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Un ciel désespérément vide – Faut il (déjà) tirer un bilan de SETI ?
Dim 13 Fév 2011, 16:00
Par Louis D’Hendecourt
Directeur de recherche CNRS, au laboratoire « Astrochimie Expérimentale »
Institut d’Astrophysique Spatiale, Orsa
SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence) est un acronyme célèbre qui recouvre un vaste ensemble de programmes de recherche de signaux, intentionnels ou non, qui révèleraient l’existence d’êtres intelligents, sinon dans l’Univers, du moins dans notre propre Galaxie.
Dans la très grande majorité de la communauté des astrophysiciens, dans la littérature professionnelle comme dans celle à l’usage du grand public, la réponse ne semble faire aucun doute : si la vie procède simplement de lois physiques à priori connues ou en passe de l’être, l’immensité de l’Univers (400 milliards d’étoiles dans notre seule Galaxie), les très longues échelles de temps dont nous disposons (13.7 milliards d’années d’après les plus récentes estimations de l’âge du « Big-Bang ») et les découvertes de plus en plus fréquentes d’exoplanètes, tout laisse à penser que non seulement la vie est un phénomène banal dans l’Univers mais que l’intelligence et, par voie de conséquence, la présence de civilisations technologiques avancées, constituent un aboutissement logique de l’évolution galactique. Cette idée toute préconçue dans la pensée rationaliste et scientifique moderne semble avoir un profond effet sur une vision positiviste de la place de l’Homme dans l’Univers et de son nécessaire futur cosmique où la colonisation de l’espace est perçue comme une nécessité biologique absolue, impliquant une maîtrise de plus en plus complète de son environnement non plus planétaire mais aussi stellaire, galactique et de l’Univers entier.
Pourtant, force est de constater que cet optimiste quasi général se heurte à une série de faits simples qui, si ils ne sont pas irréfutables, devraient nous permettre à tout le moins d’approfondir nos réflexions sur le sens, l’originalité et la finalité de la vie intelligente.
The Very Large Array of Radio Telescop
En effet, malgré les efforts réitérés des partisans de SETI, le ciel reste désespérément vide de signaux artificiels, aucune trace de vie n’a été détectée qui soit exogène à la Terre et, malgré d’énormes progrès concernant la biochimie prébiotique, aucun mécanisme « universel » de passage de l’inanimé au vivant n’a pu encore être démontré. Finalement, la vitalité et la pertinence de plus en plus incontournable du Paradoxe de Fermi sont de nature à faire pencher la balance vers une toute autre vision de l’Univers, un Univers dans lequel la vie est rare et l’intelligence « unique ».
Posons nous d’abord la question de la pertinence de SETI en essayant une approche plus critique sur les chances de son succès. La vie existe-t-elle ailleurs dans l’Univers ? Ses ingrédients prébiotiques (carbone réduit, molécules organiques complexes, acides carboxyliques, acides aminés, acides nucléiques) ont été largement identifiés, soit dans des objets naturels extraterrestres (le milieu interstellaire, les comètes, les météorites) soit dans des simulations où différents paramètres plausibles concernant d’éventuelles atmosphères primitives de planètes ou des processus à l’œuvre dans le milieu interstellaire prétendent dupliquer l’évolution chimique de la Galaxie. C’est une certitude, le matériau prébiotique existe en grande quantité dans l’Univers et la fréquence des planètes déduite des observations actuelles garantit à coup sûr une possibilité multiple pour l’apparition de la vie sur de très nombreuses planètes. Toutefois, à l’heure actuelle, l’importance des conditions initiales et surtout de la sensibilité à ces conditions, un paramètre décisif dans les phénomènes non linéaires probablement liés à l’émergence de systèmes auto-réplicatifs, n’est absolument pas comprise, essentiellement parce que ces conditions initiales ne nous sont, pour l’instant, pas accessibles. Que l’on réfléchisse seulement au destin des planètes sœurs de la Terre que sont Venus (une fournaise) et Mars (un désert glacé), en se rappelant que sur cette dernière planète, aucune molécule organique complexe n’a été à ce jour détectée par les expériences pourtant sophistiquées des sondes Viking. Les conditions initiales elles-mêmes sur Mars, vraisemblablement très proches de celles de le Terres semblent, avoir autorisé, aux derniers résultats de la sonde européenne Mars-Express, une rapide divergence d’évolution planétaire ayant mené au monde glacé et sans vie que l’on observe actuellement et pourtant, Mars est indubitablement notre voisine cosmique.
