Petit se soit quelque peu égaré à propos de la MHD. C’est sa spécialité, il y excelle, certes, mais à mon avis, c’est une piste sans espoir, en ce qui concerne les observations d’ovnis. Bien évidemment, dans d’autres domaines d’application, c’est certainement une recherche à encourager, mais j’estime qu’elle ne nous concerne pas. On ne peut pas tout faire. J’invite Jean-Pierre à changer de stratégie, à utiliser sa grande intelligence, son savoir étendu et pluridisciplinaire, et son extraordinaire don de vulgarisation, pour faire progresser ses confrères, et non pas pour diffamer ceux qui n’ont pas ses idées. Nous n’avons nul besoin de "terrorisme intellectuel" à l’intérieur de notre propre spécialité, car les "autres" s’en chargent bien assez déjà ! Jean-Pierre peut être notre "poil à gratter", il a le savoir et l’expérience qui conviennent à la discussion scientifique productive, mais, dans sa stratégie actuelle, il s’enferme malheureusement dans le mépris, ce que l’on peut comprendre, mais il faut surtout le regretter.
GG : Merci M. Poher d’avoir eu la gentillesse de répondre à mes questions.
P.-S.
L’ouvrage de Claude Poher, Gravitation : les universons, énergie du futur, Editions du Rocher, 2003, peut être commandé sur Amazon au prix de 17,10 euros.
A propos de ce livre de la théorie des universons, voir notamment l’article de Claude Poher disponible en pdf sur le site de l’UFOCOM : "Histoire des Universons" ainsi que la longue controverse qui avait suivi avec le physicien belge Auguste Meessen. Une recherche Google vous fournira en outre quelques notes de lecture.
Notes
[1] Voir les historiques du GEPAN et du SEPRA sur notre site
[2] Voir notre entretien avec Arnaud Benedetti, "C’est officiel : le SEPRA n’existe plus !".
[3] Voir notre page "OVNI, le service minimum" à propos du récent article de la Dépêche du Midi.
[4] Voir Enquête sur les ovni, J.P. Petit, Albin Michel, 1990, notamment le chapitre "Rencontre avec le Diable", où le pseudonyme de "Gilbert Maillan" est utilisé, ainsi que ses articles "L’histoire ovni en France" et "Brève histoire de la MHD en France" sur son site internet.
http://www.cielinsolite.fr/spip.php?article18
Un entretien avec Claude Poher, fondateur du GEPAN
vendredi 11 juin 2004, par Grégory Gutierez
Le Dr. Claude Poher, initiateur du GEPAN en 1977 et auteur du récent ouvrage Gravitation : les universons, énergie du futur donne ici son avis sur la "vraie-fausse" fermeture du SEPRA. Entretien réalisé par e-mail et par téléphone, les 9 et 10 juin 2004.
Grégory Gutierez : Claude Poher, vous êtes le "père" du GEPAN, l’ancêtre du SEPRA de Jean-Jacques Vélasco [1]. Quelle est votre opinion sur la récente fermeture du SEPRA au sein du CNES, annoncée dans la presse et confirmée par le directeur de la communication de l’établissement, Arnaud Benedetti ?
Claude Poher : Que le SEPRA soit fermé, ça, c’est vous qui le dites. A ma connaissance rien n’est changé officiellement. Une revue d’astronomie d’amateurs, farouchement opposée à l’idée qu’il puisse y avoir des observations insolites inexpliquées, s’est permis de conclure un peu vite à la réalité de ses propres désirs et de ceux du chargé des relations avec la presse du CNES Toulouse. Un point c’est tout. Ce n’est pas une décision officielle du Président du CNES. Il existe des protocoles officiels d’accord entre le CNES et d’autres organismes (Gendarmerie, armées, ...) qui nécessiteraient une concertation préalable. Or, rien de tel n’a été entrepris à ma connaissance.
GG : Pourtant Jean-Jacques Vélasco est aujourd’hui "responsable de mission", et on nous dit que le SEPRA n’existe plus en tant que véritable "service" [2]...