Vient ensuite, une fois la vie démarrée sur une planète, le long cheminement vers l’intelligence qui passe obligatoirement par le développement d’une vie eucaryote (multi-cellulaire). Si la vie semble être apparue très tôt sur Terre (au bout tout de même d’une période de près de 1 milliard d’années !), l’apparition d’organismes pluricellulaires s’est effectuée très tardivement (au cours du cambrien, c’est-à-dire vers il y a environ 1.8 milliard d’années). L’évolution des pro vers les eucaryotes a donc été un processus très lent nécessitant probablement des conditions physiques à la surface de la planète peu changeantes et une grande stabilité des facteurs extérieurs influençant ces conditions (orbite, obliquité, présence d’un champ magnétique, pour ne citer que les conditions « astronomiques »). L’apparition d’une intelligence supérieure ne se fait que dans les derniers 500000 ans (un rapport 10000 avec l’âge de la Terre) et, faut- il le préciser, la civilisation technologique maîtrisant la communication par ondes électromagnétiques n’existe que depuis…100 ans, soit un dix-millionième du temps de vie de la Terre qui aura, pendant la quasi-totalité de ce temps maintenu des conditions physiques décentes pour permettre le développement de cette intelligence qui repose sur des principes de biochimie à base de carbone qui ne tolère somme toute que des écarts de température relativement faibles.
Capture d’écran du logiciel SETI at Home
Bien entendu, le problème crucial qui se pose dans cette réflexion est celui concernant la contingence de l’apparition de l’intelligence. Celle-ci est elle nécessairement la meilleure réponse à la sélection naturelle de type darwinien ? Si il est difficile de répondre à cette question, il est largement permis d’en douter. Combien d’espèces ont-elles existé sur Terre ? D’après le biologiste allemand E. Mayr, on peut tabler sur quelques 50 milliards d’espèces et seule une, la nôtre, a mené à l’intelligence ! Finalement, le caractère « nécessairement » technologique d’une civilisation n’est pas acquis. Sur Terre dans les 10000 dernières années, une bonne vingtaine de civilisations n’ont pas mené à la maîtrise ni des lois physiques concernant l’électromagnétisme, ni à fortiori au développement de moyens de radio-communication. Une autre considération sévère pour SETI vient renforcer le scepticisme à propos des programmes envisagés et interpeller non seulement leurs responsables mais aussi les scientifiques insuffisamment critiques des difficultés du sujet, tient à l’inexorabilité du Paradoxe de Fermi qui ne s’applique pas seulement comme on le croit trop souvent à la présence physique d’extraterrestres de nos jours sur Terre mais aussi à la dramatique absence de détection de tout signal radio artificiel dans une Galaxie qui devrait contenir des millions de civilisations selon le célèbre astronome américain Carl Sagan. La première page du roman de Science Fiction, « Fondation » d’Isaac Asimov constitue à ce sujet une des meilleurs introductions à ce paradoxe.
Le paradoxe de Fermi propose que si on ne constate pas la présence d’extraterrestres sur Terre (et à fortiori si on ne détecte pas d’ondes radio artificielles), c’est tout simplement parce que ceux-ci n’existent pas. Pour se donner une idée de la puissance du paradoxe, il suffit de constater l’accélération fantastique des progrès scientifiques et techniques réalisés au cours des 50 dernières années. Les vols spatiaux sont devenus accessibles (ce qui était impensable durant la seconde guerre mondiale) et les ingénieurs astronautiques envisagent sérieusement la possibilité d’envoyer des sondes interstellaires d’ici un ou deux siècles. La colonisation de la Galaxie, vue de notre civilisation terrestre, semble donc être, une fois notre intelligence acquise, une échéance de quelques millions d’années. Bien entendu, il est plus que probable qu’il existe des millions de planètes fort semblables à la Terre et qui auraient pu permettre le développement de la vie, d’une intelligence et l’apparition de civilisations technologiques bien plus anciennes que la nôtre. L’absence d’évidence serait elle l’évidence de l’absence ?
Dans les discussions sur la résolution du Paradoxe de Fermi ou de l’équation de Drake (une équation simple et pédagogique qui permet de poser le problème du nombre de civilisations présentes en ce moment dans notre Galaxie), il existe une grande inconnue qui est la durée d’une civilisation technologique ou encore la durée de vie d’une espèce animale (nous en l’occurrence). Si une espèce a une courte durée de vie (10000 ans), alors nous sommes seuls dans l’Univers au temps T (c’est-à-dire maintenant). Si cette durée est longue, progressivement, l’équation de Drake autorise des solutions moins désespérantes. Toutefois, bien qu’il soit extrêmement difficile d’évaluer avec certitude la durée de vie d’une espèce (ou d’une civilisation), il faut savoir que l’utilisation du principe de Copernic qui suppose que nous vivons un instant totalement quelconque de notre propre civilisation (et de l’histoire de l’Univers), se traduit par la possibilité d’en estimer l’intervalle de confiance de sa durée effective. Cet intervalle reste court, à l’échelle de la durée de l’Univers, et est compris entre 0.2 et 8 millions d’années (Gott, 1993). Rappelons tout d’abord que le principe copernicien est le fondement même de l’astronomie moderne et est sans cesse donné par les enthousiastes de SETI pour démontrer le bien fondé de leurs conjectures, à savoir que si il y a de la vie sur une planète banale, il doit nécessairement y en avoir n’importe où ailleurs. A l’évidence, l’application du Principe de Copernic est cruel, car il laisse fort peu de place à la possibilité de détecter et surtout de communiquer avec une civilisation extraterrestre, Gott estimant ce nombre de civilisations au plus a 121, avec des hypothèses pourtant particulièrement favorables.
Enrico Fermi dans les années 1940
SETI est il pour autant inutile ? Il faut noter tout d’abord que le Paradoxe de Fermi conçu initialement sous une forme forte (présence physique d’extraterrestres sur Terre), peut se concevoir sous une forme plus faible (la détection d’ondes radio artificielles), voire même très faible, la simple détection de vie extraterrestre, sur Mars ou sur une exoplanète, deux objectifs à court terme de l’astronomie d’aujourd’hui, et que ce dernier aspect est largement à notre portée. La détection d’ondes radio artificielles, que F. Drake avait annoncé avec une imprudente certitude pour l’an 2000 n’a pas produit le moindre résultat exploitable. Bien entendu de très grandes difficultés stratégiques et techniques propres à SETI restent indécidables, recherche en mode « survey », recherche focalisée sur des étoiles données et proches (cette dernière possibilité étant largement contestable si l’on s’en tient au Principe de Copernic), fréquences à utiliser et signification des signaux à détecter, rendent cette approche particulièrement hasardeuse. Cependant, si SETI est une opération réellement scientifique, non seulement dans sa méthodologie et ses prémisses, elle doit l’être aussi dans son évaluation critique des résultats négatifs. En astronomie, un résultat négatif est toujours pris en considération. L’absence de telle ou telle molécule dans l’enveloppe d’une étoile conduit toujours à remettre en question les modèles, les calculs et parfois même les théories sous-jacentes. Qu’il en soit donc de même pour SETI ! Que les observations dégagent des limites supérieures à la présence de vie intelligente dans notre Galaxie, qu’elles remettent en cause un par un les termes de l’équation de Drake, qu’elles incluent le Principe de Copernic en sa faveur comme en sa défaveur avec honnêteté et humilité.
Il a souvent été souligné que la détection d’intelligence extraterrestre serait la plus grande découverte philosophique offerte à l’humanité. J’adhère entièrement à cette formulation à condition que l’on puisse admettre, sans peur ni à priori, exactement l’inverse. Si nous sommes seuls dans l’Univers, alors il faudra sans doute affronter cette responsabilité ultime, celle de commencer dés à présent à préserver la vie sur notre unique, si unique planète.
Référence :
Gott, R. : 1993, « Implications of the Copernican principle for our future prospecs », Nature, 363, 315-319
Source : SFE
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SETI : recherche d'une vie extraterrestre
Dim 13 Fév 2011, 19:27
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SETI : recherche d'une vie extraterrestre
Depuis longtemps, les philosophes se sont interrogés sur notre place dans l'univers. Sommes-nous seuls ? SETI tente d'y répondre depuis 50 ans.