CP : Un "service" constitué d’une seule personne, ce n’est pas un service mais une personne, quel que soit le nom qu’on lui donne. Les services sont faits pour que plusieurs personnes travaillent ensemble sur un projet ou une mission commune. Cette définition ne s’applique pas en l’occurrence, depuis bien des années. Donc rien n’est changé.
GG : Jean-Jacques Vélasco est un chercheur quelque peu controversé, défendu par certains, il est critiqué par d’autres et il affirmait lui-même récemment qu’il était victime d’un "procès en sorcellerie" à la suite de la publication de son nouveau livre [3]... Quelle est votre opinion sur votre successeur ?
CP : J’ai pour règle absolue de ne jamais juger autrui. En l’occurrence, j’ignore à peu près complètement le travail accompli par Velasco. J’ai décidé de me retirer du GEPAN, pour des raisons expliquées clairement dans mon livre. J’ai donc cessé toute relations avec le GEPAN/SEPRA dès cet instant (en 1979). Je connais Velasco depuis 27 ans (il faisait partie des bénévoles du GEPAN en 1977) et j’ai avec lui des échanges occasionnels et amicaux, mais je n’interfère jamais avec son activité de quelque manière que ce soit. Et par conséquent je n’ai pas à en juger.
GG : A propos de la demande de mise à disposition publique des archives du SEPRA/GEPAN, ce qui a motivé la création de ce site, quelle est votre opinion ?
CP : Cette préoccupation est respectable, mais irréaliste. En effet, vous n’ignorez pas que la grande majorité des témoins du public général sont hostiles à toute publicité, et demandent l’anonymat vis à vis des médias. Les témoins ayant des responsabilités publiques sont encore plus exigeants sur ce point. Je veux parler des pilotes, policiers, scientifiques, etc. Or, un service public est tenu au devoir de réserve par la LOI, tandis qu’une "association privée", si compétente soit-elle, n’est pas tenue aux mêmes règles. Par conséquent, légalement parlant, les dossiers du GEPAN/SEPRA ne pourraient pas être transférés hors d’un établissement public. C’est à la fois un problème juridique et un problème d’éthique.
Par ailleurs, certaines observations contiennent des informations secondaires (description d’installations radar par exemple), qui sont "classifiées" pour des motifs n’ayant aucun rapport avec la question des ovnis. Pour avoir accès et/ou détenir de tels documents, il faut posséder une "habilitation" officielle que Monsieur Velasco et moi-même avons dû obtenir, et qui n’est pas accordée sans discernement, car d’autres articles de Loi s’y réfèrent.
Ainsi, ce n’est pas aussi simple que vous semblez l’imaginer, et il m’étonnerait fort que votre projet aboutisse à cause de ces questions délicates de responsabilité devant la Loi. La France est un état de Droit ! Si on supprimait des rapports du GEPAN/SEPRA tout ce qui impose ces règles, alors les témoignages deviendraient banaux, sans intérêt, et peu crédibles. Ce qui en fait précisément la valeur est l’aspect officiel, car il n’y a rien, dans ces dossiers, que vous ne sachiez déjà depuis longtemps. Quant à leur "exploitation" elle a été faite depuis longtemps, et il n’en est rien sorti de neuf à ma connaissance. Cela démontre que ce n’est pas en accumulant des témoignages que l’on progressera. Vous n’apprendez rien de neuf en consultant ces archives, sinon que le travail a été bien fait.
GG : Vous pensez alors que la pétition présente sur ce site n’a pas vraiment d’intérêt ?
CP : Je ne pense pas qu’une pétition soit un moyen efficace d’agir en l’occurrence. A mon avis, les "scientifiques" ne se connecteront pas plus à votre site qu’à bien d’autres, car ils ont un travail personnel à défendre, dans un domaine étroit et concurrentiel. Donc, les ovni, ils s’en moquent comme de leur première chemise. C’est à ceux qui savent déjà, vous, moi, et d’autres, de se débrouiller pour faire avancer la compréhension du phénomène. Nous ne devons compter que sur nous-mêmes. Mais trop de nos "collègues" passent leur temps à se chamailler, afin de satisfaire un ego démesuré.
Il serait bien préférable de se plonger dans les bouquins de physique, afin d’acquérir les connaissances sans lesquelles on n’avance pas. Ensuite vient le temps de la réflexion et des échanges constructifs. C’est de cette façon-là que j’ai personnellement choisi de tenter de faire progresser cette affaire. Le bla bla ne m’intéresse pas. Je travaille, selon cette méthode, avec quelques trop rares chercheurs, mais pour faire partie du "club", il faut apporter son propre travail concret, c’est la règle, même si elle est "non dite". Mais je peux aussi faire des conférences à des groupes de gens motivés, ayant des connaissances scientifiques suffisantes pour que nous nous comprenions, sur la base de ce que j’ai écrit dans mon livre et des suites, bien évidemment.
GG : A propos du GEPAN, j’aimerais savoir comment les choses s’étaient organisées à l’époque de sa création en 1977. Comment êtes-vous parvenu à créer ce groupe d’étude sur les ovnis ?
CP : J’ai tout dit dans mon livre, je n’ai rien d’autre à ajouter. Si j’ai réussi à convaincre et à donner confiance, c’est peut-être aussi parce que je n’étais pas considéré comme un farfelu. Avant de créer le GEPAN, j’étais déjà ingénieur, Dr en astronomie-Astrophysique, chef d’un "vrai" service au CNES (100 ingénieurs), Chevalier de l’Ordre National du Mérite, médaillé du CNES, prix Astronautique 1974 Français. Bref, j’étais en quelque sorte "crédible" sur le plan scientifique. J’avais aussi un solide dossier statistique et huit années de connaissance du sujet à titre privé. J’étais enfin et surtout discret et respectueux des autres et j’informais autour de moi avec le plus d’objectivité possible.
GG : Concrètement, de quels moyens disposait le GEPAN à sa création ?
CP : L’organisation du Gepan en 77-78, c’était deux permanents (une secrétaire-documentaliste et moi), 80 bénévoles du CNES (dont 40 vraiment actifs) et 6 collaborateurs scientifiques externes, bénévoles eux aussi. Je pouvais utiliser 10% du temps de travail des bénévoles du CNES, mais la plupart d’entre eux venaient aussi travailler en dehors de leurs heures, le soir ou le week-end. Je me suis débrouillé avec les moyens que j’avais : 2 bureaux, 3 armoires, un téléphone, un terminal d’ordinateur, du papier, et une machine à écrire. Budget néant, sauf les frais de voyage pour les enquêtes (autorisations au cas pas cas). Tout cela est dans mon livre. Le reste est affaire de savoir diriger une équipe.
GG : Dans l’hypothèse où un nouveau GEPAN/SEPRA verrait le jour dans les mois qui viennent, selon vous, sur quoi devrait-il se concentrer ? Collecte de témoignages, développement d’outils d’observation, études approfondies de cas déjà documentés, recherche plus théorique ?
CP : Je pense qu’il faut tout mener de front, mais des études théoriques n’ont jamais vraiment été entreprises par le CNES. Ce sont pourtant ces études qui sont, à mon avis, susceptibles de faire progresser cette question. Mais il faudrait un manager compétent dans ces théories très complexes, et c’est plutot rare. Je n’en connais pas au CNES.
GG : Pensez-vous que les jeunes chercheurs, des thésards, au CNES ou ailleurs (astronomes, astrophysiciens, psychologues, etc.) sont ou pourraient être intéressés par la problématique ovni ? Si non, quelles en sont les raisons d’après vous ?
CP : Non, ils pourraient certes être intéressés à titre personnel, mais, dans le contexte actuel, ils mettraient en péril leur carrière future. En effet, les décideurs sont hostiles au sujet, faute de le connaître. En outre, un jeune chercheur a besoin de résultats concrets pour pouvoir être comparé à ses collègues d’autres disciplines, et le sujet est si complexe que les résultats n’apparaîtront pas à court terme. Personnellement, je ne conseillerais pas à un jeune chercheur de bâtir son futur sur ce sujet de recherche. Dans le contexte actuel, ce serait suicidaire. Mais personne ne peut empêcher un jeune chercheur de penser à titre personnel, et de travailler en dehors de son activité nourricière, à démêler la physique des ovnis. On peut y parvenir en les informant. D’où l’idée de mes conférences...