Loin de toute lumière, si on lève les yeux par une belle nuit sans nuage, on voit des milliers d'étoiles. Existe-t-il aussi des planètes autour ? Des satellites comme Corot nous apportent régulièrement d'étonnantes informations. Mais après ? Peut-il y avoir de la végétation, des bactéries, des animaux, des êtres intelligents autour de tous ces points lumineux ?
Ce n'est que depuis 50 ans que notre technologie nous permet de chercher une réponse. Ces projets d'écoute du ciel sont regroupés sous l'acronyme SETI pour « Search for Extra-Terrestrial Intelligence », ou recherche d'intelligence extraterrestre. Depuis les premières écoutes, en 1960, il y a toujours eu quelque part dans le monde un projet actif.
Si la réception d'un signal intelligent d'origine extraterrestre appartient encore à la science-fiction, notre technologie a connu une incroyable évolution en ce demi-siècle, ou plutôt depuis un dixième de secondes si l'on utilise le calendrier cosmique. Un bref voyage dans le passé nous permet de garder espoir : la quête ne fait que commencer.
Dans ce dossier, découvrez les débuts du programme SETI en 1960, les avancées réalisées dans la recherche d'une intelligence extraterrestre et les conclusions qui en ont été données.
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Les premières écoutes, genèse de SETI
Les premières écoutes, genèse de SETI
Le 8 avril 1960, le radiotélescope de Green Bank commence une observation d'un nouveau type. En direction des étoiles Tau Ceti et Epsilon Eridani, il recherche des signaux artificiels d'origine cosmique. Ce projet baptisé Ozma, à l'origine de SETI, représentera près de 200 heures d'écoute, sur un seul canal, à la fréquence de 1420 MHz.
L'idée venait d'un jeune chercheur, Franck Drake. Son doctorat en poche, il souhaitait réaliser un de ses rêves d'enfant, c'est-à-dire répondre à la question « Sommes-nous seuls dans l'univers ? ».
Le directeur de l'observatoire, Otto Sturve, le soutenait mais lui avait demandé de ne pas faire de publicité autour du projet Ozma afin d'éviter les interférences avec la presse. Il s'en est mordu les doigts, lorsqu'au mois de septembre 1959, la revue Nature a publié l'article de Cocconi et Morrison. Ceux-ci préconisaient d'écouter le ciel à la fréquence de l'hydrogène, c'est-à-dire 1420 MHz.
Pourquoi 1420 MHz ?
L'hydrogène est l'élément le plus fréquent dans l'univers. On peut donc imaginer qu'une éventuelle civilisation aura découvert son rayonnement à 1420 MHz et aura construit les instruments pour le détecter. Cependant, sur Terre, cette fréquence est réservée à la radioastronomie et on ne peut donc pas l'utiliser pour envoyer des signaux radio. Certains conseillent donc d'écouter juste à côté, voire dans le trou d'eau cosmique.
Qu'est-ce que le trou d'eau cosmique ?
Le schéma ci-dessous représente les ondes radio vues de la Terre. Entre le bruit galactique dans les basses fréquences et l'absorption due à l'atmosphère dans les hautes fréquences, il ne reste qu'une petite fenêtre comprise entre 1 et 10 GHz.
Les ondes radio vues de la Terre
Puisque la bande de fréquences comprises entre celle de l'hydrogène (H) et celle du radical OH est visible de partout dans le cosmos, elle a été surnommée « cosmic waterhole » par Barney Oliver, un des pionniers de la recherche SETI. SETI étant l'acronyme signifiant « Search for Extra-Terrestrial Intelligence ».
Barney Oliver a déclaré : « Où devons-nous rencontrer nos voisins ? Au trou d'eau, où toutes les espèces se rencontrent ! ».
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50 ans à l'échelle cosmique
50 ans à l'échelle cosmique
Il est parfois difficile d'évaluer les durées à l'échelle cosmique. Pour nous, 50 ans, ça peut paraître vieux, mais à l'échelle cosmique c'est très peu.