GG : Une dernière question : quel est votre avis sur l’histoire du GEPAN/SEPRA telle qu’elle est racontée par l’astrophysicien Jean-Pierre Petit dans ses différents livres, l’implication du si discret Gilbert Payan par exemple ? [4]
CP : Jean-Pierre Petit a, c’est parfaitement clair, une formation et des compétences très rares, mais sur ce sujet-là, j’estime qu’il s’égare. D’une part parce que je pense fermement qu’il faut se garder de juger les gens, comme il le fait trop. Personne n’est parfait, chacun commet ses propres erreurs, et il vaut mieux en discuter calmement, en aparté, afin de progresser en commun, que de se moquer publiquement. C’est en effet très facile. Personnellement, je me refuse de participer à cette escalade. J’estime que cette attitude, beaucoup trop répandue chez les ufologues, est indigne, et qu’elle ne mène nulle part. On ne peut pas arriver à grand-chose en se fâchant avec tout le monde. Toute bonne volonté peut se rendre utile à condition de savoir utiliser aux mieux les compétences de chacun. Tout humain est perfectible à condition de lui montrer le chemin avec le sourire et pas l’invective. Je regrette que Jean Pierre Petit se soit quelque peu égaré à propos de la MHD. C’est sa spécialité, il y excelle, certes, mais à mon avis, c’est une piste sans espoir, en ce qui concerne les observations d’ovnis. Bien évidemment, dans d’autres domaines d’application, c’est certainement une recherche à encourager, mais j’estime qu’elle ne nous concerne pas. On ne peut pas tout faire. J’invite Jean-Pierre à changer de stratégie, à utiliser sa grande intelligence, son savoir étendu et pluridisciplinaire, et son extraordinaire don de vulgarisation, pour faire progresser ses confrères, et non pas pour diffamer ceux qui n’ont pas ses idées. Nous n’avons nul besoin de "terrorisme intellectuel" à l’intérieur de notre propre spécialité, car les "autres" s’en chargent bien assez déjà ! Jean-Pierre peut être notre "poil à gratter", il a le savoir et l’expérience qui conviennent à la discussion scientifique productive, mais, dans sa stratégie actuelle, il s’enferme malheureusement dans le mépris, ce que l’on peut comprendre, mais il faut surtout le regretter.
GG : Merci M. Poher d’avoir eu la gentillesse de répondre à mes questions.
P.-S.
L’ouvrage de Claude Poher, Gravitation : les universons, énergie du futur, Editions du Rocher, 2003, peut être commandé sur Amazon au prix de 17,10 euros.
A propos de ce livre de la théorie des universons, voir notamment l’article de Claude Poher disponible en pdf sur le site de l’UFOCOM : "Histoire des Universons" ainsi que la longue controverse qui avait suivi avec le physicien belge Auguste Meessen. Une recherche Google vous fournira en outre quelques notes de lecture.
Notes
[1] Voir les historiques du GEPAN et du SEPRA sur notre site
[2] Voir notre entretien avec Arnaud Benedetti, "C’est officiel : le SEPRA n’existe plus !".
[3] Voir notre page "OVNI, le service minimum" à propos du récent article de la Dépêche du Midi.
[4] Voir Enquête sur les ovni, J.P. Petit, Albin Michel, 1990, notamment le chapitre "Rencontre avec le Diable", où le pseudonyme de "Gilbert Maillan" est utilisé, ainsi que ses articles "L’histoire ovni en France" et "Brève histoire de la MHD en France" sur son site internet.
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- InvitéInvité
Re: Claude Poher : "Les ovni ? Les scientifiques s’en moque
Jeu 09 Avr 2015, 17:20
Pour votre information "Radio Ici et Maintenant" semble avoir remise le couvert concernant le sujet des OVNI dans son émission "HereNow !" (anciennement "La Vague d'Ovni"), mardi dernier (07/04/15) à 23 h était retransmise une émission consacrée à Claude Poher dans le cadre d'une nuit blanche (les auditeurs peuvent participer en live), si vous l'avez loupée tout comme moi, je vous invite à vous connecter sur RIM, dimanche 12 avril entre 14h et 16h.
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