Il est difficile de se rendre compte des échelles de temps astronomique. Le Big Bang a eu lieu il y a 13,8 milliards d'années. Que représentent 1 milliard d'années ?
Le calendrier cosmique
Si nous étions le 31 décembre à minuit et que le Big Bang ait eu lieu il y a tout juste un an, à 0 h le 1er janvier, le Soleil serait né le 14 septembre, l'homo-sapiens serait apparu le 31 décembre à 22 h 30 et le projet Ozma aurait débuté il y a un peu plus d'un dixième de seconde. Cela ne fait pas longtemps que nous scrutons le ciel à la recherche de vie intelligente.
À l'échelle de ce calendrier cosmique, le téléphone a peut-être sonné il y 10 minutes, 10 jours ou 2 mois. Nous n'étions pas en mesure d'y répondre.
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L'équation de Drake
L'équation de Drake
Les écoutes d'une éventuelle intelligence extraterrestre ont aujourd'hui 50 ans. C'est l'occasion de regarder en arrière, pour mesurer les changements, les progrès accomplis. Un des grand progrès notables est certainement la mise en place de l'équation de Drake, qui restera une référence dans l'évaluation d'une possible civilisation extraterrestre.
À la fin du projet Ozma, Drake décida de réunir divers spécialistes des domaines liés à la recherche de vie extraterrestre : astronomie, chimie, biologie, etc. La réunion baptisée « Ordre du Dauphin » eu lieu le jour d'Halloween 1961.
L'agenda fut élaboré sous forme d'une équation listant toutes les conditions nécessaires au développement d'une civilisation technologique :
* N : nombre de civilisations avec lesquelles nous pourrions communiquer dans la galaxie ;
* R* : taux de formation des étoiles propices au développement de la vie dans la galaxie ;
* Fp : fraction de ces étoiles ayant un système planétaire ;
* Ne : nombre de planètes où un écosystème a pu se développer. Par exemple, dans le Système solaire, on peut penser que Vénus, Mars et la Terre sont situées à une distance raisonnable du Soleil, donc Ne=3 ;
* Fl : fraction de ces planètes où la vie est apparue (1/3 pour le Système solaire. Seule la Terre sur les 3 planètes précédemment citées convient) ;
* Fi : fraction de ces planètes où l'intelligence est apparue (1 pour le Système solaire) ;
* Fc : fraction de ces planètes où des possibilités de communication ont été développées (1) ;
* L : durée de vie des civilisations technologiques.
L'équation de Drake, base de la recherche extraterrestre
Cette équation est restée célèbre alors qu'elle ne constituait au départ qu'un ordre du jour. Drake lui-même a récemment déclaré qu'elle servait essentiellement à quantifier notre ignorance.
Il y a 50 ans, il était difficile de mettre un chiffre sur la plupart de ces facteurs. Les scientifiques utilisaient le « principe de médiocrité » pour exprimer le fait que ce qui s'est passé autour du Soleil a pu se passer ailleurs (Fp=1). D'autres rétorquaient que le Soleil était peut-être la seule étoile ayant un système planétaire (Fp=0). Aujourd'hui des missions comme Corot ou Kepler nous permettent de donner des estimations de la valeur de Fp.
Nous ne sommes pas en mesure de détecter un écosystème (et de calculer Ne) et devrons attendre la mission Darwin pour avoir des éléments de réponse.
En 1961, c'est-à-dire pendant la guerre froide, certains pensaient que l'on ne fêterait pas les 50 ans de SETI.
Toute civilisation technologique s'autodétruisait rapidement en découvrant l'énergie nucléaire après avoir développé des capacités de communication.
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Le paradoxe de Fermi
Le paradoxe de Fermi
Les avancées dans la recherche d'intelligence extraterrestre continuent au fil des décennies. Les théories de certains chercheurs ont engendré le célèbre paradoxe de Fermi.
Des questionnements nombreux sur la vie extraterrestre
Drake, Cocconi, Morisson n'ont pas été les seuls ni les premiers scientifiques à s'interroger sur l'existence de vie extraterrestre. En 1822, le mathématicien Gauss propose de dessiner un triangle rectangle visible depuis l'espace pour prouver notre connaissance du théorème de Pythagore à d'éventuels martiens. Le scientifique Camille Flammarion s'est quant à lui interrogé sur la pluralité des mondes.
Le physicien Enrico Fermi s'est écrié « Mais où sont-ils ? » en 1950 alors qu'il se rendait à la cantine avec ses collègues. Son raisonnement est simple. Imaginons qu'autour d'une étoile plus vieille que le Soleil, une civilisation ait eu envie de coloniser la galaxie. Elle voyage à 1 % de la vitesse de la lumière, ce qui n'est pas beaucoup, mais nous en sommes encore très loin.
En 500 ans, cette civilisation a parcouru 5 années-lumière, ce qui équivaut aux étoiles les plus proches. Elle s'installe sur une planète pendant 500 ans et repart. À ce rythme là, il faudrait 20 millions d'années pour coloniser toute la galaxie, cela représente une demi-journée dans le calendrier cosmique.
Paradoxe et calendrier cosmique. Si un extraterrestre est passé sur Terre entre le 24 et le 28 décembre du calendrier cosmique, il n'a rencontré que des dinosaures... © DR
Ces arguments ont d'abord été utilisés par les scientifiques pour insister sur le fait qu'il fallait écouter le ciel, que des civilisations technologiques existaient forcément autour des étoiles proches du soleil. Ils ont plus tard été utilisés par des astronomes expliquant que puisque nous n'avions rien capté, la vie n'était pas présente dans l'univers ailleurs que sur la Terre et par conséquent que nous étions seuls.
Le fameux paradoxe de Fermi
De là est né le paradoxe, aujourd'hui non résolu. On peut émettre de nombreuses hypothèses, allant de « Ils sont ici, j'ai croisé un E.T. Hier » à « Nous sommes seuls » en passant par le « zoo cosmique » (ils nous observent), ou « Ils sont venus puis repartis » mais aucune n'a été vérifiée !
Carl Sagan disait « À postulat extraordinaire, preuve extraordinaire ». Si un extraterrestre a visité la Terre entre le 24 et le 28 décembre du calendrier cosmique, il n'a rencontré que des dinosaures... Mais l'on ne peut prétendre que cela est arrivé qu'avec des preuves et des arguments solides.
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Évolution des techniques d'écoute
Évolution des techniques d'écoute
Notre technologie a énormément évolué en 50 ans. L'ordinateur individuel que l'on trouve dans les chaumières est plus puissant que celui qu'utilisait Drake. Nos communications radio se sont complexifiées et multipliées.
Pourtant, un ingénieur du début du siècle dernier transporté dans notre monde avec son récepteur ne capterait aucune onde radio, parce qu'il ne connait pas la modulation de fréquence (FM).
En 50 ans, il y a presque toujours eu quelque part dans le monde, une écoute de type SETI. On recense près de 90 projets.
Du matériel à la portée de tous
Du radiotélescope d'Arecibo à la petite antenne, le principe de réception est le même. La puissance va dépendre de la taille de l'antenne, du fait qu'elle puisse ou non viser différentes parties du ciel, mais surtout du récepteur.
En 1993, deux radioamateurs ont fondé une association à but non lucratif, la SETI League. Très vite une centaine de stations ont vu le jour à travers le monde dans cadre du projet Argus. Beaucoup sont aux États-Unis, où l'on trouvait de grandes antennes de réception satellite.
Cinq millions de participants pour SETI@HOME
En 1960, les auteurs de science-fiction imaginaient plus facilement des énormes ordinateurs que de multiples ordinateurs individuels reliés entre eux.
En 1999, les internautes ont été mis à contribution dans le cadre du projet SETI(arobase)HOME. Le projet, qui devait durer 2 ans, est toujours actif. Plus de cinq millions de participants à SETI@HOME répartis dans 226 pays différents génèrent près de 200 TeraFlops/s.
Le logiciel a connu d'importantes évolutions. Aujourd'hui, BOINC permet aux internautes de contribuer à de multiples recherches, par exemple à la lutte contre le paludisme.
BOINC est une retombée importante de la recherche d'intelligence extraterrestre. Même si on n'a trouvé aucun signal en 50 ans, SETI aura sans doute permis des avancées dans d'autres disciplines.
Nombre de canaux : de 1 à 2G
Si les amateurs peuvent ainsi contribuer à l'analyse des signaux, c'est grâce à la loi de Moore. Cet ingénieur avait prédit en 1975 que le nombre de transistor des circuits imprimés doublerait tout les deux ans.
Une caractéristique importante des projets SETI est le nombre de canaux qu'ils utilisent. Si l'on compare à un poste radio, Drake écoutait une seule station à la fois en 1960, en 2009, Serendip V permettait d'en écouter 2G (un 2 et 12 zéros derrière).
La loi de Moore s'applique donc plus ou moins à l'évolution du nombre de canaux utilisés par les astronomes dans le cadre de projets SETI.
Multiplication des antennes
Inauguré en 1963, le radiotélescope d'Arecibo a une antenne de 305 mètres de diamètre. Le radiotélescope décimétrique de Nançay a été inauguré en 1965 par Charles de Gaulle. Le réflecteur plan se compose de 10 panneaux indépendants de 20 mètres de large et 40 mètres de haut. Si la taille des antennes fut un enjeu important au début de la radioastronomie, ce n'est plus le cas aujourd'hui.
En 1971, une école d'été est organisée par la Nasa sur le thème de la recherche de vie extraterrestre. Elle est baptisée Projet Cyclops. Son objectif est de déterminer ce qui sera nécessaire en terme de matériel, de personnel, de temps est de budget pour essayer de détecter de la vie extraterrestre intelligente en dehors du Système solaire.
En 1972, Project Cyclops, a Design Study of a system for detecting Extreterrestrial Intelligent Life, un volumineux rapport technique décrivant un interféromètre est publié par la Nasa. Dix mille copies sont distribuées rapidement. Les vues d'artistes montrent un grand nombre d'antennes et ont effrayé les politiciens.
Cependant les conclusions stipulaient que l'on pouvait commencer avec un petit réseau et l'étendre au fur et à mesure.
En 1997, le SETI Institute a lancé une série d'ateliers pour définir les objectifs des 20 années à venir. Le rapport final, intitulé SETI 2020, recommande la construction d'un télescope d'un hectare (1HT : One Hectar Telescop).
En 2001, le projet a reçu un financement de la part de Paul Allen, l'un des fondateurs de Microsoft. Le 1HT s'est appelé ATA pour Allen Telescope Array. L'objectif est d'avoir 350 antennes de 6,1 mètre de diamètre chacune.
Actuellement, seules 42 antennes sont opérationnelles. Pour la première fois, un radiotélescope est entièrement consacré à SETI 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Nouvelles stratégies
On voit que les progrès techniques sont immenses pour ce qui concerne la réception d'ondes radio. Cependant, la recherche d'intelligence extraterrestre a exploré de nouvelles pistes depuis ses débuts. De nombreux acronymes sont apparus, comme OSETI pour Optical SETI, qui regroupe toutes les recherches en optique.
Nous fêtons cette année les 50 ans de la découverte du LASER. En 1961, le prix Nobel Charles Towned suggéra la recherche de signaux LASER d'origine extraterrestre dans un article coécrit avec le docteur Shalow.
L'un des pionniers est Stuart Kingsley, membre de la SETI League, qui a mis en place un observatoire à Colombus aux États-Unis, avant de déménager en Angleterre à Bournemouth.
La Planetary Society a financé le télescope SETI optique de l'observatoire d'Oak Ridge à Harvard. Celui-ci a été inauguré le 11 avril 2006. En janvier 2007, le télescope avait couvert la totalité du ciel visible en ayant bénéficié de 200 nuits claires.
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Et vous n'avez toujours rien reçu ?
Et vous n'avez toujours rien reçu ?
Même si 50 ans représente la moitié d'une vie humaine, à l'échelle cosmique, ce n'est pas grand chose. Même s'il y a presque toujours eu un radiotélescope à l'écoute quelque part dans le monde depuis le projet Ozma de Franck Drake, il n'y a pas longtemps que nous avons un télescope entièrement dédié à SETI, l'Allen Telescope Array (ATA).
La recherche SETI adopte une démarche scientifique et met en oeuvre des protocoles qui imposent des vérifications. On ne peut pas crier « Nous ne sommes pas seuls dans l'univers ! » sans apporter des preuves extraordinaires. Par exemple, certains projets ont sélectionné des signaux candidats, sur certains critères. Ce ne sont pas des preuves de l'existence de vie extraterrestre intelligente tant qu'ils ne se seront pas répétés, tant que l'on n'aura pas vérifié qu'aucune autre explication n'est possible.
Le 15 août 1977, un signal a été reçu par un radiotélescope nommé Big Ear dans l'Ohio. L'opérateur de service a écrit « Wow » juste à côté de la sortie papier. De nombreuses hypothèses sur son origine ont été émises, mais aucune n'est confirmée.
La seule certitude est que si nous ne cherchons pas, nous ne trouverons rien. Il faut persévérer. Peut-être que d'ici 2060...
Le signal Wow reçu en 1977
Source : Futura-Science
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Re: Un ciel désespérément vide – Faut il (déjà) tirer un bilan de SETI ?
Lun 14 Fév 2011, 15:50
Passionnant, merci pour ce dossier Nathanaël !
Cela peut paraître inquiétant de se dire que nous n'avons rien eu de significatif depuis la création du projet SETI mais quand on se réfère au calendrier cosmique l'espoir continue. Nous n'en sommes qu'aux débuts de la recherche d'intelligence extra-terrestre.
Certains d'entre vous participent au projet SETI@HOME ?
Si oui comment ça se passe ?
Cela peut paraître inquiétant de se dire que nous n'avons rien eu de significatif depuis la création du projet SETI mais quand on se réfère au calendrier cosmique l'espoir continue. Nous n'en sommes qu'aux débuts de la recherche d'intelligence extra-terrestre.
Certains d'entre vous participent au projet SETI@HOME ?
Si oui comment ça se passe ?
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Re: Un ciel désespérément vide – Faut il (déjà) tirer un bilan de SETI ?
Lun 14 Fév 2011, 16:05
Bonjour Lox,
Oui, quoi qu'on en dise le programme SETI est une expérience d'un grand intérêt, il faut le concevoir comme une première étape dans la quête d'une intelligence extraterrestre. Je sais que Clanki et Pierre B. participent au programme SETI@home.
Cordialement
Oui, quoi qu'on en dise le programme SETI est une expérience d'un grand intérêt, il faut le concevoir comme une première étape dans la quête d'une intelligence extraterrestre. Je sais que Clanki et Pierre B. participent au programme SETI@home.
Cordialement
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Re: Un ciel désespérément vide – Faut il (déjà) tirer un bilan de SETI ?
Lun 14 Fév 2011, 16:25
J'y participe aussi. Il n'y a rien à faire de spécial, tu installes boinc, tu choisis le projet Seti et c'est parti (en résumé).
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Re: Un ciel désespérément vide – Faut il (déjà) tirer un bilan de SETI ?
Lun 14 Fév 2011, 16:55
Ok merci Sébastien.
Je viens de regarder un peu le site dédié, apparemment ça fonctionne quand le PC est en veille. Tu peux le voir travailler en direct ? Tu peux voir le résultat sous forme de graphiques ou bien tu n'as rien côté utilisateur ?
Je viens de regarder un peu le site dédié, apparemment ça fonctionne quand le PC est en veille. Tu peux le voir travailler en direct ? Tu peux voir le résultat sous forme de graphiques ou bien tu n'as rien côté utilisateur ?
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Re: Un ciel désespérément vide – Faut il (déjà) tirer un bilan de SETI ?
Lun 14 Fév 2011, 17:17
Une fois que l'écran de veille seti arrive tu le vois travailler en live avec des graphiques et des courbes qui apparaissent.
- InvitéInvité
Re: Un ciel désespérément vide – Faut il (déjà) tirer un bilan de SETI ?
Mar 15 Fév 2011, 07:20
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Re: Un ciel désespérément vide – Faut il (déjà) tirer un bilan de SETI ?
Mar 15 Fév 2011, 11:11
On compte sur vous pour détecter un signal anormal alors.
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Re: Un ciel désespérément vide – Faut il (déjà) tirer un bilan de SETI ?
Mar 15 Fév 2011, 17:45
Plus on est nombreux à participer et plus on pourra traiter de données et plus on aura virtuellement de chance de trouver un signal anormal :)
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